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Huit ans après Le Jour où Dieu est parti en voyage, qui nous plongeait dans l’horreur du génocide rwandais, Philippe Van Leeuw s’attaque à la guerre en Syrie dans son second long-métrage. Le réalisateur belge, qui démarra comme chef op’ sur La Vie de Jésus de Bruno Dumont, nous raconte le conflit à travers l’histoire d’Une famille syrienne, qui se barricade dans son appartement avec des voisins et subsiste en se rationnant. Il n’y a pour eux que deux options : fuir avec la honte, ou rester en risquant sa vie. Van Leeuw “anonymise” le conflit (la Syrie n’est jamais nommée, on ne sait pas qui tire sur qui) pour mieux nous faire vivre la réalité et l’absurdité de la guerre : qu’importe l’identité des belligérants, les civils demeurent les premières victimes, et elle se moquent bien de savoir à qui appartiennent les balles et les bombes. Comment vivre au quotidien sous une menace permanente, avec la litanie du bruit des explosions et des tirs, toujours plus proches ? Seuls la résilience et l’espoir qu’un jour la guerre s’arrête et laisse place à la paix permettent de tenir le coup. Mais jusqu’à quand ? Préférant montrer les émotions que les charniers ou les immeubles éventrés par les missiles, Philippe Van Leeuw livre là un film poignant, quoiqu’un peu austère, sur l’atroce banalité de la guerre. Et semble nous poser cette question simple mais cruciale : pourrions-nous supporter une telle vie ?