Toutes les critiques de City of Darkness

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sylvestre Picard

    Drôle de bagarre : celle d'un film de baston 80s dans une ville-décharge, comme dans Limbo, cette ville-décharge qui obsède Soi Cheang. Drôle de bagarre et drôle de contraste, oui, mais finalement, le résultat est très cohérent. On dirait que pour le réalisateur, il ne s'agit pas de tourner un best of HK servile, un truc opportuniste ou une parodie : ne perdons pas de vue que la priorité du cinéaste reste de faire un film de baston qui cogne sévèrement. De ce côté-là, le contrat est parfaitement rempli. Soi Cheang dépouille son matériau d'origine (une BD très colorée et pleine de combattants plus ou moins sexy) de ses oripeaux fluos, et enferme ses personnages dans un décor très « soicheangien » qui est un autre personnage : la « cité emmurée » de Kowloon, enclave dans une enclave (la ville de Hong Kong avant la récession), labyrinthe de béton régi par des combattants surpuissants animés de pulsions tragiques. C'est l'histoire d'un clandestin affamé (épatant Raymond Lam), paumé dans Kowloon, qui se clashe avec des héros nommés Cyclone (coiffeur et fighter d'élite), Mr Big (le légendaire Sammo Hung en personne, fatigué mais bien présent) ou encore King, épatant grand méchant à mulet capable de bloquer les lames des sabres avec ses dents... Le purgatoire de Limbo s'est ordonné (et légèrement coloré), pour devenir bien plus que le décor de beat them all de borne d'arcade : un nouvel horizon de cinéma pour Soi Cheang. Fight !