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Exprimant pour la première fois le point de vue des exploiteurs et non celui des exploités, Ken Loach et Paul Laverty, son scénariste depuis Carla's song, ne jugent pas, ils montrent. La force du film et du personnage central a une conséquence immédiate: nous aussi on y croit ! Oscillant entre amour et désamour, compréhension et incompréhension, le spectateur est constamment avec Angie pui, la minute d'après, contre elle. La situation, la société, les dettes, son désir de récupérer son fils..., tout est prétexte à admettre l'inadmissible.
Toutes les critiques de It's a Free World
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Avec It's a free world, Ken Loach, cinéaste du social, revient à son genre de prédilection. Et c’est une excellente idée. Angie est prête à tout pour sortir de la spirale des emplois précaires très en vogue en Angleterre, jusqu'à tomber dans un autre cercle tout aussi vicieux. Celui de l’exploitation d’immigrés clandestins. La force du film, c’est l’empathie que le spectateur a pour le personnage principal. On sort de la salle sans savoir si on la comprend ou si on la déteste. L'intelligence de Loach, c’est de laisser ses personnages vivre d’eux-mêmes, sans rien y ajouter. Compte-rendu d'une société britannique malade et perdu entre conservatisme et libéralisme, It’s a free World rappelle que la liberté a toujours un prix et que ce dernier peut, pour beaucoup d'entre nous, être très élevé.
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Il y a quelque chose d'implacable, et de désespérant, dans ce constat d'une exploitation des pauvres par les pauvres, chacun oeuvrant pour sa survie, oeil pour oeil, chacun ayant ses raisons. L'une de celles d'Angie est son statut de mère célibataire, acharnée à prouver à la société (famille, administration) qu'elle a des revenus stables et une identité sociale crédible pour pouvoir élever un fils dont on lui refuse la garde. Du côté des prolétaires, Ken Loach ne juge pas Angie, il juge le système qui réveille son égoïsme, lui donne des alibis pour commettre l'inadmissible.
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Toujours avec humanité, Ken Loach, cinéaste engagé, lève le voile sur le scandale de l'exploitation des travailleurs immigrés, payés une misère dans un système économique qui ne peut plus se passer de cette main d'oeuvre bon marché. Un état des lieux édifiant, doublé d'un extraordinaire portrait de femme, que l'envie de réussir à tout prix va pousser à commettre le pire. Impossible de ne pas s'identifier, tant les situations sont justes. Tristement indispensable.
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En préférant le point de vue de l'exploitant plutôt que celui de la victime, Ken Loach nous montre une nouvelle fois combien la société est pourrie. Si on ne trouve pas la même force que ses films précédents, Bread and roses, Just a kiss, il n'en demeure pas moins que le chanp social est un territoire qu'il maîtrise à merveille.
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Ce n'est sans doute pas le plus grand film de Ken Loach. La faute, essentiellement, au fidèle scénariste Paul Laverty, dont le péché mignon a toujours été de surdramatiser inutilement certains épisodes de ses scénarios - ici, l'enlèvement du fils d'Angie, par exemple. Mais on sent, plus que d'habitude encore, la lucidité du cinéaste face à ce que menace de devenir son pays. Et nos sociétés, en général.
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Loach n'est pas manichéen, et il sait nous montrer que, dans notre société plongée dans une guerre mondiale économique, à force de se faire mordre par le système, on finit tous par avoir les dents longues... Un film brillant sur un monde de plus en plus terne et terrible.
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Le Monsieur Colère du cinéma anglais est de retour, jamais meilleur que dans le film social, quand il dénonce les maux de la société libérale, ici le libéralisme et son nouvel avatar, l’esclavage moderne, à travers le miracle économique anglais. D’abord victime, Angie s’accomode peu à peu du pire, sans états d’âme. Ironie grinçante qui voit les plus pauvres d’une société exploiter sans vergogne plus pauvres qu’eux. Là où d’autres personnages (les chômeurs de « Raining stones » et de de « My name is Joe », les immigrés de « Bread and roses » ) relevaient la tête avec dignité, ici plus question de dignité, ni de solidarité ou de droit du travail : l’enrichissement justifie tous les moyens. Un vaste sujet qui voit le propos de Loach se radicaliser, à l’image d’un monde de plus en plus sauvage, et ne laisser aucun espoir.
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Après Le Vent se lève (Palme d'or 2006), Ken Loach pointe en ^ègle les effets de la violence économique, avec sa vision du monde toujours aussi lucide et engagée. Mais c'est l'inconnue Kierston Wareing qui, dans son rôle de battante déterminée à prendre sa part du gâteau, retient toute l'attention.