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« Non j'rentrerai pas, j'y mettrai plus les pieds dans cette taule… ». Elle gueule, la fille, bouche large ouverte, véhémente, larmoyante, révoltée. Le 10 juin 68 : aux usines Wonder de Saint-Ouen, les ouvriers reprennent le travail après la grève. A ce moment précis, des étudiants de l'Idhec tournent un film de 10 mn : une jeune ouvrière en colère entourée d'hommes tentant de la raisonner. C’est le point de départ d'un autre film : Hervé Le Roux décide de retrouver cette femme. L’enquête commence avec de nombreux protagonistes, qui ont vécu la grève ou travaillé chez Wonder. Portraits passionnants, itinéraires émouvants, drôles (parfois involontairement) se succèdent : syndicalistes, O.S., chefs d'ateliers, agents de maîtrise, étudiant Mao, sœur ouvrière, chef du personnel. La photographie précise d'une usine des années 60 se révèle, avec ses conditions de travail moyenâgeuses, Les Temps modernes de Chaplin. La nostalgie est aussi présente, de la solidarité qui régnait, la fierté d'avoir été une Wonder. Des 60 000 ouvriers de Saint-Ouen, de leur combat, de la classe ouvrière, que reste t-il ? Une fille qui crache tout un rêve écroulé. Un film politique passionnant de bout en bout.