''Qu'est-ce qu'on attend exactement ?'', demandent Marion Cotillard, Jacques Audiard, Cédric Klapisch, Léa Seydoux, Karin Viard…
En plein épidémie de Covid-19, les salles de cinéma sont fermées depuis le 26 octobre 2021. Sans directives claires de la part du gouvernement, les professionnels du cinéma qui tiennent à sortir leurs films sur grand écran ne peuvent rien prévoir pour ces prochains mois, et ce malgré plusieurs études démontrant que les salles de spectacles ne sont pas des lieux à risque fort de contamination...
"Demain le cinéma" : Quand le cinéma fête ses 125 ans... les salles ferméesLassés par cette situation, 800 personnalités du cinéma (dont la liste complète est à retrouver ici) viennent de signer une tribune au sein de la SFR, la Société de Réalisateurs de Films, afin d'interpeller directement le président Emmanuel Macron sur cette question. Un appel relayé dans Le Monde, que nous partageons ci-dessous :
"UN JOUR SANS FIN
Qu'est-ce qu'on attend exactement ?
Aujourd'hui, et depuis de très longs mois, les 5 913 écrans des 2 046 cinémas de France sont maintenus fermés au nom d'un principe de précaution sanitaire pourtant contredit par un avis du Conseil scientifique du 26 octobre et par l'étude ComCor de l'Institut Pasteur du 10 décembre 2020.
Aujourd'hui nous pourrons donc, encore et toujours, faire la queue pour aller acheter des baskets ou une glace, nous entasser dans les supermarchés ou prendre le train, même bondé, mais nous ne pourrons pas aller au cinéma. Ni au théâtre. Et cela malgré la mise en place d'un protocole sanitaire des plus stricts et des plus fiables dès le premier jour du déconfinement.
Au gré des chiffres, des variants, des politiques d'image, d'annonce, de culpabilisation ou d'intimidation, nous avons le sentiment d'être éradiqués. Et alors quoi ? On reste fermé un an, deux ans ? Pour toujours ?
Monsieur le Président, nous voudrions préciser une chose que l'opinion publique ne sait pas, mais que, bien plus grave, vous ne semblez pas savoir non plus : le cauchemar que vit l'industrie du cinéma, ses travailleurs et travailleuses, n'est pas tant celui de l'année passée, certes extrêmement difficile, mais bel et bien celui des deux voire trois années à venir. Chaque semaine de fermeture ajoute à la catastrophe en marche.
C'est l'avenir d'une profession qui est hypothéqué, à mesure que les films terminés s'empilent chaque semaine sur les étagères des distributeurs. C'est le "tout plateforme" qui s'installe dans les habitudes et dévalorise nos ambitions et nos droits. C'est une filière industrielle économique forte de 340 000 emplois qui coule. C'est un monde de débats et d'idées qui s'appauvrit considérablement. Car le cinéma ne se préoccupe pas que du cinéma. Il se préoccupe de tout ce qui fait société, ouvre à la réflexion, à la discussion, amène la rencontre avec ce public qui nous manque à hurler. Et à qui l'on manque.
Quel gâchis.
Quelle violence.
Quelle injustice.
Combien de fois faudra-t-il répéter qu'aucun théâtre, lieu de culture ou salle de cinéma n'a été un cluster ? Combien de fois faudra-t-il répéter que nous ne sommes ni des troubadours égoïstes et déconnectés, ni des divas dans des tours d'ivoire mais bel et bien des femmes et des hommes responsables, conscients de la gravité de la situation ? Que le cinéma français est la troisième cinématographie la plus importante du monde, et que vous risquez de la faire s'effondrer en à peine un an.
Monsieur le Président, une étude allemande menée par l'Institut Hermann Rietschel (Université de Berlin) vient de conclure que les salles de cinéma sont deux fois plus sûres que les supermarchés et trois fois plus sûres que les voyages en train. Lisez-la !
Votre silence et celui de votre gouvernement sont en train de tuer le cinéma français, et plus généralement une grande partie de notre culture.
Dans le respect des gestes barrières, de la distanciation physique et d'une jauge qui permette à chacun d'être en sécurité : ré-ouvrez les salles ! Maintenant !"
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