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Depuis sa première projection à Angoulême d’où il est reparti, couronné du Prix du jury et de la meilleure actrice, La Vraie famille croule sous les récompenses au fil des festivals où il a été invité. Et ce n’est que justice. On avait découvert son réalisateur Fabien Gorgeart en 2017 avec Diane a les épaules où Clotilde Hesme campait une jeune femme qui portait l’enfant d’un couple d’amis. La famille constitue son thème de prédilection. Mais il hisse le niveau avec son deuxième long où il met cette fois- ci en scène une famille d’accueil qui, après six ans passés parmi eux, va voir le petit garçon qu’ils avaient accueilli à 18 mois repartir vivre avec son père biologique. Avec le déchirement inévitable que cela implique. Gorgeart évite ici tous les pièges posés sur sa route. Celui d’un film qui se limiterait à son seul sujet où le sociétal primerait sur le cinéma au point de l’étouffer. Celui d’un sujet si personnel (sa famille était aussi une famille d’accueil) qu’il aurait eu du mal à tendre vers un propos plus universel. Celui d’un récit manichéen divisant son personnage en bons et méchants. La Vraie famille est précisément l’inverse : un petit bijou d’écriture tant dans la manière dont avance son intrigue que dans la psychologie de ses personnages. Humains, terriblement humains, avec tout cela implique de générosité et d’égoïsme mêlés. Gorgeart n’explique rien et on comprend tout. Il ne justifie aucune position qu’on peut trouver violente car il laisse les personnages aller au bout de leur logique. Et son casting épouse avec superbe cet art de la subtilité.