-
Dans un contexte très différent, Copie conforme renoue avec le ton des meilleurs films de Kiarostami. À chaque nouvelle séquence, le cinéaste ajoute de la complexité pour faire d’un argument simplissime (la rencontre d’un homme et d’une femme) un fascinant jeu de masques. Dans la première scène, le protagoniste prétend qu’en art, une bonne copie peut valoir un original. Le film prouve qu’il en est de même en amour. Peu importe la véritable nature des liens qui unissent cet homme et cette femme. Vieux mariés ou futurs jeunes amants, ce qu’ils vivent est authentique et interroge notre propre expérience du couple. Outre le talent des deux acteurs principaux, dont le surprenant chanteur d’opéra William Shimell, dans son premier rôle au cinéma, il faut saluer le brio de la mise en scène. Associant décors familiers (un café, une ruelle, une église) et rencontres impromptues (avec une noce, des touristes, une aubergiste), elle joue de tous les artifices habituels du cinéma pour faire surgir des émotions bien réelles.
Toutes les critiques de Copie conforme
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Reprise, remise en jeu, variante, Copie Conforme est tout cela, mais dans son jeu il y a aussi, et fatalement, faux-semblant, imitation et caricature. (...) Mise au carré des structures du cinéma de Kiarostami, ce film à la fois mineur et essentiel perd certes l'immédiateté et la limpidité de l'univers tissé dans la première carrière du cinéaste, mais la cohérence de son projet est à ca prix. Copie Conforme, un film de, d'après et à propos de Kiarostami.
-
C'est un film qui habite la mémoire longtemps après sa vision. Une sorte de road-movie mystérieux et simple, limpide et énigmatique, qui se déroule en une journée. Copie Conforme est la première oeuvre du cinéaste iranien tournée hors de son pays. Et, sous sa caméra, les collines toscanes ressemblent à s'y tromper à certains paysages de ses films iraniens. Mais ce qui est certain, c'est que son film n'est pas celui d'un faussaire.
-
Surprenant Kiarostami, changeant de cadre géographique et linguistique et optant pour un récit à double lecture.
-
Le plus : Une histoire romantique universelle dans un décor qui ne l’est pas moins, avec une rare délicatesse de mise en scène, tout en glissement et jeux de miroir pour éviter les enchaînements de champs-contre-champs. Et une Juliette Binoche qui déploie toutes la palette de son talent pour traduire l’évolution de ses sentiments. Prix d’interprétation féminine? On vote pour!
Le moins: Des dialogues très écrits qui donnent un petit côté théâtre filmé. Ce serait dommage, mais ça peut gêner. -
« Copie conforme » bascule dans une fascinante introspection du couple : comment faire vivre l’amour, le mariage, le désir, les joies et les peines, lorsque l’on vit ensemble depuis treize ans ? A coups de dialogues ciselés et de plans serrés, Abbas Kiarostami aboutit à un film universel, entre légèreté et drame, sur les sentiments qui se diluent au fil du temps. Dans les rôles principaux, William Shimell, un chanteur lyrique dont c’est le premier rôle, épate par sa retenue et Juliette Binoche se révèle bouleversante.
-
Un homme, une femme : ils n'ont pas de nom. Le film est une fable et une comédie. Une comédie de faux-semblants. Un jeu sur les apparences. La femme perdue assiste à la conférence donnée par un critique d'art qui vient de publier un essai. C'est un bellâtre narcissique, un calculateur, un opportuniste. Elle l'invite à visiter sa galerie, lui demande de dédicacer les exemplaires de son livre qu'elle a achetés pour elle et des amis. L'embarque en virée à Lucignano, en Toscane, où se célèbrent des mariages, reflets vertigineux de ce qui se passe entre elle et lui.
Car insensiblement, Copie conforme prend un virage désarmant. Les deux protagonistes ont des discussions polémiques sur la valeur d'une reproduction d'œuvre d'art par rapport à l'original, sur ce qui en fait le prix (l'intention de l'artiste ou le regard que l'on porte sur elle). Le scénario brouille les cartes, s'offre plusieurs révolutions.
-
Le film déroute, mais sans jamais tout à fait égarer le spectateur. Après un début intrigant, le marivaudage amer (qui évoque à sa façon Voyage en Italie, de Rossellini) manque un peu de hauteur d'écriture. La vérité du film est sans doute à chercher ailleurs : dans l'interprétation de Juliette Binoche, d'abord, qui compose un personnage de quadra pas tout à fait paumée, pas tout à fait vulgaire, pas tout à fait hystérique... La rumeur veut qu'Abbas Kiarostami ait mis aussi de lui dans le rôle masculin. Les personnages en diraient-ils plus long qu'on ne le croit sur ceux qui les ont inventés ou inspirés ? Pas sûr tout de même que le faux Kiarostami (celui de Toscane) soit supérieur à l'original iranien.