Première
par Frédéric Foubert
LaRoy, c’est comme Fargo : une petite ville dont vous n’aviez pas forcément entendu parler avant que son nom ne devienne un titre de film. Et LaRoy (le premier long du débutant Shane Atkinson), c’est aussi un peu comme Fargo (le chef-d’œuvre des frères Coen) : l’histoire d’un type lambda, trouvant sa vie minable (sa femme le trompe avec son frère, un con prétentieux avec qui il gère un magasin de bricolage) et que le désespoir et de très mauvaises décisions vont entraîner dans un engrenage meurtrier… Des films inspirés de l’univers néo-noir et absurdo-minimaliste des frères Coen, on en voit surgir à intervalles réguliers depuis les marges du cinéma US, mais celui-ci est dans le haut du panier. Dès la première scène, qui fonctionne presque comme un sketch macabre à la Alfred Hitchcock présente, on sent qu’Atkinson a des idées, un vrai sens du cadre, du timing et de l’humour. Le reste est une affaire de mécanique scénaristique bien huilée, qui s’amuse à engluer les personnages dans des emmerdes de plus en plus poisseuses et sanguinolentes. John Magaro fait très bien le William H. Macy de poche, Steve Zahn s’éclate en détective à Stetson et bolo tie trop heureux d’être tombé sur l’enquête de sa vie, et Dylan Baker (le pédophile de Happiness) se venge de tous les rôles de sale type qu’il aurait pu jouer chez les Coen si Steve Buscemi ne lui avait pas grillé la politesse. Manque à Shane Atkinson la hauteur de vue métaphysique de Joel et Ethan, mais rien ne presse : ça viendra avec le temps.