Première
par Sylvestre Picard
Luca, un jeune garçon triton vivant dans les flots de la Mer Ligure, rêve de la surface : en se liant d'amitié avec Alberto, un autre triton, ils vont découvrir qu'en sortant de l'eau, ils prennent une apparence humaine et peuvent vivre leur rêve de liberté -surtout trouver le moyen d'acquérir une Vespa, en fait. Giulia, une jeune fille aventureuse, va les faire participer à une course dont le premier prix leur permettra peut-être d'acquérir le précieux engin. Mais comment faire sans révéler leur nature de poisson ? Voilà donc le nouveau Pixar, qui se situe d'emblée dans la catégorie « normale », et non pas celle des « high concept » comme Soul et Vice Versa qui s'attaquent à des concepts rarement animés (ou même filmés). Luca est une agréable aventure juvénile, qui se déroule dans un petit village italien fantasmé des Cinque Terre, très terre-à-terre, accumulant les clichés via une animation qui a le bon goût de rester simple, vivante et charnelle. Très premier degré, donc ? Justement, le moteur du script -les monstres marins gardent leur apparence humaine tant qu'on ne les mouille pas- et la relation quasi amoureuse entre Luca et Alberto permettent d'envisager le film sous l'angle du coming out movie : les parents de Luca, ayant peur que leur enfant soit trop attiré par l'extérieur, n'envisagent-ils pas une sorte de thérapie de conversion dans les abysses ? Ce serait presque super, mais le film reste tellement dans la métaphore de la différence qu'on peut en fait y plaquer n'importe quoi. Si Pixar veut un jour faire un film sur le coming out, qu'ils le fassent : ça, ça serait du high concept.