-
Kechiche aime les mots et ses héros mettent souvent autant d’énergie à parler qu’à manger. Pourtant, dans La Vie d’Adèle, les mots ne sont plus que le bruit de fond d’une oeuvre physique, quasi sauvage, traversée par des émotions d’autant plus puissantes qu’elles sont souvent silencieuses. D’une histoire d’amour brûlante (et peu importe qu’elle soit homo ou hétéro) vécue avec l’intensité folle des premières fois. Une histoire d’amour surtout charnelle, mais pas seulement parce que les deux héroïnes baisent plus qu’elles ne parlent. Le choc est ailleurs. En collant l’objectif de sa caméra aux corps de ses actrices, le réalisateur de La Graine et le Mulet et de Vénus noire capte tout : la brûlure du désir ou du manque, le premier trouble, le moindre émoi... Tout ce qui secoue une passion
jusque dans ses plus infimes soubresauts. La rencontre entre Adèle et Emma donne littéralement le vertige, leur première rupture tord les tripes, le manque est suffocant. Ce réalisme constamment bouleversant, Kechiche l’atteint grâce à une économie de mots déconcertante, à la sincérité de ses actrices (stupéfi antes) et à une intelligence inouïe de la mise en scène. Dans une séquence de retrouvailles paroxystique, l’image se resserre sur Adèle et Emma, et plus rien d’autre n’existe. Quand Emma s’en va, un simple plan large replace la vie autour d’Adèle, qui vient d’éprouver – et le spectateur avec elle – la force exclusive du sentiment amoureux, celle qui peut abolir le temps et le reste du monde. Le choc est là : au terme de ses trois heures qui montrent en gros plan l’amour et la naissance d’une femme, grandie par l’épreuve. La Vie d’Adèle, on l’a aussi vécue.
Toutes les critiques de La vie d'Adèle : chapitres 1 & 2
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Outre une folle embardée passionnelle, la Vie d’Adèle est un précis d’art, une étude sur la chair et les visages, une histoire d’éternité du modèle.
-
La caméra au plus près de ses personnages, Kechiche signe une mise en scène d’une limpidité virtuose. Les émotions palpitent, à leur comble, face à la poignante Adèle Exarchopoulos, qui vole la vedette à Léa Seydoux ! Mais pourquoi trois scènes de sexe si démonstratives, dérangeantes jusqu’au trivial, qui cassent la grâce ? Un bémol qui n’empêche pas ce drame, sombre et lumineux, d’être un film magnifique, témoin de son temps, puissamment universel.
-
Kechiche en cinéaste naturaliste cherche à sublimer le quotidien et filme au plus près la peau, la chair, la bouche de ses actrices. Il réussit trois scènes érotique impressionnantes, qui arrachent des cris ou des rires gênés à la salle, et qui évoquent pourtant, Courbet, Klimt ou Rodin.
-
Avec une franchise et une justesse qui font oublier quelques longueurs, ou l'absence de véritable climax. La vraie vie n'est-elle pas faite d'imperfections ? Et n'en déplaise aux anti-mariage gay, face aux ravages de la passion amoureuse, nous sommes tous des Adèles.
-
Le cinéma a souvent fait la part belle à l’homo- sexualité masculine, ici, l’homosexualité féminine est dévoilée. L’aspect charnel est omniprésent et peut choquer par sa crudité. Oui, les corps ne font plus qu’un, oui, Abdellatif Kechiche les filme dans un cadre ultra-serré. L’intime, protégé et sacré, est montré. La passion, dévorante et dévastatrice, n’en est que plus réaliste. Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sont exceptionnelles de générosité. Grâce et avec elles, Abdellatif Kechiche signe un grand et rare film d’amour.
-
une histoire simple, celle dune rencontre amoureuse. Que cette passion soit homosexuelle n'importe guère : l'exploration des sentiments est universelle. Pour Kechiche, qui ne signe pas un manifeste, seule la radiographie de cet amour, au plus près des êtres (et donc des corps), compte. Héritier de Pialat, le cinéaste restitue avec une touchante justesse la vie qui palpite. Et pas seulement dans les scènes de sexe : sa manière de filmer les repas est formidable. Mais son atout maître sappelle Adèle Exarchopoulos, une immense actrice de 19 ans. Elle irradie et magnifie chaque image. Comme Sandrine Bonnaire dans À nos amours, une étoile naît sous nos yeux : c'est si rare.
-
Chef d’oeuvre lesbien et marxiste, La vie d’Adèle ? Avant tout une grande et belle et triste histoire d’amour. D’un premier amour, condensé en trois heures bien plus excitantes que les œuvres complètes de Pierre Bourdieu.
-
Du passage à l’âge adulte aux différences de classe, ce grand film libre, juste et envoûtant capte l’essence et la naissance du sentiment, la difficulté de savoir qui on est, qui on aime.
-
Déjà magnifique récit d’apprentissage, 'La Vie d’Adèle' s’avère in fine l’un des plus beaux films d’amour que l’on ait vus depuis longtemps, dans laquelle chacun peut se reconnaitre. Beaucoup d’options s’offrent désormais aux jurés : il serait étonnant qu’ils soient insensibles à la beauté de ce film magistral.
-
Le réalisateur procède, comme Pialat, à une forme tendue de cinéma-vérité. On oublie l’inclination homosexuelle des personnages pour ne voir que ce tableau flamboyant de l’amour, dans sa dimension universelle. Avec l’éternel schéma de la damnation : A aime B qui aime C…
-
(...) un grand film d'amour et d'apprentissage. Un très grand film.
-
Un chef d’oeuvre bouleversant sur l’éveil de la sexualité, les peines de cœur et la découverte intérieure.
-
Si vous ne vous retrouvez pas dans ce portrait d’intense émotion, c’est que vous êtes à envier mais également à plaindre
-
Le réalisateur retranscrit la puissance du sentiment amoureux, puis son délitement au fil d’une chronique lumineuse, intense et douloureuse.
-
Un récit épique très intime, toute l’émotion se dégage à travers le visage expressif d’Adèle.
-
Une invitation de cinéma totale entre plaisir charnel intense et déclaration d’amour frontale au medium. On en ressort aussi déchiré, lessivé et meurtri à vie que l’héroïne du film interprétée par la jeune et déjà au Panthéon des actrices, Adèle Exarchopoulos.
-
Un morceau de vie taillé dans le vif. Un film dont la logique de performance peut agacer, mais dont, à l’arrivée, la puissance est assez incontestable.
-
Ne voyons pas uniquement le film comme l’œuvre politique dont beaucoup se réjouissent, même s’il paraît évident que son engagement est une réalité. La vie d’Adèle reste d’abord une histoire d’amour, terrible mais sublime, qui vous attrape le cœur, l’embrasse puis l’écrase. Difficile de ressortir indemne de ses magnifiques images, de la vie qui en découle, de ses sentiments qui nous perforent à jamais
-
Abdellatif Kechiche s’empare des codes du roman d’apprentissage et décoche un coup de cinéma époustouflant.
-
Ce qui sidère dans "la Vie d’Adèle", c’est la hauteur de vue de Kechiche, alors même qu’il colle au plus près de ses actrices. Tout en étant des archétypes, Adèle et Emma existent si fort que le film semble fait de moments volés. De sa caméra-scalpel, le cinéaste traque en gros plan la vérité des émotions, poussant ses comédiennes dans leurs retranchements. Entre ses mains, l’amour, cette grande aventure, devient thriller, et l’on se prend à espérer que ce film en état de grâce permanent ne soit que le début d’une grande saga à la Doinel.
-
« la Vie d’Adèle » ne saurait se résumer à l’éclat-gyrophare de trois scènes torrides qui représentent en tout et pour tout une poignée de minutes. C’est d’abord et surtout un film sur l’amour et ses maldonnes vécues comme une irréparable déchirure. Il s’agit ici de fréquenter l’absolu, de le déranger dans sa tanière. Portée par un irréprochable duo d’actrices, cette œuvre a de fortes chances d’attirer des foules de jeunes gens qui se reconnaîtront dans cette quête.
-
Adèle Exarchopoulos n'est pas sans évoquer, même physiquement, la jeune Sandrine Bonnaire dans "A nos amours" de Maurice Pialat, cinéaste dont Abdellatif Kechiche s'impose comme le fils spirituel. C'est simple : elle passe par tellement d'états qu'elle semble avoir mué pendant tout le film, passant d'une manifestation à une autre, d'un groupe à un autre, d'une histoire à une autre. Elle semble prendre dix ans en trois heures. A ses côtés, Lea Seydoux (toute en robustesse et en sensibilité, en charme magnétique et en cheveux bleus) n'en demeure pas moins grandie, sidérante à chaque scène.
-
On pourra reprocher sa longueur, une certaine lenteur, mais quelle poésie au final et quelle communion entre les deux actrices! Au-delà de toutes les polémiques, difficile de ne pas comprendre l’emballement du jury cannois et des palmes accordées au film et aux actrices.
-
Abdellatif Kechiche au cœur de la polémique livre un combat acharné contre ses actrices qu’il semble pourtant aimer si fort à travers l’objectif de la caméra. Si la réalité est bien plus terne - accusé d’harcèlement psychologique par Léa Seydoux ou encore d’exploitation, de méthodes méprisantes par les équipes techniques - la fiction elle est éclatante et réhabilite le cinéaste comme véritable génie de la direction d’acteur en même temps que de la capture de l’essence de la vie. Un petit miracle comme on en voit peu dans le cinéma français. Saisissant !
-
Abdellatif Kechiche filme comme personne la jeunesse d’aujourd’hui durant trois heures – et on ne peut que saluer le sublime travail de l’équipe montage, ils sont quatre –, faisant de ces deux chapitres
cinématographiques une oeuvre politique. Les corps disent la passion, il faut bien qu’ils exultent dans ce nouveau pays qu’est l’homosexualité féminine pour Adèle. Mais ce qui intéresse avant tout le réalisateur, ce sont les rapports humains, compliqués, tendus, conflictuels, et le travail du temps, celui qui passe et efface peu à peu les pas des amantes désunies. -
La Vie d'Adèle, une histoire d'amour entre deux femmes dans ce qu'elle a de plus banal, de plus beau et de plus bestial.
-
Les trois heures passent en un éclair grâce aux deux interprètes, magnifiques, et surtout, à Adèle Exarchopoulos, la révélation, un talent brut, une présence animale dun naturel incroyable. Dommage que les scènes de sexe, outrées et hystériques, fassent l'impasse du réalisme à seule fin de provoquer.
-
La vie d'Adèle transporte jusqu'au vertige, à l'image de celui qui transpire d'Adèle Exarchopoulos et de Léa Seydoux lors de scènes d'amour enivrantes. Cette attraction à laquelle les corps ne peuvent que céder, Kechiche en fait des monuments bouleversants de beauté.
-
Film-limite, qui ne cesse de glisser sur la lisière qui sépare l’obscène du merveilleux parce que le regard de Kechiche se tient lui-même sur une frontière dangereuse : ce film qui mange des yeux son personnage fait sourdre le caractère vorace du regard de son auteur, mais c’est justement courir ce risque de la prédation qui rend possible l’émotion d’une apparition.
-
Animée, allumée, Adèle est énergique sans mouvement, (...). C'est le courage du film, sa radicalité obtuse (...) Cadrer serré et ne plus reculer. C'est là que ça brûle.
-
Si le film dégage une générosité indéniable et une acuité souvent éclatante, ce regard vorace ne semble pas franchement des plus innocents.
-
Ce coup de foudre s’est transformé en coup de cœur pour le jury cannois, touché par le trouble d’Adèle, envoûté par les scènes sensuelles, captivé par le talent indéniable d’Abdellatif Kechiche pour capter le réel, et subjugué par la fraîcheur et la passion de ce film qui surpasse de loin les polémiques qu’il a suscitées.
-
Pourquoi alors ai-je résisté au pouvoir de séduction immense que « La Vie d’Adèle » a eu sur la presse et sur le jury de Cannes ? Diffi cile de l’expliquer en sortant de la salle, devant le grand sentiment de solitude et de lassitude qui m’envahit alors. Je n’ai pas supporté la longueur de ce film, ces trois heures, parce que je n’en ai pas compris la nécessité. Quand le film s’arrête, il pourrait continuer
encore... Parce que, au-delà de la scène de la rencontre et du coup de foudre, qui est magnétique, je me sentais voyeuse, comme si j’entendais les injonctions du réalisateur qui disait aux actrices de se mettre la fessée pour mieux jouir. Oh le bruit de la claque à répétition ! Et la suite des événements avec les révélations des actrices sur le tournage me fi t presque passer pour un devin. Pourtant, même si je n’ai pas à cru à cette histoire d’amour, j’ai été fascinée par les deux jeunes actrices qui se sont données corps sans âme, je l’espère. Même si je crois avoir vu la caméra de Kechiche filmer le vrai sommeil d’Adèle Exarchopoulos, peut-être entre deux prises. Et toucher aux rêves d’une jeune femme, n’est-ce pas voler son intimité ? -
C'est un bel objet de scandale, monté de toutes pièces. Remplacez les amantes par un homme et une femme, il ne reste rien. On s'en veut de rabâcher cette évidence, mais l'art consiste à choisir. Un vernissage, une manifestation, une soirée dans un bar gay, une école maternelle, une fête dans un jardin: Kechiche, à qui on a trop dit qu'il était un génie, garde tout, comme le client d'un buffet à volonté qui remplit son assiette à ras bord. Il ne serait pas non plus inutile qu'il se procure une paire de ciseaux. Quant à Léa Seydoux, elle mérite une bonne fessée.