- Fluctuat
Pour un petit séjour doux-amer, intense, au large des sentiers battus, My Summer of Love est le choix tout indiqué. Simplicité, soleil, intimité... Eclair carmin sur fond vert-gris, le film distille l'émotion en fuyant les schémas prédéfinis.
Mona est rousse, la peau pâle, une beauté particulière. De milieu modeste, elle vit seule avec son frère, ancien repris de justice en plein délire biblique, dans un bar qui n'a de joli que le nom : Le Cygne. Dans ce petit village du Yorkshire, les perspectives sont peu enchanteresses. Trouver un mari, faire une tripotée de bambins, travailler à l'usine ? Très peu pour Mona, qui s'ennuie ferme mais aspire à autre chose. Lorsqu'elle rencontre Tamsin, fille de bonne famille, brune, le teint hâlé, la beauté évidente, les deux semblent immédiatement se compléter. C'est l'été, il fait chaud, elles ont 16 ans, le temps est à tuer, chacune a ses blessures et ses secrets : tout est en place pour qu'éclose une amitié passionnée Le réalisateur et scénariste Pawel Pawlikowski ne s'est pas contenté du prix du meilleur espoir aux BAFTA 2001 (British Academy Film Awards) pour Transit Palace, il lui fallait la palme ! C'est chose faite avec My Summer Of Love, sacré meilleur film britannique par la même académie cette année. On ne s'en plaindra pas : touchant et authentique, son film respecte unité de temps, de lieu et d'action pour mieux atteindre une évidence dans l'intimité. Le scénario, librement adapté du roman d'Helen Cross, est sérieusement travaillé. Il se concentre sur l'essentiel, ne se perd ni en conjectures inutiles ni en dérives stériles, sans pour autant souffrir de vacuité. Déjà largement traité, le thème de l'amitié amoureuse, brûlante et cruelle comme seule l'adolescence le permet, est exploré à l'écart des clichés. Parce que la réalisation se concentre sur les figures concrètes de son sujet : un couple, une histoire, un contexte mais très peu d'à-côtés. D'ailleurs, l'histoire ne tient qu'en quelques lignes, et c'est cette écriture franche, directe et juste, qui capte l'intérêt.A son service, les deux jeunes protagonistes s'imposent à l'écran en refusant de cabotiner, de même que la mise en images, soignée, évite l'écueil de la tendance pseudo-réaliste, en équilibrant les séquences de caméra fluide à l'épaule par de gros plans fixes captant l'émotion. Même les paysages parlent La campagne anglaise industrialisée, a priori fade, se rehausse de notes vives, rouges, roses, comme en appui à l'affleurement d'une question : comment l'amour peut-il surgir au coeur de ces lieux sans joie ? En quelques plans, c'est tout le propos du film que l'on tient là, né d'une préoccupation chère au réalisateur semble-t-il, qui s'inquiète du mode de vie moderne soumis à l'économique plus qu'au ressenti ou aux convictions. Mais le discours est sous-jacent, assez subtil pour exister sans s'emparer de l'écran lourdement. Il est comme ça, Pawel Pawlikowski, tout en nuances pour faire passer ses vérités. Il a le don de modeler l'ambiance et de jouer sur le non-dit, se tient au plus près de la psychologie de ses personnages pour, sans jamais sombrer dans le pathos, exploiter leurs forces et faiblesses.My summer of love
Un film de Pawel Pawlikowski
Royaume-Uni, 2004
Durée : 1h26
Avec Nathalie Press, Emily Blunt, Paddy Considine
Sortie salles France : 22 juin 2005[Illustrations : My Summer of Love. Photos © TFM Distribution]
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My Summer Of Love