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Becker entretient le doute et le suspense une heure et vingt cinq minutes durant, imprimant un rythme soutenu à un scénario pourtant assez prévisible, le champ des possibilités se réduisant rapidement. C'est surtout visuellement que Deux jours à tuer se démarque des précédentes œuvres du réalisateur. Filmé à l'épaule, très découpé, ce portrait brut de décoffrage inscrit enfin le cinéma de Becker dans une modernité à laquelle il semblait jusqu'à présent se dérober. Débarrassé d'explications psychologiques plombantes, le film ne convainc pourtant qu'à moitié.
Toutes les critiques de Deux jours à tuer
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
Dépression? Coup de folie? Crise de la quarantaine? Surmenage? Vous ne le saurez qu'à la toute fin de ce film dérangeant et dérangé qui débute comme une amusante comédie de mœurs. Nous sommes soudain plongés dans le registre réaliste et cruel de Festen. Le dogme en moins, la folie de Dupontel en plus. Car, il est temps de le dire, l'acteur nous livre ici une de ses meilleures compositions.
- Ellepar Anne Diatkine
Avec Deux jours à tuer, Jean Becker tente un pari difficile car le spectateur n'est jamais en empathie avec le personnage qui occupe l'écran. Dommage que l'âpreté du thème soit servi par une mise en scène et des dialogues un peu plats.
- Le JDDpar Barbara Théate
Jean Becker rompt avec le ton bucolique de ses dernières comédies naturalistes et revient à un genre plus noir. Si Dupontel navigue avec subtilité entre rage et désespoir, le pétage de plombs sonne faux et n'évite pas les clichés. Le seul moment d'émotion vient des retrouvailles avec Pierre Vaneck.
- Fluctuat
Attention, film piège. On vous aura prévenus, Deux jours à tuer n'est pas celui qu'on croit, en revanche Jean Becker oui, il n'a pas changé et s'il veut faire illusion, c'est pour mieux revenir à ses bases.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaDans son dossier de presse, Deux jours à tuer demande gentiment de garder le secret sur son dénouement. Sauf que si on s'appliquait à respecter l'esprit de sa première partie, on lui lancerait un grand bras d'honneur. Comme on est sympa, on ne dévoilera pas le pot aux roses, mais les plus futés l'auront imaginé d'eux-mêmes. Pourquoi ? Parce qu'on ne change pas notre Jean Becker. Trop gentil, trop inoffensif, il ne peut pas assumer jusqu'au bout ses convictions, elles ne sont que des illusions voulues par le récit, un banal macguffin. On s'explique : Deux jours à tuer commence par un pamphlet anti-bourgeois d'une violence inouïe. albert dupontel, publicitaire, en a marre, il plaque tout, sa boîte, sa femme, ses gosses et ses amis à qui il dit leurs quatre vérités lors d'un dîner qui en finit aux mains. Là, Becker charge la charrette sans ménagement : Dupontel fustige l'hypocrisie morale des bobos, dénonce le matérialisme comme un lycéen anar chaussé avec des rangers, se révèle d'une cruauté invraisemblable avec ses gosses dont il critique cyniquement les jolis dessins faits avec amour, sans parler de son épouse qu'il laisse effondrée devant un mari méconnaissable. Tout ça avant de se casser, avec perte et fracas, pour l'Irlande où il retrouve son père.Une fois dans la verdure et entre deux séances de pêche ponctuées d'un casse-croûte (la Becker touch, pas forcément déplaisante, bucolique), on comprend que papa aussi s'était cassé. Mais alors, tout cela ne serait donc que le fils reproduisant le schéma du père ? Non, pas du tout, c'est autre chose, le truc qu'on ne peut pas raconter. Pourtant le bidule, le twist, c'est justement ça qui gène. Pas pour ce qu'il est en soi, mais pour la manière dont il s'articule avec la première partie. Becker suicide pratiquement tout le début du film, hyper corrosif et méchant, entre la satire au vitriol de la France sarkozienne et la pulsion anarchiste anti-capitaliste, pour s'excuser et dire que ça n'a rien à voir. Selon la logique du scénario, Dupontel n'a de reproche à faire à personne en particulier ni au monde en général. Il n'est pas méchant, au contraire il est trop gentil, il a un coeur grand comme ça. On est alors bien embêté devant un film qui ose se contredire et donc ne rien assumer de sa critique pour la beauté du geste. Entre l'acte héroïque et la sensiblerie Becker s'est embrouillé, son film est bicéphale et inconciliable. Deux jour à tuer
De Jean Becker
Avec Albert Dupontel, Marie-Josée Croze, Pierre Vaneck
Sortie en salles le 30 avril 2008
Illus. © Studio Canal
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