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Pendant la tournée promo de Skyfall, on n'a vu qu’elle : Barbara Broccoli. À l'instar de 007 dans la première scène du film, qui montre la silhouette floue de Bond sortant des ténèbres, la fille d'Albert « Cubby » Broccoli, producteur historique de la saga, apparaissait enfin au grand jour. Si l’histoire officielle retiendra que c’est Daniel Craig qui a proposé à Sam Mendes de réaliser le film, le triomphe de Skyfall est avant tout l’œuvre de Barbara. Car même si personne ne s’en souvient, Bond a bien failli crever avant la sortie de ce 23e épisode. Le 19 avril 2010 pour être précis : « Dans la mesure où l'avenir de la MGM est incertain et où la vente du studio a échoué, nous sommes obligés de suspendre le développement de la 23e aventure de Bond pour une durée indéterminée. » Cette « nécro » ne portait pas la signature de M mais celle des producteurs de la série, Michael G. Wilson et Barbara Broccoli. Et c’est elle qui sortira ses griffes. Elle qui se battra pour faire renaître 007. Elle qui ira voir les financiers et les patrons de studios pour sauver la peau du commander, imposera de faire retourner certaines scènes et acceptera de faire disparaître un personnage-clé.007 sur 7Au fond, Skyfall n’est que la prolongation de la vision de James Bond par Barbara Broccoli. GoldenEye, le premier film sur lequel elle est officiellement apparue en tant que productrice,fut précisément celui qui tentait de réinventer le personnage. Depuis Casino Royale (2006), elle entraîne 007 vers des latitudes plus « auteurisantes », plus sombres. Elle aurait mêmerencontré Christopher Nolan pour lui proposer de réaliser un épisode de la saga. Le fait qu’elle sorte de l’ombre sur ce film-là n’est pas un hasard. Pour la première fois, une aventure de Bond confronte le personnage à son passé. Et ce retour aux racines, c’est finalement celui de Barbara, qui a grandi sur les plateaux des studios de Pinewood aux côtés de son père. On comprend alors mieux la puissance de la chanson du générique interprétée par Adele, que la productrice a supervisé de très près, comme elle le dit dans son commentaire audio. De manière métaphorique, les paroles semblent raconter la relation fusionnelle entre la productrice et son héros : « Où tu vas, je vais. Ce que tu vois, je vois. Je sais que je ne serai plusjamais moi sans la protection de tes bras aimants. »