Les noms ont changé, les enfants ont vieilli, Bruno Dumont est resté Bruno Dumont.
Arte rediffusera ce soir la suite de P'tit Quinquin, initialement lancée en 2018. Voici notre critique de Coincoin et les Z'inhumains.
Quatre ans ont passé. La petite fille que Quinquin prenait dans ses bras est maintenant amoureuse d’une conductrice de tracteur (la touche gender). Le Nord est traversé par des bandes d’Africains en boubous (la touche migrants). D’énormes cacas de pigeon tombent du ciel. La nuit, une serpillère lumineuse s’en extrait, vole à trois mètres du sol et se projette dans un être humain dont le ventre gonfle avant d’expulser, dans un bruit de flatulence, son double (la touche Twin Peaks saison 3). De son côté, Quinquin est devenu CoinCoin.
Pourquoi pas ? Si des serpillères lumineuses venues de l’espace peuvent prendre possession des gens, on voit mal pourquoi on ne changerait pas le nom d’un personnage. Entre les deux saisons, Dumont a réalisé une comédie musicale dada sur Jeanne d’Arc et un film de cannibales marxistes (Ma Loute), en tenant la ligne délirante qui lui a permis de ressourcer une œuvre jusque-là dédiée à la Sainte-té sans Dieu. Mais sa veine « farfelue » pourrait vite tourner en rond elle aussi.
Dumont ne découvre plus le mécanisme de la comédie, il l’applique. Il n’interroge plus son style, il croit à son savoir-faire. À tout point de vue, CoinCoin va plus loin que Quinquin. Plus provocateur (les migrants chantants), plus grotesque (les deux flics en roue libre, littéralement), plus étiré, plus fantastique, plus tout et n’importe quoi. Mais pas forcément plus marrant. Il faudrait appeler ça un sequel, davantage qu’une seconde saison : condamné à la surenchère et à une forme de répétition.
Coincoin et les Z'inhumains - sur Arte - 4 épisodes de 52 minutes, ce jeudi 17 juin.
P’tit Quinquin est-il vraiment si genial ?
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