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Pionnière du télévangélisme et icône gay aux États-Unis, Tammy Faye incarne avec son mari Jim Bakker le nouveau visage de la religion américaine, alliance parfaite de la modernité et de la foi, pendant près de quinze ans, entre 1974 et 1989. Et si un documentaire signé Fenton Bailey et Randy Barbato avait déjà tenté de la réhabiliter au début des années, ce film du réalisateur de The Big Sick devrait lui permettre de connaître une renommée mondiale. Dans un parfait équilibre entre drame et comédie, Michael Showalter propose en tout cas bien plus qu’un simple biopic avec le pari de célébrer une icône encore largement méconnue et surtout de redonner sa voix à une femme longtemps bâillonnée.
Jouant à réinventer le personnage en s’appuyant sur une poignée d’images d’archives utilisées et en veillant à ne jamais la caricaturer comme tant de médias ont pu s’y employer, Michael Showalter réhabilite la figure de Tammy Faye en l’universalisant. Et pour cela, il fait le choix de parler peu de ce que le grand public américain connaît, pour s’intéresser à sa jeunesse. Et en deux heures, il dresse un portrait attachant de cette Betty Boop chrétienne et de son humanité, jouant de couleurs pop au centre d’un monde dominé par les hommes, en faisant d’elle une femme seule contre tous mais qui ne se laisse jamais abattre.
Tout à sa fascination pour son héroïne, Michael Showalter peine à intégrer avec fluidité à son récit des éléments pourtant aussi importants que les scandales financiers liés au couple ou encore les actions de Tammy Faye en faveur des LGBT et des malades du SIDA. Et ce sans pour autant gâcher le plaisir procuré par l’interprétation des comédiens, en tête desquels, dans le rôle de cette OVNI chrétienne, Jessica Chastain qui, complètement méconnaissable, cachée sous des couches de maquillage, livre une prestation de tout premier ordre. Oublié le récent et sans saveur 355, l’actrice – par ailleurs productrice du film – donne corps et vie à une Tammy Faye en quête d’amour après avoir longtemps manqué de celui de sa mère. Non plus une simple évangéliste cherchant du réconfort dans la foi mais une femme longtemps bridée qui souhaitait trouver sa voie, l’utiliser pour faire le bien et transmettre l’amour dont elle a manqué à tous ceux qui l’écoutent.