- Téléramapar Aurélien Ferenczi
Les vrais amateurs de foot, ceux qui traquent l’aventure humaine derrière l’enjeu des matchs, apprécieront cette forme inédite de témoignage, à mille lieues du prémâché médiatique qui entoure le sport de haut niveau. (…) l’égocentrisme minimaliste de Substitute donne un petit coup de frais.
- Le Mondepar Isabelle Regnier
Dans cet étrange film à quatre mains, la Coupe du monde en Allemagne n'importe pas comme événement, seulement comme cadre et moteur, comme contrainte en somme.
- Fluctuat
Doté de deux jambes, certes courtes, mais plutôt efficaces, et d'un cerveau, Vikash Dhorasoo préfère les nourritures de l'esprit à la créatine. Atypique pour un footballeur professionnel. Après avoir pris position pour une association gay et s'être fait licencier plus vite qu'un ouvrier de Métaleurop, il nous présente une nouvelle facette de sa différence via des bribes d'intimité de sa Coupe du Monde. Vraiment tout pour se rendre intéressant diront ses amis du milieu en soulignant l'ego surdimensionné du petit homme qui utilise les livres pour se grandir ("...en s'asseyant dessus", selon Grégory Coupet).
Dhorasoo : Négatif de ZidaneEn 2006, les deux N°10 de l'équipe France auront donc suscité l'envie d'autres créateurs pour des expériences aussi radicales que différentes. Musicien, vidéaste, et parolier (Walking Indurain, Milan Athletic Club), Fred Poulet a confié une caméra super-8 à son ami Vikash. Ni strass, ni paillettes : voilà le fait saillant et remarquable de ce journal intime d'un ennui et d'une déception imprévus. Sans être une oeuvre d'art, l'image, incertaine et granuleuse, confère un charme désuet à ce très modeste film qui se pose en négatif inattendu au Zidane, un portrait du XXIème siècle.zinedine zidane était traqué par une batterie de caméra, dont certaines, high-tech, en provenance de l'armée. vikash dhorasoo, son remplaçant théorique, se filme, seul, sans logistique et avec un matériel minimum. ZZ parlait avec ses pieds, Vikash avec sa tête... L'un travaillait sans relâche, l'autre est comme mis à pied, sans cause réelle et sérieuse. Mais les Prud'hommes, ici, ne seront pas compétents. Prélude à l'épisode parisien, il parvient à nous faire sentir le désarroi universel d'un homme privé de la possibilité d'exercer son activité, la douleur simple d'un rêve qui file entre les doigts et le délicat processus d'acceptation d'un échec en cours, à peine voilée d'un soupçon de vanité.Un joueur sans son jouetPour le reste, on baille et on s'ennuie comme lors d'un match du PSG version Guy Lacombe. Dhorasoo se livre peu et il met du temps à s'interroger, à partager ses doutes, à comprendre puis accepter son sort. Sa métaphore du fils trahi par son père semble bien naïve, et confirme que les footballeurs sont de grands assistés. Quelques étincelles, cependant, font lever le sourcil : ainsi, Petit prince abandonné dans un grand château disproportionné, il lance ses rushs par dessus la haie comme on envoie une bouteille à la mer vers un grand frère venu le soutenir... signifiant combien la colonie de vacances tourne mal. Il y aussi le retour à la maison, devant un tas de courrier qui rappelle la vie active... c'est peu.A des années-lumières, donc, des images véhiculés habituellement par le football, et en décalage total avec l'enthousiasme hexagonal de cet été, le film vaut surtout par le hors-champ : absence des autres joueurs, absence de la notion de groupe, absence du terrain, vide du temps et de l'espace...etc. Cet éclairage d'un versant invisible de la vie de footballeur montre donc la solitude paradoxale d'un homme au coeur d'un événement planétaire dont il est pourtant exclu.Une certitude : Substitute ne lui ouvrira pas le coeur d'un microcosme aux réactions étonnamment violentes (cf : patrick vieira et raymond domenech) lorsqu'il s'agit de défendre les règles claniques du milieu. Stigmatisant la paranoïa à fleur de peau d'une existence gouvernée par l'image et la lumière, les chefs de troupeau ont bien signifié à la brebis égarée qu'elle n'avait guère de chances de survivre en se démarquant. Si on touche aux règles du jeu...on ne joue plus.
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