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Renouant avec un cinéma social et politique qui a retrouvé sa force avec Gomorra, deMatteo Garrone (2008), le réalisateur dresse le portrait d’un juste épris de vérité, que la police et la justice, impuissantes, encouragent à monter en première ligne. Fils de Dino, Marco Risi se montre ici le digne héritier de... Francesco Rosi, auquel il rend hommage dans une scène de confrontation au tribunal rappelant un moment-clé de Main basse sur la ville. Il est vrai qu’en Italie rien ne semble avoir changé côté spéculations immobilières entre 1962 et 1985 (et on a l’impression que le film pourrait tout aussi bien se dérouler aujourd’hui). Histoire vraie, chronique d’une mort annoncée (dès les premiers plans), Fortapàsc invente, en une scène de gifle hallucinante, une nouvelle manière de raconter la violence.
Toutes les critiques de Fortapasc
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Evitant toute morale lourdingue, ce polar dérange ainsi par son aisance à plonger la caméra dans la plaie. Le film à succès Gomorra trouve un complément idéal dans ce fort Apache, chronique de la pieuvre, toujours active au soleil noir de Campanie.
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Giancarlo Siani a réellement existé. En 1985, à 26 ans, il a été abattu de dix balles de revolver. Fortapàsc relate les quatre derniers mois de son existence. Fils du cinéaste italien Dino Risi (Parfum de femme), Marco Risi montre Siani non pas comme un héros flamboyant, mais dans sa lutte au quotidien contre la Camorra. Son combat ne sera pas vain: en 1997, ses assassins sont arrêtés et ceux qu’ils dénonçaient à longueur d’articles condamnés à de lourdes peines de prison.
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Moins puissant que Gomorra (2008) de Matteo Garrone en raison d'une réalisation trop sage, Fortapàsc poursuit la dénonciation d'un système vicié avec une pugnacité forçant la sympathie.
On a rarement vu un tel rassemblement de gangsters beaufs bling-bling aussi ringards que dangereux. En refusant de les glorifier, Marco Risi rend un hommage d'autant plus vibrant à Giancarlo Siani.
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Marco Risi (fils du grand Dino) s'avère un conteur efficace, avec cet ingénieux montage parallèle : réunion de mafieux d'un côté, conseil municipal houleux de l'autre, guerre de faisans dans les deux cas. Les « camorristes » fournissent au film son lot de personnages hauts en couleur, mais le cinéaste et son acteur principal, Libero De Rienzo, veillent, surtout, à ce que Siani, l'apprenti journaliste, ne soit pas un héros. C'est un type ordinaire, pigiste rêvant d'un CDI, qui fait son boulot, juste un peu mieux que les autres. Y a-t-il des Siani aujourd'hui ? Vingt-cinq ans après sa mort, presque rien n'a changé. Il y a toujours quelque chose de pourri en République italienne...
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Evoquant le parcours du journaliste lors des quelques années qui précèdent son assassinat, le réalisateur échoue sur toute la ligne, depuis le scénario bancal qui aligne un cliché après l'autre jusqu'à l'interprétation mièvre au possible de l'acteur principal, en passant par une mise en scène à la fois aussi hideuse qu'inefficace, qui dénote le piteux état d'une production cinématographique italienne gangrenée en majeure partie par les normes d'une télévision très bas de gamme.
Pour ne prendre qu'un exemple, parmi beaucoup d'autres, hélas, la manière dont le film rend compte du travail d'enquête du journaliste tient plus de la magie que de la réelle prise en compte des exigences de ce métier.
Ce manque de vraisemblance (qui s'applique au demeurant à tous les personnages du film) serait encore pardonnable s'il servait une tension dramatique ou une vision dignes de ce nom, ce qui est loin d'être le cas. Il est à craindre que cette faiblesse renseigne sur la manière dont le réalisateur envisage son propre travail de cinéaste.