Date de sortie Prochainement
Réalisé par Mona Achache
Avec Marion Cotillard , Marie Bunel , Mona Achache
Scénariste(s) Mona Achache
Distributeur tandem
Pays de production France
Genre Drame
Couleur Couleur

Synopsis

À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter pour rejouer sa vie et la comprendre.

Infos de la rédaction sur Little Girl Blue

Ce film est présenté en Séance Spéciale au Festival de Cannes 2023

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Critiques de Little Girl Blue

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    « Petite fille triste ». « Little Girl Blue » c’est cette sublime chanson de Rogers et Hart qui racontait l’histoire d’une gamine malheureuse, assise sous la pluie, et n’ayant personne sur qui compter. Nina Simone, dans sa version lente de 59, tenant autant de la complainte adulte que de la comptine enfantine, lui conférait sa solitude déchirante et son désespoir vécu. Mais Mona Achache utilise, elle, la version de 69 de Janis Joplin qui lui donnait une brutalité rageuse, brûlée au whisky et au LSD, rebelle, tendre et fugueuse. C’est tout cela qui irrigue son beau film. Little Girl Blue s’ouvre sur une montagne de documents : des lettres, des photos, des carnets, éparpillés dans un appartement et progressivement épinglés au mur par la cinéaste. C’est le chaos. Une vie résumée en un puzzle de pièces disparates et incohérentes. Le montage est fébrile. Entre malaise et curiosité, Mona Achache exhume, quelques années après son suicide, l’histoire de sa mère. Et remonte le fil. Sa grand-mère, Monique Lange, scénariste et écrivaine, travaille chez Gallimard et gravite dans la galaxie germanopratine (Genet, Semprun…) où elle entraîne sa fille, Carole Achache. A ses risques et périls. Et très vite, le chaos laisse place au vertige. Le récit familial devient celui d’un trauma qui va se recomposer sur trois générations et que chaque femme transmet à la suivante. Pour conjurer ce cycle infernal, la réalisatrice décide donc d’en effectuer l’archéologie et choisit de faire revivre sa mère.  

    Entre alors l’actrice. Marion Cotillard sonne à la porte, invitée à se mettre dans la peau de la mère défunte. Elle doit d’abord revêtir vêtements, perruque, lentilles pour s’approcher le plus possible de son modèle. Elle doit ensuite apprendre et réciter en playback des interviews retrouvées. Tout est permis dans cet exercice d’appropriation extrême (vampirique presque) et Mona Achache va d’abord diriger très scrupuleusement la star avant, parfois, de se faire dépasser (par les émotions autant que par la comédienne – qui signe ici sa plus grande performance depuis des années). Le docu familial mute alors en « Cotillard Movie » avant de faire des allers-retours entre ces deux extrêmes. Et ce ne sera pas le seul mouvement dingue de cette fresque estomaquante. On ne racontera pas ici les découvertes successives qu’on fait en progressant dans cet entrelacs de souvenirs. On se contentera de noter que comme dans Les Filles d’Olfa, Little Girl Blue mêle donc reconstitution et réalité, raconte autant la préparation que l’exécution d’une fiction autour des femmes Achache. Tandis que la parole circule et que les images d’archives se mêlent aux reconstitutions, les tabous sautent, les blessures remontent du passé, les monstres apparaissent et envahissent cet appartement haussmannien qui se fige, devenant à la fois une caverne (platonicienne), une cachette, une scène et la matrice d’un long rêve consolateur.  

    Malgré le dispositif conceptuel balèze, l’émotion submerge tout à mesure que la mère d’abord fantasque se transforme en victime dans des scènes poignantes. Film d’une fille, mais aussi d’une femme, Little Girl Blue prend peu à peu la forme d'un essai plus vaste sur le silence et la malédiction. Sans doute parce que les thèmes qui l’animent sont puissants et puissamment déclinés (malédiction d’être femme dans un univers où l’homme est roi, malédiction d’être la fille d’un personnage de tragédie auquel font échos les refoulements de l'histoire) et qu’il se referme sur le sentiment d’une aporie douloureuse. Mais c’est surtout une déclaration d’amour au cinéma. Car cette réflexion sur la mémoire, les fantômes que nous portons et son dispositif vertigineux, rappelle le pouvoir de cette technique : enregistrer des traces ou créer des images qui résistent à la dissimulation ou à la disparition. Dans ce film-exorcisme, Mona Achache répond par une accumulation d'images, jusqu'à faire revenir une morte parmi les vivants. Balèze on vous dit.

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