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Patchwork de tableaux absurdes et hypnotiques, comme autant de visions oniriques, froidement belles et chaleureusement drôles, de la condition humaine, "Nous les vivants", entre dans le prolongement du précédent film de Roy Anderson, "Chansons du deuxième étage" (2000). Mais tandis que ce dernier baignait dans un mysticisme et un rapport à la culpabilité chrétienne prompts à laisser certains spectateurs sur le carreau, Nous les vivants se révèle moins théorique et plus ludique (on y chante à loisir).Arrogance des riches, complaisance des pauvres, inaptitude au bonheur, égoïsme et manque d'empathie... La peinture, d'inspiration inégale, est aussi grisâtre (voire très noire) que profondément humaniste. Et nous encourage à mieux nous comporter les uns envers les autres, histoire que les bombardiers survolant la ville dans le superbe plan final ne lâchent pas leurs obus.
Toutes les critiques de Nous les vivants
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Roy Andersson a un univers visuel maîtrisé, parfois onirique, toujours stylisé, souvent fascinant, mais sa mosaïque laisse globalement perplexe. On en retient quelques gags, quelques visions, comme celle, d'un grand impact poétique, où une jeune fille rêve qu'elle épouse un guitariste rock. En voyage de noces, les jeunes mariés sont installés dans un studio faisant partie d'un immeuble qui se déplace comme un train dans les paysages et le long qu'un quai de gare. Superbe !
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Le film s'éteint peu à peu. A mesure que les saynètes s'allongent, il perd de la force comique qui était son principal atout. Car sa limite est claire : le regard strictement entomologique, l'absence d'empathie envers ces humains malmenés finissent par épuiser le brillant formalisme des débuts. On guette un moment de tendresse ou même un geste de transcendance : on l'espère à la fin du récit, quand les pauvres créatures ici observées se mettent à scruter le ciel. En vain : la chute, qu'on ne révélera pas ici, fait de Roy Andersson un cruel démiurge, un scrutateur implacable, mais aussi un type qui damnerait tous ses personnages pour un bon gag.
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Fidèle à son unique principe cinématographique, sa caméra immobile, Roy Andersson filme en plans larges une succession de tableaux vivants, sans souci de continuité narrative. De cette addition de situations sombres ou tragiques, montrées sous un jour systématiquement absurde, naît un étrange sourire (...).
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Ce film parle de l’Homme; de sa grandeur et de sa misère, de ses joies et de sa tristesse. Cet Homme tragique et comique nous fait rire et pleurer, il est notre beau miroir. Roy Andersson à qui l’on doit l’inoubliable « Chansons du deuxième étage » revient avec ce film insolite, loufoque. Les séquences s’enchaînent et nous découvrons une étonnante galerie de personnages, sur lesquelles planent de drôles de drames dans des brumes bien nordiques. Roy Andersson place avec génie ses personnages dans les décors de son film, un vrai régal. On peut voir « Nous les vivants » comme une merveilleuse suite de tableaux, tous plus beaux les uns que les autres, faits de situations cocasses et absurdes. Comme par exemple une grosse femme, casque à pointe sur la tête, chevauchant un homme qui lui parle de ses placements bancaires pendant leurs ébats, ou encore d’énormes et menaçants bombardiers survolant le dernier plan du film. Nous sommes bien dans l’univers d’un grand créateur, un Fellini qui s’en viendrait du pays d’Ingmar Bergman.