Première
par Frédéric Foubert
Pour éviter la saisie de la propriété familiale, deux frangins décident de rembourser la banque en… la braquant. Un Texas Ranger buriné se met à leurs trousses. On crevait d’impatience de découvrir la nouvelle histoire imaginée par Taylor Sheridan, devenu le scénariste le plus recherché de Hollywood depuis le terrassant Sicario. Dommage que ce soit David Mackenzie (Perfect Sense, Les Poings contre les murs) qui ait été choisi pour la mettre en scène : le versatile mercenaire anglais n’a pas grand-chose à dire sur les paysages de l’Ouest américain, et Comancheria, du coup, ne trouve jamais la vibration mythologique qu’on est en droit d’attendre d’une variation néo-western sur le mythe des frères James. Pas très grave, cela dit : ça n’empêche pas le film de procurer un plaisir monstre. Et le style passe-partout de Mackenzie se marie finalement assez bien avec cette intrigue « mouchoir de poche », ce monde fait de patelins microscopiques, de braquages sans envergure, de modes de vie anachroniques et d’ambitions sans lendemain. Chris Pine, Ben Foster et Jeff Bridges ont clairement conscience d’avoir affaire ici à un matériau exceptionnel, et délivrent leurs dialogues d’anthologie (le film est hilarant) avec la joie gourmande de chercheurs d’or qui auraient mis la main sur un filon inespéré. Ode au Texas éternel doublée d’un appel à la révolte contre un capitalisme vicié, Comancheria n’est peut-être pas le chef-d’œuvre espéré, mais un grand petit film. Frédéric Foubert