Marie Colomb dans Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona
Paname Distribution

Retour sur le parcours de la magnifique héroïne du premier long métrage de Vincent Maël Cardona, découverte sur le petit écran dans Laëtitia et qui s’apprête à tourner le nouveau Rodrigo Sorogoyen

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« Jouer a toujours été ma quête ». Ainsi s’exprime avec enthousiasme Marie Colomb qui crève l’écran cette semaine dans Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona, son premier rôle majeur sur grand écran, celui d’une jeune femme dont le cœur balance entre deux frères dans la France du début des années 80. « Ma mère m’avait mise au théâtre à 6 ans car elle me trouvait un peu… spéciale » poursuit- elle dans un éclat de rire. « Et dès la fin de mon premier spectacle, en descendant de la scène, j’ai couru vers elle pour lui dire que ça serait toute ma vie ! » Un rêve pas forcément simple à réaliser quand on habite dans la région bordelaise, sans aucun contact dans un milieu qu’on sait complexe à intégrer. Mais Marie Colomb va s’y atteler petit à petit. En choisissant un lycée avec une option théâtre, en apparaissant dans le clip du groupe bordelais Odezenne réalisé par Romain Winkler puis en osant franchir le cap et suivre les conseils de ce dernier : monter à Paris tenter sa chance dans le cinéma. « Je suis partie avec un sac à dos et mille euros en poche. Ca peut paraître cliché, je sais mais ça a été ma réalité. » Entre alors en jeu la part de chance si essentiel dans une telle quête. Des rencontres qui lui permettent, tout en gagnant sa vie avec des petits boulots, de tourner ses premier courts et longs métrages (Un, deux trois de Mathieu Gari et Merrick de Benjamin Diouris, resté inédit en salles). Et une plus décisive que toutes les autres : Jeanne Gottesdiener, la directrice du Studio Pygmalion. « Grâce à elle, je suis rentrée dans cette école alors que c’est un univers qui me faisait un peu peur. Mais surtout, depuis, je prépare tous mes rôles avec elle. » Et parmi ceux- là, LE rôle qui va changer la donne en 2019 : Laëtitia, le rôle- titre de la mini- série de Jean- Xavier de Lestrade, basée sur le viol et le meurtre de la jeune Laëtitia Perrais – qui avait fait la une des journaux en 2011 – à partir du livre d’Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes. « J’ai eu là encore une chance énorme car je n’avais pas d’agent à l’époque donc il n’y avait aucune raison que je sois au courant des auditions. Mais c’est un copain de l’école qui m’en a parlé en m’assurant que ce rôle était pour moi. Je n’y croyais tellement pas d’ailleurs que j’ai failli ne pas y aller. » Elle a bien fait de changer d’avis. Elle remporte ce casting et livre à l’écran une composition d’une richesse, d’une profondeur et d’une intensité exceptionnelles. « Ca fait très peur au départ évidemment : représenter quelqu’un qui a existé dépassait mon petit ego de jeune actrice. Mais Xavier a su trouver très vite les mots qui m’ont aidé en m’expliquant qu’il ne voulait absolument pas que je cherche à lui ressembler et l’imiter et qu’il m’avait choisie pour le double côté rayonnant et mélancolique que je dégageais à mes yeux. Ca m’a ouvert le chemin vers ce rôle tout en dévorant évidemment le livre d’Ivan Jablonka, le dossier juridique de l’affaire et les lettres écrites par Laëtitia… J’ai étudié sa vie pour essayer de comprendre ce qu’elle a vécu en essayant de combler les blancs laissés par toutes les questions sans réponse. »


AUJOURD’HUI

Après une apparition dans Vaurien, l’excellent film de Peter Dourountzis, Marie Colomb illumine en ce mois de novembre Les Magnétiques, le premier long métrage de Vincent Maël Cardona. « Là encore après un casting…  mais un long, très long casting de plus de six mois le temps que Vincent trouve son trio ». Et le cinéaste a vu juste tant la complicité entre Marie Colomb et ses partenaires Thimotée Robart et Joseph Olivennes saute d’emblée aux yeux. « J’ai eu un coup de foudre pour ce scénario. Son action se déroule dans les années 80 mais il m’a fait penser à ce qu’on vit aujourd’hui. Vincent a su capter ce basculement vers ce sentiment de no future qui a eu lieu à cette époque chez une partie de la jeunesse et n’a cessé de grandir depuis. » Dans ce rôle de jeune maman qui fait s’emballer le cœur de deux frères, se dégage tout ce que Jean- Xavier de Lestrade avait immédiatement saisi chez elle, ce mélange d’extrême vitalité et de profonde mélancolie. Cette héroïne n’existe pas que par le prisme du regard de ses deux frères. Vincent Maël Cardona a su lui donner une existence propre et Marie Colomb s’en est emparée avec une délectation qui crève l’écran, rendant son absence dans la liste des prénommées au César de la révélation aussi peu compréhensible qu’injuste

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DEMAIN

Mais qu’importe. Car l’essentiel est ailleurs. Dans l’irrésistible montée en puissance d’une formidable comédienne qu’on retrouvera prochainement dans la saison 2 de la série OVNI(s), réalisée par Anthony Cordier qui l’a contactée après l’avoir vue dans Laëtitia. Et qui va entamer en décembre le tournage du nouveau long métrage d’un certain Rodrigo Sorogoyen, le réalisateur d’El Reino et Madre. « C’est un rêve éveillé pour moi qui ai adoré tous ses films, sa série et sa capacité à se balader dans des registres aussi variés avec le même génie. Qu’un tel cinéaste ait pu s’intéresser à moi est hyper flatteur. » As Bestas mettra en scène Marina Foïs et Denis Ménochet en couple de Français emménageant dans un village de la campagne galicienne pour retrouver une vie tranquille sans se douter un instant que leur présence va provoquer l'hostilité de leurs nouveaux voisins. Et Marie Colomb incarnera leur fille. Dire qu’on a hâte de découvrir le résultat tient de l’euphémisme.