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Mélange de comédie noire et de fantastique, Touristes suit un couple d’amoureux au cours d’un périple meurtrier dans la campagne anglaise. Son metteur en scène, Ben Wheatley, y affirme un ton incisif très personnel qu’il a mûri au gré des galères et des expérimentations. Très cinéphile (ses références vont d’Alan Clarke et Peter Watkins à Quentin Tarantino, en passant par Stanley Kubrick), il survit au début des années 2000 grâce à des boulots alimentaires, avant de créer avec sa femme le blog Mrandmrswheatley. Ensemble, ils y postent des courts métrages d’animation dont la qualité leur assure un public croissant ainsi qu’une quantité de commandes, notamment pour des publicités et des séries télé comiques à partir de 2007. C’est à cette époque que Wheatley rencontre les comédiens Alice Lowe et Steve Oram, auteurs et réalisateurs d’un court métrage sur un couple d’assassins errants. Un jour, ils lui proposent d’en faire un long. Il accepte tout de suite, sans avoir lu le scénario. En 2009, il réussit enfin à réaliser (en huit jours) son premier film, Down Terrace, suivi assez rapidement par le thriller Kill List. Le succès critique aidant, Touristes reçoit enfin le feu vert.Itinéraire BisKill List et Touristes ont en commun certains éléments de leur intrigue (le voyage, l’exploration de l’Angleterre et les références païennes), mais aussi une même structure composée de deux parties symétriques. Dans Kill List, la "scène du marteau", au cours de laquelle un tueur à gages fracasse la tête d’un homme qu’il doit liquider, arrive exactement au milieu du film et agit comme un point de bascule. Le script de Touristes incitait à procéder de la même façon et Wheatley en a tenu compte au montage, faisant se répondre, autour de la "séquence des menhirs", deux meurtres, deux scènes de danse ou encore deux rêves. Le réalisateur a étendu le système à la BO, utilisant deux versions différentes de Tainted Love et de Season of the Witch, chacune signalant un niveau de réalité distinct. L’astuce est efficace parce qu’elle incite à revoir le(s) film(s), juste pour vérifier.Gérard Delorme