Toutes les critiques de La Princesse Du Nebraska

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Portrait tout en humilité d'une jeune chinoise assaillie par les doutes, La Princesse du Nebraska peut sembler effacé, mais c'est pour mieux coïncider avec la sensibilité de son sujet.Présenté par Wayne Wang comme le "film compagnon" de Un millier d'années de bonnes prières, La Princesse du Nebraska s'intéresse au séjour à San Francisco d'une jeune chinoise qui envisage de faire interrompre sa grossesse.Le film travaille la notion d'évanescence, dévoilant par micro-touches le caractère d'une jeune fille paraissant absente à elle-même. Nonchalante et effacée, Sasha symbolise un paradoxe moderne : si elle use et abuse des moyens de communication contemporains (portables, webcams), elle ne s'en retrouve pas moins confrontée à une profonde solitude. L'intérêt de Wayne Wang pour le désabusement que peuvent charrier avec elles les nouvelles technologies rappelle le Three times d'[people rec="0"]Hou Hsiao Hsien[/people] ; mais loin de la flamboyance de ce dernier, c'est avec une humilité discrète que La Princesse du Nebraska expose les difficultés qu'a Sasha à occuper l'espace.La liberté trouve bien sa place au sein de cet effacement, se manifestant par exemple dans les relations sexuelles qu'a Sasha avec une jeune femme. La confusion entre le masculin et le féminin constitue une constante du récit, comme lors de ce dîner où l'on prédit que la politique chinoise de contrôle des naissances favorisera bientôt les filles au détriment des garcons, qui ont trop longtemps régné en maîtres. Malgré la relative modernité des attitudes, le film finit par exposer les difficultés de Sasha à réaliser ses rêves. La libération progressive des moeurs ne permet pas un affranchissement total et l'expérience d'un pur libre arbitre devra attendre. Préambule mélancolique à une liberté qui tarde à venir, La Princesse du Nebraska repose sur un fragile équilibre, constamment au bord de l'effacement. Et il faut attendre les derniers instants pour voir le personnage sortir la tête hors de l'eau. Au son d'une chanson locale, sur un fond bleu qui évoque l'océan, Sasha s'approprie enfin l'Amérique, se mettant à l'habiter physiquement. Les identités multiples ont trouvé un endroit où cohabiter et le film ouvre un espace aux possibles. Il était temps...La Princesse du NebraskaDe Wayne WangAvec Li Ling, Pamelyn Chee, Patrice BinaisaSortie en salles le 30 juillet 2008Illus. © Diaphana Films - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil réalisateur sur le blog cinéma- Lire la critique de Ma mère, moi et ma mère 

  2. Paris Match
    par Christine Haas

    En réaction au premier film (Un millier d'années de bonnes prières) qui est élaboré avec sérieux, le second est souvent réalisé sur un mode instinctif et semi improvisé. Tel est le cas de ce portrait de femme, adapté d'une autre nouvelle de Yiyun Li, mais nettement moins abouti que le précédent. Bavard, agité, tourné de façon approximative avec des acteurs non professionnels égarés dans un docu-fiction aux couleurs criardes et à la musique agressive, le parcours alcoolique et sexuel de cette héroïne antipathique n'est pas très fascinant.