GALERIE
Michael Wharley / © Michael Wharley 2019

La révélation de Sex Education et Eiffel crève l’écran en incarnant avec un charisme et une justesse renversante Emily Brontë. Elle raconte son processus de création de ce rôle.

Comment êtes- vous arrivée sur ce projet, premier long métrage mis en scène par la comédienne Frances O’Connor ?

Emma Mackey : Par un processus classique d’audition. En l’occurrence ici deux tours, le second en présence de Frances. C’est la première fois qu’on m’offrait la chance d’avoir un rôle principal dans un long métrage. Et quel rôle dans quel scénario ! Car ce qui m’a tout de suite sauté aux yeux, à la première lecture, ce sont toutes les couleurs du personnage d’Emily Brontë qu’avait su y développer.

Que connaissiez- vous d’Emily Brontë avant de l’incarner ?

Honnêtement ? Pas grand-chose… J’avais lu Les Hauts de Hurlevent et Jane Eyre plus jeune. J’avais aussi été fascinée par l’adaptation de Jane Eyre signée Cary Fukunaga avec Michael Fassbender et Mia Wasikowska. Par sa veine un peu gothique, discordante. Et j’ai tout de suite compris que Frances (O’Connor) voulait s’inscrire dans cette logique là- là : évoquer plutôt que raconter.

Comment on devient Emily Brontë devant sa caméra ?

D’abord de manière classique. J’ai relu Les Hauts de Hurlevent. Je me suis plongée dans la liste de biographies que m’avait envoyée Frances. J’ai regardé pas mal d’adaptations mais aussi Les Sœurs Brontë d’André Téchiné. Mais surtout je me replongeais régulièrement dans le scénario de Frances. Et petit à petit, j’en ai compris toute la dimension. Contrairement à ma première impression, son Emily était tout sauf un biopic mais une interprétation de sa vie, jouant avec les inspirations qui ont donné naissance aux Hauts de Hurlevent. Donc une fois ce travail préparatoire un peu scolaire effectué, j’ai compris que j’allais devoir lâcher prise. Aller contre ma nature en quelque sorte pour épouser le travail de Frances O’Connor qui, en jouant avec le fond, peut faire de même avec la forme : le son, les costumes… Il n’y a pas de code, pas de règle. Juste l’imagination de Frances à l’œuvre qui, pour avoir travaillé dix ans sur ce projet, maîtrise tout sur le bout des doigts et a une passion infinie pour elle. Son film raconte aussi cette passion- là

EMILY: EMMA MACKEY, HYPNOTISANTE [CRITIQUE]

Ce travail passe aussi par des répétitions ?

Oui, deux semaines qui ont eu une importance capitale, mêlant des cours de chant et de mouvements, des improvisations… C’est là qu’on a trouvé nos dynamiques de frère et sœurs avec mes partenaires. On vivait tous dans la même maison et ça a nous aidé à créer cette complicité entre nous présente dès le premier jour de tournage. Le plateau se situait au fin fond de la campagne, à une heure trente de route, dans des paysages à couper le souffle de majesté, avec un ciel très bas qui peut créer un sentiment de claustrophobie. Comme au milieu de nulle part. Cette ambiance entre nous m’a énormément aidée pour franchir les montagnes que ce rôle exigeait. Les nuances à trouver au jour le jour étaient complexes pour se hisser à la hauteur de la beauté et de l’exigence de Frances.

Qu’avez- vous aimé dans sa manière de vous filmer ?

Le fait que tout soit en lumière naturelle, dépourvu d’artifice. Sans maquillage. Je ne pouvais pas me cacher. Il y a une vraie mise à nu. On voit les marques sur ma peau. Je ne savais quand j’étais filmée en plan serré ou éloigné. On n’avait que 6 semaines pour tout mettre en boîte et on a été tous porté par cette énergie, cette intensité- là. Je n’ai pas eu le temps de me poser pour douter ! (rires) La spontanéité a joué un grand rôle dans ce projet. Avec au milieu de tout cela, Frances, son calme absolu mêlé à la sensibilité de l’actrice qu’elle est aussi. Frances vivait chaque scène. Elle te transmettait sa fougue et sa passion. Celles qui m’ont emportée quand j’ai découvert le film terminé.