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Dans le cinéma de Shyamalan, le suspense se nourrit le plus souvent d’une croyance en des forces mystérieuses qui obligent des protagonistes à vivre retrancher aussi bien physiquement (cliché du genre) que psychologiquement (une mystique est toujours à l’œuvre). Le Village en 2003 était en ceci exemplaire. Au-delà des frontières visibles, c’est la grande inconnue, un gouffre aux fantasmes. Dans les premiers temps de ce Knock at the Cabin, une petite fille toute droite sortie d’un conte pour enfants, chasse au milieu des bois des sauterelles qu’elle enferme perfidement dans un bocal préfigurant, on s’en doute, son propre sort. Bientôt débarquent dans son champ de vision un molosse tatoué (superbe Dave Bautista) et trois de ses sbires, qui veulent parler à ses parents, un couple homoparental. Que veut au juste ce quatuor armé d’outils moyenâgeux qui se prétend en mission pour empêcher l’Apocalypse ? Et les chaînes infos qui semblent valider leurs thèses catastrophistes sont-elles fiables ? A l’aide d’une mise en scène aussi précise qu’inventive, Shy fait de cette série B en quasi huis clos, un sommet de tension électrique. Il s’amuse constamment à bouleverser les repères d’un récit qu’il déjoue pour mieux signifier la fragilité de nos certitudes. Car à l’instar du récent Nope de Jordan Peele, l’étrange ne vient pas tant du fantastique en lui-même que de la manière dont chacun l’appréhende pour en faire un cas de conscience. Les avions peuvent bien tomber comme des mouches, les tsunamis détruire le littoral, il y aura toujours quelqu’un pour dire qu’il savait. Et notre monde perdu pourrait de nouveau avoir besoin de prophètes. En attendant, dans le chalet au milieu des bois, c’est la panique. Flippant.