-
Formellement abouti, ce film très sombre, baroque et violent, s'inscrit dans la veine du cinéma d'Olivier Marchal. Mais contrairement à ce dernier, Berry s'attache davantage à l'action qu'à la psychologie. Il y avait pourtant, dans cette histoire d'ex-amis d'enfance devenus ennemis, un potentiel dramatique fort, maladroitement exploité.
Toutes les critiques de L'Immortel
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Tourné avec ampleur dans un Marseille sublimé, cet Immortel remplit le cahier des charges propre au genre. A une exception près : on ne tremble pas assez devant le bad guy de l'affaire, interprété avec un peu trop de zèle par Kad Merad.
-
Ce n'est pas un film de plus sur la mafia marseillaise, c'est d'abord un film sur la force du destin, celui d'un homme en particulier (...). Richard Berry a fait le choix de muscler sa direction d'acteurs, et cela ajoute beaucoup à la tension du film. La violence l'emporte souvent, mais, au milieu de tous ces rôles masculins, celui d'une femme flic, interprétée par Marina Foïs, émeut par sa justesse.
-
La clé du film n'est autre que Jean Reno lui-même. On le retrouve là comme on l'avait laissé avec Léon, colosse indestructible, puis l'instant d'après, humain et terriblement vulnérable. Il habite ce personnage avec une aisance redoutable, sans nécessairement chercher la performance à tout prix. Cette sincérité se lit aussi dans les yeux de ses partenaires, de Jean-Pierre Darroussin (l'ami d'enfance) à Marina Foïs (la flic alter ego de Matteï), exemplaires en "sidemen" de cette partition aux airs de standard intemporel.
-
Richard Berry réalise, d’après le roman de Franz-Olivier Giesbert, un polar haletant, son « Grand pardon » de cinéaste. Son film nous permet d’admirer un Kad Merad redoutablement efficace dans le rôle d’un parrain marseillais cynique et déterminé, un ami du crime qui ne souhaite pas vraiment la bienvenue à ses hôtes dans les Bouches-du Rhône. Dans « L’immortel », Notre-Dame de la Garde ne veille plus sur les docks chers à Jacques Demy et Paul Carpita, pas plus qu’elle regarde avec bienveillance l'Estaque, le quartier de Marius et Jeannette. Ce Charly, personnage inspiré par la figure du milieu marseillais Jacky Le Mat et interprété par un Jean Reno surprenant, devient cet homme qui, impérativement et définitivement, veut tourner les pages du livre de sa vie, tachées comme il le prétend, par un sang versé qui ne sèche jamais.
-
Jean Reno porte L'Immortel de Richard Berry sur ses épaules massives. Ce polar rythmé démontre par l'exemple que les Français tiennent leur rang dans le domaine du cinéma d'action.
-
Au final, l’adaptation du roman de Franz-Olivier Giesbert est indéniablement une bonne surprise, supplantant largement Taken et consorts dans le genre balisé du film d’action bessonien. Reste maintenant à Berry, pour devenir un vrai grand, d’opter pour plus de modestie, car avec une réalisation moins ostentatoire, il pourrait vraiment briller. En tout cas, il peut au moins s’enorgueillir de proposer aux spectateurs son meilleur métrage, dépassant le sympathique Moi, César, 10 ans... d’une courte tête.
-
Le film tente prétentieusement de tutoyer les étoiles mais pédale rapidement dans la semoule, partagé entre sa face Jean Reno et sa face Kad Merad.
-
(...) poursuites labellisées EuropaCorp, dialogues pleins de lyrisme de supermarché et scénario trop noir pour être crédible. A part Reno, plus vrai que nature, chacun semble se demander ce qu'il fait là. Nous aussi...
-
Si Jean Reno a vraiment la gueule de l'emploi en truand old school, Kad Merad, enfin en rupture de comédie, ne convainc pas. Côté réalisation, le classique 100% viril tient la barre.
-
(...) L'Immortel, inspiré du roman de Franz-Olivier Giesbert, digère mal ses références et confond le baroque avec la complaisance. La trahison, dans un film noir, ça a toujours de la gueule : ce n'est que lorsqu'il filme le visage, couturé et las, de Jean Reno qu'il renonce à son style haché et ampoulé. En mafieux « à l'ancienne », l'acteur s'impose sans forcer. Kad Merad, par contre, n'est pas crédible en méchant névropathe. Inspectrice de police veuve et légèrement alcoolisée, Marina Foïs traverse, hébétée, ce thriller marseillais ultraviolent : on la comprend.
-
A coups de zooms avant-arrière, travellings gauche-droite, épilepsies de la caméra et montage parallèle, L’Immortel ressemble à une bande-annonce : un enchaînement d’extraits laissant entrapercevoir des stars, des flingues, des grosses bagnoles et des phrases choc à voix grave (“Le sang versé ne sèche jamais”) sans jamais s’attarder. D’où un récit sans répit, faussement tendu, des personnages inodores et de la musique pompière inondant chaque plan. Du remplissage, quoi.
-
On avait vu ce genre ressusciter une première fois dans les films des années 1980 (parmi lesquels La Balance, ou Spécial police, avec Richard Berry). Le voilà qui revient avec L'Immortel, tout empreint d'une fascination ébahie pour les turpitudes des truands et leur code d'honneur, contrebalancée par un respect pour les policiers honnêtes, représentés par le commandant Goldman (Marina Foïs). Le plaisir de l'exécution ne sera pas gâché pour autant, puisque le scénario - inspiré d'un roman de Franz-Olivier Giesbert, lui-même inspiré du destin de Jacky Le Mat, figure du milieu marseillais -, démonte ces plaidoiries, le remord est feint, la famille inexistante. Mais le spectacle moralisateur de la violence est bien là.
-
L'idée de faire de Kad Merad une sorte de sucédané burlesque et filandreux du Joe Pesci ultraviolent des Affranchis aurait pourtant pu réussir si une seule ligne du scénario venait contredire l'étouffant sérieux des intentions. Chez Besson, la beauferie purulente (les scènes de réglements de compte qui ressemblent à des scènes de beuverie pour nouveaux riches ), la prétention à la grandeur (façon hymne de la Ligue des Champions) et la nullité de la mis en scène (ah, ces accélérés de sous-manga qui se rêvent en griffe d'esthète) ramènent en permanence à l'absence monstrueuse d'imaginaire qui demeure la grande particularité de l'usine Europacorp. Sans l'arrogance bicéphale qui le porte (Berry / Besson), L'Immortel ne serait probablement qu'une petite contrefaçon de série B se rêvant plus belle qu'elle n'est (Navarro versus Le Parrain). Mais tant d'impuissance dissimulée sous une telle concupiscence droitière en font une agression d'une rare violence contre l'idée même qu'on peut se faire du cinéma populaire.