Une grande Hilary Swank, de belles idées, mais une exécution sensibiliste qui risque d'agacer.
Après son remake du cultissime Perdus dans l'Espace et sa comédie déjantée Space Force, Netflix retourne dans les étoiles, avec Away, un drama spatial nettement plus terre à terre. Une histoire de voyage vers Mars, mâtinée de thématiques dans l'ère du temps sur le leadership féminin et cette idée qu'on peut être une bonne mère tout en menant une grande carrière de front.
Ce dilemme hante les nuits d'Emma Green, astronaute américaine qui part en mission vers la planète rouge pour de longs mois, en laissant sa famille derrière. Alors qu'elle prend le commandement de la toute première expédition martienne internationale, elle doit assumer en même temps l'absence qu'elle impose à son mari (Josh Charles) et à sa fille adolescente (Talitha Bateman), au moment où ils ont le plus besoin d'elle...
Pour incarner cette héroïne aux multiples facettes, Netflix a réussi à faire signer une actrice doublement oscarisée (pour Boys Don’t Cry et Million Dollar Baby). Et Hilary Swank, dont le talent a été quelque peu oublié ces dernières années, prouve qu'on peut encore obtenir de grands rôles après 40 ans à Hollywood. Brillante, touchante, et plein d'assurance, elle campe une cheffe à l'autorité naturelle, dans un monde où la domination masculine est aussi prégnante qu'historique. Away traite diligemment cette féminisation de la conquête spatiale, en n'hésitant pas à poser le sujet de front, dès le premier épisode. La prestance et l'aura de Swank font le reste.
Pensée pour inspirer, la série ne cherche pas tellement à mettre en exergue la prouesse aéronautique, mais plutôt à explorer la signification existentielle du voyage vers les confins du cosmos. Pour l'Humanité, évidemment, mais surtout pour les aventuriers qui acceptent ainsi de s'en aller vers l'inconnu et de laisser leur vie sur Terre, sans être tout à fait certain de la retrouver un jour... Un crève-coeur moral, qui pose de belles questions philosophiques et sociologiques, sur les choix qu'on fait, notamment lorsqu'on est une femme active.
Belle idée à la mise en orbite pour le moins laborieuse. Parce que Away ne parvient jamais à faire passer son message avec subtilité. Les auteurs s'acharnent, encore et encore, à nous montrer que partir dans l'espace quand on est maman, c'est un déchirement ! Soit. Mais à force d'enchaîner les interminables coups de téléphones larmoyants vers la Terre, les astronautes d'Away finissent par nous assommer dans une ambiance sensibiliste presque déprimante. Les scripts empilent des dramas artificiels pour rallier le but du propos initial. Une approche plombante, qui ne décolle pas beaucoup plus du côté de l'aventure spatiale, tant les clichés du genre s'accumulent, très vite. Avec son méchant camarade russe et sa glaciale collègue chinoise, la commandante américaine échappe à un accident mortel à chaque épisode, avant de se dire qu'elle aurait peut-être dû rester sur sa chère planète bleue avec les siens. Du cosmique de répétition.
Away, saison 1 en dix épisodes, à voir sur Netflix à partir du 4 septembre 2020.
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