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Avec son leader mystique au crâne rasé (Woody Harrelson, toujours aussi impressionnant et surprenant) dirigeant des soldats dingos aux treillis bardés de slogans comme "un bon singe est un singe mort", l'appropriation d'Apocalypse Now et Full Metal Jacket par La Planète des singes -Suprématie est beaucoup plus satisfaisante que celle, superficielle et toc, de Kong : Skull Island au printemps dernier. Parce que le réalisateur Matt Reeves cherche à procéder par soustraction plutôt que par surenchère, en choisissant de vider l'espace (la neige et le blanc dominent l'écran) pour donner à l'ultime combat des singes et des hommes toute son ampleur apocalyptique, et ce dès la scène de bataille fulgurante en ouverture, qui joue à merveille entre le silence et le bruit, entre le trop et le pas assez -ce qu'exprime brillamment la photo désaturée, jamais tristement grisâtre, du chef op Michael Seresin (Midnight Express, Angel Heart).Si le dernier tiers du film, un poil longuet cependant, évoque La Grande évasion et les films de prisonnier de guerre Seconde guerre mondiale, Suprématie reste au fond une relecture de l'Exode biblique version SF, le film reste un film de guerre sec, froid et brutal, doublé d'un triomphe technique -les singes sont encore plus hallucinants de réalisme que dans les deux films précédents, et le talent d'Andy Serkis et des techniciens de Weta atteignent ici une espèce d'apothéose. Une bonne nouvelle pour conclure : si Suprématie parvient à une fin ouverte qui se connecte explicitement avec la saga d'origine (oui, celle avec Charlton Heston), c'est aussi une véritable fin pour la trilogie, qui pourrait donc s'achever ici avec les honneurs. En ces temps où le blockbuster ne s'envisage qu'en épisodes de cinematic universe, le fait qu'une franchise choisisse de s'achever pour de bon est suffisamment rare pour ne pas être salué.
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- La Planète des singes : suprématie
La Planète des singes : suprématie
Première
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