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Retour en Normandie, où Philibert s'implique corps et âme, fonctionne à l'écho, tant l'intimité des intervenants s'est vue inconsciemment tatouée par le tournage du film d'Allio. Entre les images du film initial et la saignée d'un porc mais aussi d'autres travaux des champs, retentit enfin le crédo d'Allio, que les difficultés économiques entravaient.
Toutes les critiques de Retour en Normandie
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le Mondepar Isabelle Regnier
Donnant continuellement l'impression de s'égarer dans des chemins de traverse, l'auteur construit une oeuvre émouvante et poétique, certes kaléidoscopique, mais limpide. Des fils ténus courent d'un bloc à l'autre. Ils se nomment utopie, engagement, art, marginalité, humanisme, éthique, se ramassent dans le film d'Allio, pour irriguer ensuite celui de Philibert. En revendiquant cet héritage, mais aussi celui de son père, qui occupe la dernière image de Retour en Normandie, Nicolas Philbert esquisse une réponse à la question "Qu'est-ce que le cinéma ?". Ce pourrait être une histoire de filiation, de créateurs solitaires et de création collective, de la captation d'un souffle de vie. Une folie douce.
- Fluctuat
De retour sur les terres de ses débuts, Nicolas Philibert réalise un documentaire personnel et pourtant tourné vers les autres. Sa qualité d'écoute révèle peu à peu les fils invisibles qui unissent cinéma et réalité, passé et présent. Une lente dérive, attentive à la poésie de l'existence.
- Lire l'entretien avec Nicolas Philibert- Exprimez-vous sur le forum cinémaPremier assistant à la mise en scène sur le film de René Allio Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère (1975), le jeune Nicolas Philibert (24 ans) avait, pour l'occasion, recruté des paysans. Avec des acteurs professionnels, ils jouèrent le drame survenu 140 ans plus tôt dans leur région et côtoyèrent aussi Michel Foucault (1), intéressé par la dimension psychiatrique de l'histoire. Retour en Normandie redonne la parole à ces acteurs improbables.Ils évoquent d'abord l'empreinte durable laissée par le surgissement du cinéma dans leur vie. Avec un brin d'inquiétude et beaucoup d'enthousiasme, ils ont adhéré à cette expérience, sans pour autant la surestimer. Mais ce n'est pas vraiment le propos, plutôt le point de départ. De ce souvenir fort et partagé surgissent en effet de nombreux thèmes comme le cinéma, le monde du travail (laboratoire Eclair), la folie ou l'évolution de la psychanalyse.Passant des témoignages d'aujourd'hui à la fiction d'Allio, Philibert reproduit le troublant mélange des genres de l'original (passé/présent ; réalité/fiction ; individus/personnages). Des extraits de celui-ci servent de colonne vertébrale à une narration étonnante aux arborescences multiples. Déstabilisant par son absence de sujet précis, ce documentaire laisse apparaître sa richesse, doucement. Au rythme de la campagne. Sa fausse indolence lui permet pourtant d'aller plus loin et notamment de laisser émerger les liens subtils, indéfinissables, qui unissent les individus à leur histoire, le passé au présent. Au détour du récit, Philibert les dévoile, sans les souligner. A nous de les saisir. Chacun son travail en quelque sorte.Il y a pourtant de quoi se perdre dans ce dédale de personnages et de récits, mais l'auteur connaît son cap. En suivant le courant, il dérive au gré des mots de ses interlocuteurs, mais peut bifurquer brusquement en créant, par le montage, des passerelles étonnantes ou logiques. Celles-ci relient les niveaux de lecture que remonte sa caméra discrète comme les strates d'un terrain. Géologue de l'histoire des hommes, sans chercher la précision d'un généalogiste, il suggère des chemins de filiation légèrement voilés de mystère. A partir d'une réalité simple, il ouvre ainsi une fenêtre poétique qui éveille notre réflexion, sans forcer l'interprétation. Il nous rappelle surtout que le temps et l'attention sont deux précieux alliés de l'intelligence.Mais, au fait, c'était quoi le sujet ? Retour en Normandie
De Nicolas Philibert
Avec Claude Hébert, Joseph Leportier, Gilbert Peschet
Sortie en salles le 3 octobre 2007(1) lire sur le sujet « Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère... Un cas de paricide au XIXème siècle » (1973), ouvrage collectif auquel participa Michel Foucault.Illus. © Les Films du Losange
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- Lire le fil documentaire sur le blog cinémaTéléramapar Pierre MuratRetour en Normandie est un film qui ne fait que tisser des fils. Entre des événements vieux de cent quarante ans, ou de trente à peine, et aujourd'hui. Philibert y suit plusieurs pistes, mène plusieurs enquêtes : qu'est devenu Claude Hébert, l'interprète du rôle de Pierre Rivière ? Y a-t-il vraiment quelque chose de changé dans le sort des paysans ? Et dans celui des artistes comme René Allio, toujours condamnés à combattre les lois du marché pour imposer, tant bien que mal, une oeuvre plus personnelle ? De ce film-mosaïque, fait d'enchevêtrements et de dissonances, émerge, en définitive, la prescience d'une solidarité secrète : la force de Nicole, indécrottable militante politique, est d'être restée fidèle à elle-même.
Ellepar Michel PalmiériTrente ans après le tournage du film de René Allio Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère, Philibert revient sur les lieux du crime. Un à un, il y retrouve les comédiens principaux, tous non professionnels, de ce film d'un cas de parricide au XIXe siècle. Méticuleusement, il examine la trace laissée par cette expérience hors norme dans la trajectoire de ceux qui ont du revenir à un quotideien ordinaire après une saison dans le champ des caméras.