La provocation de Lars Von Trier a réveillé le festival de Cannes 2011Enfin de l’action ! A la suite de son film Melancholia (à moitié convaincant), Lars Von Trier dérape dans la provocation plus ou moins contrôlée (« Je suis nazi »,etc…). De sa part, ce n’est ni nouveau, ni étonnant : tous ses films depuis le début contiennent des provocations du même ordre qui ont été soit ignorées, soit pardonnées comme des caprices de génie. Que le festival exige des excuses, c’est prévisible. Mais en s’exécutant, le Danois s’avoue fautif, et reconnaît implicitement qu’il est prêt à se renier par peur d’être privé d’une palme (très improbable en l’occurrence), et surtout de ne plus être sélectionné à l’avenir. Finalement, faire des films n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour obtenir des honneurs et des récompenses. C’est l’un des effets pervers de Cannes : les réalisateurs y viennent pour le prix, et fabriquent des films sur mesures, quitte à se contredire. Il y en a que ça ne gêne pas (Haneke). Il y en a d’autres qui se situent au-dessus de la mêlée : Michael Mann n’a jamais été sélectionné à Cannes et il s’en tape. Mais venant de Von trier, qui est un cinéaste érudit , exigeant et respectueux du medium, c’est triste. Lui qui a toujours défendu une conception jusqu’au boutiste de l’intégrité artistique, il doit être furieux contre lui-même de s’être soumis à une autorité plus forte que la sienne.Mais le festival continue, et après la chute d’un maître, vient la révélation d’un jeune cinéaste mexicain : Avec Dias de Gracia, qui raconte les efforts de la police pour lutter contre les kidnappings, Everardo Grout provoque le même genre de choc que Fernando Meirelles avec La cité de Dieu. On pourrait évoquer aussi Amours chiennes parce qu’il y a une attirance commune pour les constructions audacieuses. Ici, l’histoire couvre trois périodes, rythmées par les coupes du monde de foot, et est racontée de trois points de vue différents, qui déterminent trois styles. Le résultat, à la fois viscéral et abstrait, est assez réussi.Pour terminer, Takachi Miike confirme une tendance à l’assagissement avec Ichimei, adaptation ultra respectueuse d’un classique du film de samourai.
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