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Il est sûrement rengorgeant de voir dans ce nouveau Rivette une allégorie de son œuvre, voire une réflexion sur son métier et sa position d’auteur toujours au-devant de l’adversité. Compromise par d’évidents soucis de production, cette balade autour du célèbre pic cévenol dresse hélas un panorama bien riquiqui d’un cinéma obsédé comme toujours par les spectres, les masques... Ce ratage surprenant dans la carrière du maître octogénaire laisse une impression glaçante.
Toutes les critiques de 36 vues du pic Saint-Loup
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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En ceci, on peut dire que 36 vues du Pic Saint-Loup est un art poétique ; Rivette pense la place du spectateur en même temps qu'il montre comment un spectacle peut réussir et un film commencer, par le rire solitaire d'un spectateur de hasard. Retour aux fondamentaux.
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La beauté du film réside moins dans la résolution de son mystère que dans sa patiente exposition. A l’intensité inquiétante des scènes de cirque répond la vie des saltimbanques en dehors du cirque, qui ressemble aussi à un petit théâtre, mais en plein air, où chacun récite ses peines et ses chagrins, tandis que le vent fait bruisser les branchages et que s’écoule l’eau des rivières.
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Tourné dans une économie qu'on imagine drastique, «36 Vues du pic St-Loup» touche par sa souffrance larvée, sa pudeur et sa simplicité.
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Toute la force du film tient dans la merveilleuse séduction de ce naïf récit de catharsis, en vertu duquel le cinéaste revient aux sources foraines de son art et nous entraîne dans la magie de ses faux-semblants et de son authentique passion. Manifeste modeste du cinéma selon Rivette, ce film suggère que l'art ne nous aide réellement à vivre qu'en côtoyant les gouffres - du pic de Saint-Loup, par exemple.
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Tout est bien qui finit bien comme dans un conte et les personnages saluent, un à un, pour mieux annoncer le dénouement. Heureux. A l'image de ce film, transparent et irisé comme une bulle, qui détruit, par sa seule grâce, nos cauchemars d'enfant.
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On ne manquera pas d'y lire la mixture de l'art et de la vie enfin réalisée, qui seule donne sens à l'étrange conclusion d'Alexandre : "Tout est bien qui finit bien!"
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Rivette, qui s'est toujours intéressé au théâtre comme révélateur de la vraie nature humaine, se consacre pour la première fois au cirque. Ce lieu mouvant par essence, il l'arrime au sol et le découpe en tranches de numéros fixes, composés d'acrobaties sobres et de clowneries absurdes.
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Le fond et la piste, c'est ce qui résumerait simultanément les paresses du scénario de 36 Vues du pic Saint- Loup et les réussites de sa mise en scène. Le cirque est un décor à double tranchant, le film n'y échappe pas. La troupe de celui-là, en bout de course, est resserrée sur une poignée de personnages qui tournent en rond dans l'ambiance désuète des caravanes et du chapiteau. Chacun a ses fatigues ou ses blessures, la piste devient le lieu où elles se rejouent et cherchent à s'annuler dans le mélange de pudeurs et de brutalité propre à l'art des clowns et des acrobates.
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Les acteurs y jouent leur partition avec fraîcheur et modestie, à l'image du personnage interprété avec gourmandise par Jacques Bonnaffé. Mais la relative fadeur des dialogues signés Pascal Bonitzer et la joliesse hâtive de cette carte postale héraultaise font regretter les audaces luxuriantes de la hache.
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Opposant l’ensoleillement de la région Languedoc et la noirceur de cette piste aux étoiles, Rivette nous invite à réfléchir sur la nécessité de s’abandonner à la rêverie et de ne jamais se cantonner au réel. [...]Doté de dialogues inspirés de Pascal Bonitzer, 36 vues du Pic St-Loup n’est sans doute pas le meilleur film de son imposant auteur, mais il propose une sorte de récréation estivale qui, par sa courte durée et l’intelligence de son propos, ravira ceux qui s’aventureront dans les salles, aussi obscures qu’une piste de cirque, afin d’y trouver leur part de rêve.
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Jane Birkin est étonnante et surprend avec un ton, un phrasé qu’on ne lui connaissait pas; Sergio Castellito, comme toujours, est juste dans ses drôles et troublantes quêtes ; André Marcon est, quant à lui, magnifique et intrigant. Quelle belle équipe, quelle jolie bande à part ! Oui, une humble et pourtant grande leçon de cinéma et de vie.
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Face aux marivaudages paresseux des uns et aux tragédies ridicules des autres, on compte les vues du pic Saint-Loup (au demeurant splendides) en espérant que la trente-sixième arrivera vite. Ça tombe bien : pour une fois, Rivette a fait court...
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Mystères et vaudeville dans une troupe de saltimbanques. On cherche encore le sujet et l'intérêt du film.
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Il serait sans doute de bon ton de crier au génie puisque ce film est signé de Jacques Rivette, réalisateur de «Paris nous appartient» et autre «Belle Noiseuse». Il est plus honnête d'affirmer que cet exercice de cinéma, pourtant traversé d'acteurs aimés, fonctionne en permanence avec un frein à main. Le pic cévenol se révèle un sommet d'ennui et d'un manque total d'intérêt.
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Une Birkin douloureuse traine son mal de vivre sur fond de numéros de clowns même pas drôles et de jolies routes cévenoles.