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La fille de M. Night Shyamalan veut se faire un nom rien qu'à elle avec ce thriller aux frontières du réel. Rencontre.

Pour son premier film, Ishana Shyamalan met en scène Mina (Dakota Fanning), jeune femme un peu paumée dont la voiture tombe en panne en pleine forêt. Prise au piège dans ces bois qui semblent s’étirer à l’infini, elle trouve refuge dans un bâtiment aux allures de bunker, déjà occupé par trois personnes : chaque nuit, les habitants doivent se laisser observer à travers un miroir sans tain par les mystérieux occupants de la forêt… Mais ces derniers existent-ils vraiment ou bien tout le monde a-t-il pété les plombs ?

Croisée dans un luxueux hôtel londonien où son père, M. Night Shyamalan, recevait également pour son prochain film (Trap), Ishana nous raconte les coulisses des Guetteurs et les thèmes qui agitent son cinéma.

Vu le nom de famille que vous portez, vous êtes-vous êtes questionnée sur le fait de tourner un film dont le pitch rappelle furieusement le cinéma de votre père ? Il y a forcément un risque à s'attaquer à un genre similaire.
Je comprends votre question, mais le fait est que j'ai compris très tôt que moi et mon père avions des goûts similaires en matière de cinéma. Et concernant Les Guetteurs, je n'ai pas eu besoin de faire d'introspection : j'ai juste essayé d'être la plus fidèle possible aux images et aux sujets qui m'attirent. Ceci dit, j'aime jouer avec les attentes du public, qui peut effectivement se dire au départ que je chasse sur les mêmes terres que mon père, avant de se faire embarquer dans un autre type d'aventure. Il y a une sorte d'impertinence à démarrer le film sur des bases que tout le monde pense connaître et d'ensuite changer de cap.

On croit que c'est un thriller horrifique, et puis l'histoire prend une autre forme...
Exactement. Et c'était parfaitement conscient : ça m'intéressait beaucoup de jouer avec les tropes, les codes qu'on a tous intégré, et puis de partir vers mes propres obsessions.

En l'occurrence, et sans trop en dire, le folklore et la mythologie.
Oui, j'adore réfléchir à ces sujets. Je passe beaucoup de temps à me demander si ces histoires pourraient être réelles. Je trouve vraiment beau qu'il y ait toute cette magie imbriquée dans différentes cultures et qu'elle traverse le temps.

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Qu'est-ce qui vous fascinait à ce point dans le livre pour que vous décidiez de l'adapter ?
C'est un producteur qui nous a fait découvrir le bouquin, même si j'en avais entendu beaucoup de bien auparavant. Rien que le titre était déjà une promesse géniale : The Watchers. À la lecture, J'étais constamment surprise et je n'arrêtais pas d'y penser dès que je le reposais. Au moment où je l'ai fini, je crois qu'il était inévitable que j'en fasse un film.

Vous aviez déjà des plans en tête ?
Oui, du moins dans une certaine mesure. C'est un livre très descriptif mais qui convoque en même temps votre imaginaire. Et j'ai fait en sorte que les décors ressemblent à ce que je voyais quand je l'ai lu pour la première fois. Le look et l'esprit du film était très clairs dès le début.

Et le choix de Dakota Fanning dans le rôle principal ?
Elle m'est également venue à l'esprit très tôt dans le processus. Je suis incapable de vous dire pourquoi mais quand j'ai commencé à écrire, elle était déjà Mina. Je pense que je cherchais quelqu'un qui pourrait représenter un peu tout le monde, une jeune femme avec une énergie très universelle. Dakota a ça en elle. C'est un actrice brillante. En fait, le personnage n'a vraiment pris vie dans mon esprit qu'une fois que Dakota l'a incarné.



Il y a un motif assez génial Les Guetteurs : cette vitre sans tain qui permet aux personnages d'être observés tout en ne voyant rien d'autre que leur reflet. Regarder ces acteurs qui se regardent eux-mêmes jouer, c'est presque vertigineux sur la question du point de vue du spectateur.
Et ça va complètement de paire avec le propos du film, qui traite de notre capacité à nous regarder en face. Soit le cheminement que doit faire le personnage de Dakota Fanning : c'est quelqu'un qui refuse de voir son reflet, et elle se retrouve dans un environnement où elle doit littéralement et métaphoriquement l'avoir en permanence sous les yeux. Donc il était évident que nous devions avoir ce miroir massif dans chaque plan de cet espace, pour figurer cette dualité qui l'habite.

On se rapproche aussi des codes de la télé-réalité, que vous utilisez d'ailleurs frontalement dans le film puisque les habitants de la structure regardent de vieux DVD d'une émission fictive.
Oui, et c'est une de mes inventions, ce n'est pas dans le livre. Au moment de l'écriture du scénario, je regardais beaucoup Love Island et je trouvais que tous ces codes étaient étrangement pertinents par rapport aux thèmes que je voulais mettre en place. Et puis il y avait là-dedans un côté comique, presque satirique, qui me plaisait beaucoup.

Les Guetteurs, avec Dakota Fanning, Georgina Campbell, Olwen Fouéré... Actuellement au cinéma.