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PHOTOS - Les projets les plus fous au cinéma

Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog (1972)

<strong>La folie</strong> : 1560. Don Lope de Aguirre (<strong>Klaus Kinski</strong> totalement ferrückt), guerrier espagnol, prend la tête d'une expédition de conquistadores à la recherche de l'eldorado dans la jungle amazonienne. <strong>Dans le film : </strong>La mégalomanie et le caractère destructeur d'Aguirre, entraîneront la mort des mille guerriers espagnols. Aguirre reste seul. Métaphore du IIIème Reich ? Quête du Graal ? On a voulu voir beaucoup de symboles dans ce film surtout fascinant parce que l'histoire de ces conquérants se confond finalement avec le projet du cinéaste, qui clamait son rêve de jungle et d'extase fiévreuse. Et qui a bien failli tuer son acteur fétiche. <strong>Dans la vraie vie :</strong> Quand le conquistador Belalcazar relata en 1534 la légende d'El Dorado ("l'homme doré"), ce prince Inca qui se couvrait la peau d'or pour célébrer un rituel solaire, il lança la grande légende de l'eldorado. Les conquérants européens étaient persuadés que la jungle abritait un pays légendaire d'où provenait tout l'or du nouveau monde. Toutes les expéditions furent des échecs, et l'eldorado devint un mythe.

Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979)

<strong>La folie :&nbsp;</strong> En pleine guerre du Vietnam, le colonel Kurtz (<strong>Marlon Brando</strong>) a déserté et s?est bâti un royaume délirant dans le Cambodge voisin. Le béret vert Willard (<strong>Martin Sheen</strong>) est chargé de le retrouver et de le tuer. <strong>Dans le film</strong> : Willard arrive à tuer Kurtz au cours d'une scène fameuse (un montage parallèle entre le sacrifice d'un boeuf et le meurtre de Kurtz à la machette), après avoir découvert son royaume, un temple décoré de cadavres en pleine jungle où il règne sur une bande de guerilleros comme un seigneur venu du fond des âges. Opéra guerrier, mais surtout film monstre, le tournage fut aussi dingue que le projet de Kurtz. On se souvient de Coppola à Cannes affirmant que ce n'est pas un film, <em>"c'est le Viêt-nam. On était dans la jungle, on était trop nombreux, on avait trop d'argent et, petit à petit, on est devenus fous"</em>. En février 1976, Coppola part aux Philippines tourner une adaptation du texte de <strong>Joseph Conrad</strong>, <em>Heart of Darkness</em>, un texte qu'<strong>Orson Welles</strong> avait adapté pour la radio et qui avait failli être son premier long métrage. Coppola raconte dans <em>Au Coeur des ténèbres</em>, le doc de sa femme, qu'<em>Apocalypse Now </em>n'est pas "dans la grande tradition d'Ophuls ou même <strong>David Lean</strong>, on est dans la tradition d'<strong>Irwin Allen</strong>. J'ai fait le film le plus vulgaire, le plus divertissant, le plus palpitant, mouvementé, sensoramique, racoleur, un frisson à la minute, sexe, violence, humour, car je voulais que les gens viennent le voir". Le reste appartient à l'histoire : les catastrophes qui s'abattent sur le tournage, Coppola qui essaie toujours de les intégrer au film, le budget qui gonfle, la crise cardiaque de <strong>Martin Sheen</strong>, les caprices de <strong>Marlon Brando</strong>. Mais le monstre sera finalement dompté. <strong>Dans la vraie vie</strong> : Si le scénariste <strong>John Milius</strong> a adapté le roman de <strong>Joseph Conrad</strong> <em>Au coeur des ténèbres</em> (1899) se déroulant dans le Congo belge, Coppola a admis que son Kurtz était inspiré de deux modèles réels de la guerre du Vietnam : le colonel Rheault (un béret vert fameux pour avoir été jugé et condamné pour avoir exécuté un agent double) et Anthony Poshepny, un agent de la CIA qui entraîna la cinquième colonne pour lutter contre les cocos au Laos.

Fitzcarraldo de Werner Herzog (1982)

<strong>La folie : </strong>Brian Fitzgerald (<strong>Klaus Kinski</strong>) veut construire une salle d'opéra en pleine forêt amazonienne afin de faire venir chanter&nbsp;le fameux ténor Caruso. Pour ça, il décide d'exploiter le caoutchouc péruvien, se fait construire un bateau pour naviguer sur l'Amazone et cherche à aplanir une colline pour faire passer le bateau. <strong>Dans le film :</strong> Gros Fail. Le bateau ne passe pas la colline mais Fitz parvient à faire chanter du Verdi à des Indiens en pleine jungle. <strong>Jacques Rivette</strong> disait qu'un film est aussi un documentaire sur son propre tournage. La vie de Brian, l'aventurier mélomane, n'aurait pas atteint cette puissance baroque sans les péripéties dantesques qui ont frappé sa production - le plateau incendié par les Indiens Aguarunas, <strong>Jason Robards</strong> rapatrié aux Etats-Unis au bord de la folie, le bateau qui manque de se briser dans les rapides avec huit personnes (dont le réalisateur) à son bord... Le film reste le symbole éclatant du cinéma : un art plus grand que la vie, où la volonté du créateur parvient à dompter les éléments. <strong>Dans la vraie vie</strong> : Si le film est tiré de l'histoire vraie de Carlos Fitzcarrald, industriel péruvien du caoutchouc à la fin du 19ème siècle, il faut aussi voir <em>Fitzcarraldo</em> comme la tentative d'Herzog de refaire <em>Aguirre</em> en encore plus démesuré, toujours avec l'immortel et dingue Kinski. Echec en salles.

Les projets les plus fous au cinéma

<strong>De la recréation des dinosaures à l'Eldorado, retour sur les plus grandes folies entreprises au cinéma.</strong>&nbsp;Dans Des saumons dans le désert (sortie le 6 juin prochain), Alfred (Ewan McGregor) est le conseiller spécial du gouvernement britannique concernant la pêche au saumon. Un richissime Yéménite lui propose un job a priori délirant : introduire le saumon dans le Yémen, afin que les habitants puissent y pêcher l'animal.Absurde ? Et pourtant, les projets démesurés/absurdes/fous abondent au cinéma, avec des fins souvent tragiques. La preuve par l'exemple, du Pont de la rivière Kwaï à Jurassic Park en passant par Apocalypse Now ou L?homme qui voulut être roi.<strong>&nbsp;Par Sylvestre Picard</strong>&nbsp;

Jurassic Park de Steven Spielberg (1993)

<strong>La folie :</strong> Le milliardaire Hammond utilise tout le dernier cri de la génétique pour ressusciter les dinosaures. Et les exhiber dans un parc d'attractions, bien sûr, avec toutes les garanties de sécurité. <strong>Dans le film</strong> : Evidemment, ça foire et les dinosaures ravagent le parc. A cause de "la théorie du chaos", comme le répète à l'envie le docteur Ian Macolm (<strong>Jeff Goldblum</strong>). Et surtout à cause de l'orgueil d'Hammond qui a un petit peu trop joué à Dieu. Une des constantes spielbergiennes qui aime confronter l'hybris de l'homme à la nature. <strong>Dans la vraie vie</strong> : Malgré tous les efforts fournis par <strong>Michael Crichton</strong> (l'auteur du roman original) pour rendre l'histoire crédible, il semble malheureusement que Jurassic Park ne soit pas fondé sur des faits réels. En revanche, des attractions qui déconnent, ça arrive tous les jours&nbsp; - <em>"oui, John, mais quand les pirates des Caraïbes se détraquent, les pirates ne dévorent pas les touristes"</em> -, comme le résume si bien Malcolm.

L'Homme qui voulut être roi de John Huston (1975)

<strong>La folie :&nbsp;</strong> Adapté du conte de Rudyard Kipling, le film raconte l'odyssée de Peachey (<strong>Michael Caine</strong>) et Dravot (<strong>Sean Connery</strong>), deux officiers de la couronne britannique qui cherchent à se tailler un royaume au Kafiristan, une province oubliée qui avait été conquise par Alexandre le Grand. <strong>Dans le film :</strong> Ca finit mal. Après s'être fait passer pour un dieu vivant, Dravot se fait lyncher par ses sujets, Peachey se fait crucifier mais survit et ramène la tête de Dravot... On connaît la fascination de <strong>Huston</strong> pour les personnages fous, démesurés, obsédés par l'argent, la gloire et la grandeur (au hasard, le trésor de la sierra madre). Pas étonnant que cette épopée soit l'un de ses vrais chefs d'?uvre. <strong>Dans la vraie vie</strong> : Citons l'histoire d'Antoine de Toulens (1825-1878), qui débarque en Patagonie en 1858 et s'est autoproclamé roi d'Araucanie et de Patagonie sous le nom d'Orllie-Antoine Ier en 1860. Il soumet des tribus indigènes mais se fait capturer et interner dans un asile. Il retentera par deux fois de monter des expéditions pour retrouver son pseudo-royaume...

Le Dernier roi d'Ecosse de Kevin MacDonald (2006)

<strong>La folie </strong>: Tout juste diplômé de médecine, le jeune Nicholas Garrigan (<strong>James McAvoy</strong>) décide de faire de l'humanitaire dans l'Ouganda des 70's. Il est embauché comme médecin personnel du terrible dictateur <strong>Idi Amin Dada</strong> (et un Oscar pour <strong>Forest Whitaker</strong>), qui aime l'ivresse du pouvoir, la polygamie, la vivisection et les kilts. <strong>Dans le film</strong> : Dada est détrôné en 79, se retrouve exilé en Arabie saoudite et meurt d'une crise cardiaque en 2003. Il faut voir le docu de <strong>Barbet Schroeder</strong>, cinéaste par-delà le bien et le mal, pour découvrir la vraie figure ogresque d'<strong>Idi Amin Dada</strong>. Mais le film génial de <strong>Kevin McDonald</strong> vaut pour son regard naïf et décalé sur la folie d'un homme, d'un royaume et d'un continent aussi fascinant que moralement repoussant. <strong>Dans la vraie vie</strong> : Le personnage de Garrigan est fictif, bien que <strong>Giles Foden</strong> (auteur du roman original) se soit inspiré des souvenirs de Bob Astles, un ancien militaire anglais proche du dictateur et passé à son service. Quant à Dada, il a gouverné l'Ouganda par la terreur et la folie de 1971 à 1979.

Le Pont de la rivière Kwaï de David Lean (1957)

<strong>La folie :</strong> Dans la jungle de Birmanie en pleine Seconde guerre mondiale, Saïto, commandant japonais d'un camp de prisonniers britanniques, doit faire construire un pont sur la rivière Kwaï. Le colonel Nicholson (<strong>Alec Guinness</strong>) refuse de faire travailler ses hommes car il estime le travail mal mené. Il finira par faire construire le pont, mais il sera également forcé à le détruire au moment de mourir lors d'une attaque de commandos. <strong>Dans le film</strong> : <strong>David Lean</strong> transforme ce projet mégalo en contre-épopée sarcastique. D'un côté, des Japonais cruels. De l'autre des prisonniers anglais pleins de dignité (<strong>Alec Guinness</strong> et <strong>William Holden</strong>, au top). La construction éprouvante tient 170 minutes de film, offre une mélopée lancinante, "hello, le soleil brille, brille, brille" et pose des questions existentielles : Qui est le vainqueur ? Saïto qui réussit à faire construire son pont ? Ou Nicholson qui l'a fait céder ? Et si tout ça n'était qu'une vaste absurdité ? <strong>Dans la vraie vie</strong> : Adapté d'un roman de <strong>Pierre Boulle</strong> (l'auteur de <em>La Planète des singes</em>), le livre - et donc le film - s'inspire de l'histoire vraie de la construction en 1943 d'un pont par les prisonniers britanniques en Birmanie. Sauf que dans la vraie vie, le personnage de Nicholson n'existe pas et les Anglais ont mis beaucoup de mauvaise volonté à construire le pont.

Mosquito Coast de Peter Weir (1986)

<strong>La folie :</strong> L'inventeur de génie Allie Fox (<strong>Harrison Ford</strong>) veut fuir le monde moderne et se réfugie avec sa femme (<strong>Helen Mirren</strong>) et ses quatre enfants (dont River Phoenix) dans la jungle du Honduras. Il achète un petit village et fonde son utopie, en construisant notamment une machine à glace. <strong>Dans le film :</strong> Et ça finit mal. Allie doit affronter le révérend Spellgood, qui cherche à répandre sa religion chez les Indiens, et des rebelles armés qui rôdent dans la région. Mosquito Coast est bien représentatif du cinéma de Weir qui aime mettre à l'épreuve les corps et les spectateurs. Avec une idée centrale : l'homme n'a de repos que s'il a conquis son territoire, dominé la terre qui le porte. Que ce soit en le cartographiant, en l'arpentant ou en voulant en maîtriser les cours d'eau. Un cinéma de la folie finalement très rationnelle. <strong>Dans la vraie vie</strong> : Malgré certaines rumeurs, le film ne s'inspire pas d'une histoire vraie mais d'un livre de <strong>Paul Theroux</strong>.

Titanic de James Cameron (1997)

<strong>La folie</strong> : En 1912, la White Star Line lance sur l'Atlantique le plus beau paquebot jamais conçu, le RMS Titanic, 269 mètres de long et 53 mètres de haut, 2435 passagers, réputé être insubmersible. <strong>Dans le film</strong> : Et le 15 avril, le Titanic heurte un iceberg. 1514 morts et un bateau coulé. <strong>Dans la vraie vie</strong> : Le plus démesuré dans tout ça ? Le film de <strong>James Cameron</strong> lui-même, qui a rapporté plus de 2 milliards de dollars sur la planète, ainsi que onze Oscars, avait tout du projet fou, car tout le monde prédisait un flop pour son <em>vanity project</em>.

De la recréation des dinosaures à l'Eldorado, retour sur les plus grandes folies entreprises au cinéma. Dans Des saumons dans le désert (sortie le 6 juin prochain), Alfred (Ewan McGregor) est le conseiller spécial du gouvernement britannique concernant la pêche au saumon. Un richissime Yéménite lui propose un job a priori délirant : introduire le saumon dans le Yémen, afin que les habitants puissent y pêcher l'animal.Absurde ? Et pourtant, les projets démesurés/absurdes/fous abondent au cinéma, avec des fins souvent tragiques. La preuve par l'exemple, du Pont de la rivière Kwaï à Jurassic Park en passant par Apocalypse Now ou L’homme qui voulut être roi. Par Sylvestre Picard