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Depuis son premier film (Little Odessa), James Gray a établi les bases de son univers : la filiation désagrégée, la fatalité, le conflit entre la loi et la famille. Sur une trame biblique, d’un noir sans fond, la Nuit nous appartient met en scène ces obsessions et surtout deux frères sans dilemmes, sans hésitations, mais qui souffrent et embrassent les enjeux d’un récit mythologique. Depuis l’époustouflante perf des acteurs jusqu'à la reconstitution du NY 80’s, depuis l’incroyable densité narrative jusqu’aux scènes d’actions éblouissantes, ce film rappelle que Gray est l'un des plus grands cinéastes « noir » d’aujourd’hui.
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Parlons de la richesse thématique du film, qui font dans une même sérénité majestueuse le quotidien documentaire, le drame psychologique et la puissance exemplaire de la tragédie classique; de l'inspiration de la mise en scène, qui excelle dans la sensualité à fleur de peau et de mots, l'action ou l'atmosphère; de la direction d'acteurs, enfin.
Toutes les critiques de La nuit nous appartient
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Cette séquence virtuose, comme le règlement de comptes final, rappelle directement French Connection, de William Friedkin, influence avouée de James Gray. On pense aussi à d'autres titres des années 70, sans que le film soit un « à la manière de ». La nuit nous appartient est une synthèse subtile de classique et de contemporain, où la fiction résonne avec le parcours de chaque acteur. Celui du monstre sacré Robert Duvall, bien sûr. Mais en voyant Mark Wahlberg, retiré dans son monde, on pense au fantôme de River Phoenix, le grand frère de Joaquin, comète fauchée en 1993. Le combat de Bobby/Joaquin, celui d'un survivant hanté, n'en est que plus troublant. C'est dire combien ce film qui assume pleinement le pathos a le pouvoir de déclencher en nous une multitude d'émotions fortes.
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Quel beau titre et quel beau film ! Le premier est emprunté à la devise de la police de New York (We Own the Night, La nuit nous appartient), le second est une des grandes réussites de la compétition cannoise. Après Little Odessa (1994) et The Yards (2000), James Gray, l'un des cinéastes les plus parcimonieux d'Hollywood, signe avec ce troisième long métrage une nouvelle oeuvre éblouissante autour du genre policier. (...) Depuis l'éblouissante tenue des acteurs jusqu'à la manière de ménager l'esprit et la chair, la pensée et l'action, ce film - dont le dernier mot, sanctionnant le rituel d'intronisation de la police de New York, est "amen" - nous rappelle que James Gray est l'un des plus grands cinéastes américains de notre temps.
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En personalisant à l'extrême l'affrontement entre deux entités antagonistes, le NYPD et le crime organisé, James Gray met en scène une tragédie classique, inspirée du modèle cornélien des Horace et des Curiace. Après Little Odessa et The Yards, La nuit nous appartient clôture brillamment une trilogie new-yorkaise aux couleurs sombres, dont l'authenticité pointilleuse nourrit l'intensité dramatique.
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Les quelques invraisemblances scénaristiques disparaissent devant l'urgence et le suspense des scènes d'action. Des moments intenses, techniquement magnifiques, comme la scène de sexe sur canapé avec la troublante Eva Mendès, la poursuite en voiture sous une pluie battante et le jeu de chache-cache avec la mort au milieu de roseaux enfumés, imposent cette nocturne viscérale et douloureuse.
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Le film tient tout autant de la tragédie grecque que du drame shakespearien. Les personnages semblent incapables d'échapper à leur destin, fait de souffrance et de violence. Une noirceur renforcée par la mise en scène serrée et totalement maîtrisée de James Gray.
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Très attendu, le dernier film du réalisateur de « Little Odessa » et de « The yards » raconte encore une noire histoire de famille et de vengeance, une tragédie antique réunissant un mauvais garçon mal aimé de son père, son frère discipliné et préféré, une famille vertueuse, rappelant le biblique « A l‘est d’Eden ». Magnétique, Joaquin Phenix campe un rebelle aux rêves dorés de réussite américaine, déchiré entre deux familles et le choix qu’il doit opérer. Sa rédemption, la reconquête de son identité et de l’amour des siens passent par une guerre féroce mais aussi par l’adieu à ses illusions, un retour xx dans le droit chemin. Dans des couleurs crépusculaires, cette ode nerveuse aux liens du sang et à la famille, ce film noir et sentimental s’inscrit dans la veine des puissants polars des seventies, comme en témoignent une traque en voiture d’anthologie et la puissance de l’interprétation.
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Après Little Odessa et The Yards, James Gray persiste et signe dans la veine noire avec ce polar plus classique mais tout aussi classieux.