3 | Septembre sans attendre La rencontre, le premier rendez-vous, les premières confessions… Quelques éléments qui font d’un film une comédie romantique par excellence, mais que Jonás Trueba prend plaisir à esquiver. Lui préfère filmer le désamour, raconter la fin d'une idylle plutôt que son début, en pointer du doigt la beauté. Mieux : il le dédramatise. Car ici, pas d’amertume entre Ale et Alex (Itsaso Arana et Vito Sanz, comédiens fétiches du cinéaste), mais un lâcher- prise alors que le couple décide d’organiser une grande fête pour célébrer leur rupture. Car comment, sinon, se dire au revoir ? |
Lucie Chiquer |
La nuit se traîne Nouveau talent du cinéma de genre belge, Michiel Blanchart avait réussi un coup de maître avec son court métrage T’es morte Hélène, comédie d’épouvante short-listée aux Oscars qui a entre autres tapé dans l’œil de Sam Raimi. Le même type de générosité débridée anime le premier long métrage du cinéaste, thriller d’action se passant quasiment en temps réel dans une Bruxelles nocturne où ont lieu des manifestations proches du mouvement Black Lives Matter. |
Damien Leblanc | |
3 | Dreaming walls C’est un lieu qui est entré dans la légende : tout au long du XXe siècle, des dizaines de personnalités, parfois célèbres, parfois encore méconnues, ont séjourné au Chelsea Hotel, à New York. Cette immense bâtisse de briques rouges où vécut un temps Patti Smith. Le visage encore poupin de la chanteuse et poétesse — qui a elle-même raconté ce lieu dans Just Kids, un récit autobiographique —, est capturé par une vieille caméra. Son enthousiasme sert d’ouverture à ce documentaire, que l’on sent dès les premières minutes emprunt d’une forte nostalgie. |
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2 | La Belle affaire Prenez deux acteurs allemands avec une belle carrière internationale (Sandra Hüller et Max Riemelt), ramenez - les au bercail et faites les jouer dans une comédie sociale située au lendemain de la chute du mur de Berlin. Qu’est-ce que cela donne ? Un film aguicheur dans un premier temps, qui rappelle plutôt bien que les ouvriers de l’ex-RDA ne vivaient pas dans un monde en noir et blanc où tout le monde tire la tronche. |
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Alienoïd- L'Affrontement Cinq mois après la sortie du premier volet en France, la saga Alienoid revient avec un deuxième épisode toujours plus ambitieux. Son héroïne, Ean, navigue désormais entre deux époques, le XIVème siècle et le XXIème siècle, pour combattre des aliens cherchant à s’emparer d’un pouvoir secret et infiniment puissant, qui menace le futur de notre planète. Comme dans le premier film, on ne comprend pas chose à l’intrigue, qui évolue lourdement entre des bastons superbement chorégraphiés et des blagues sans intérêts. |
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3 | Paradise is burning Nulle place ici pour un long temps d’exposition. Les trois héroïnes de Paradise is burning déboulent littéralement à l’écran. Sans faire les présentations. Une façon d’annoncer la couleur : ce qui compte pour elles, c’est ce qui se passe ici et maintenant et cette manière d’être toujours en mouvement, qu’elles volent dans un supermarché ou s’enfuient d’une piscine privée squattée avec leurs copines avant de se faire gauler. Elles sont trois : une ado, Laura et ses deux jeunes sœurs Steffi et Mira. Laura, l’aînée et la chef de famille car leur mère a quitté le domicile familial. |
Thierry Chèze |
2 | La Prisonnière de Bordeaux Il y a celle du désert de Ford. Mazuy invente celle de Bordeaux. Elles sont plurielles : la grande bourgeoise et la prolo, bientôt aimantées par une douleur (peu) commune : leur mari respectif est sous les verrous. Au centre, une belle maison entourée de barres d’immeubles à la place de la terre ocre de Monument Valley. Le western de classes sociales qui s’opère intrigue même si tout semble trop en place (les actrices, le décor, l’intrigue...) Alors on guette la faille. « Le monde est dur » apprend-on, les gens passent leur temps à mentir, se tromper. |
Thomas Baurez |
The Crow La formule magique John Wick a-t-elle réussi à arracher le reboot/remake de The Crow du development hell ? Le projet zonait avec la franchise du même nom dans les brumes DTV depuis des décennies (levez la main : qui a vu The Crow : Wicked Prayer avec Edward Furlong, Dennis Hopper et David Boreanaz en 2005 ?), et a vu passer bien des noms à son générique depuis qu'on en parle (c'était en 2008 - faîtes vos recherches…). |
Sylvestre Picard | |
3 | Blink twice Par un concours de circonstances, deux copines (Naomi Ackie et Alia Shawkat), qui bossent comme serveuses dans des galas mondains, se retrouvent invitées sur l’île privée d’un magnat de la tech (Channing Tatum), en compagnie d’une poignée de riches fêtards. Les deux jeunes femmes n’en reviennent pas de leur veine : l’île est paradisiaque, la bouffe délicieuse, le milliardaire adorable, ses amis très accueillants, le champagne coule à flot et les joints sont un peu plus gros chaque jour. |
Frédéric Foubert |
Zénithal Réalisateur en 2012 du remarqué court métrage La Bifle, Jean-Baptiste Saurel a choisi pour son premier long métrage d’offrir une suite à cette extravagante comédie d’action. On retrouve donc, plus de dix ans après, le couple formé par Sonia (Vanessa Guide) et Francis (Franc Bruneau), homme qui était dans La Bifle terriblement complexé par la taille de son appareil génital. |
Damien Leblanc | |
2 | Sylvanian families le film: Le Cadeau de Freya Ce mini film (dans lequel une petite lapine cherche le plus beau des cadeaux d’anniv’ pour sa maman) tout simple destiné au plus jeune des publics ne propose pas grand-chose d’autre que son apparence mignonne : et encore, on ne vous en voudra pas de trouver les jouets originaux encore plus kawai. Une animation en stop motion, avec les personnages en « vrai », aurait sûrement mieux servi la franchise que ces bouts d’histoire à la dérive. |
Sylvestre Picard |
1 | Rodéo Dans le top des pères célibataires nouant un lien avec leurs filles, on retrouve le Paul Mescal d’Aftersun, le Harris Dickinson de Scrapper… Et puis loin derrière, le papa camionneur de ce Rodéo, Serge Jr qui préfère kidnapper sa fille et l’emmener en road trip. Difficile en effet d’éprouver de l’empathie pour cet homme qui enchaîne les décisions douteuses, voire les conneries grotesques (laisser un gun à portée de main de Lily, 9 ans…). Et, par ricochet, le résultat se révèle peu attendrissant. |
Lucie Chiquer |
Project silence Un carambolage, un pont sur le point de s’effondrer, du brouillard à couper au couteau, quelques militaires désemparés, des chiens dressés à tuer sur commande et une poignée de survivants pour jouer la chair à saucisse : voilà à peu près le programme complet de Project Silence, film catastrophe à forte tendance série Z, projeté en séance de minuit lors du Festival de Cannes 2023. |
François Léger | |
1 | Hijo de sicario Comment échapper à la violence systémique engendrée par les cartels ? C’est à cette question que ce film tente de répondre, non sans redondance, en suivant sur plusieurs années le destin d’un jeune Mexicain après la mort de son père, tueur à gages déchu. Mais difficile de ne pas tomber dans le déjà vu. D’autant plus que le récit, fugace et dénué de tension, effleure son sujet et ne parvient pas à cultiver le mysticisme introduit en début de film. On en ressort finalement plus indifférent qu’envoûté… |
Lucie Chiquer |
3 | Girls will be girls Quelle année pour le cinéma indien ! Après All we imagine as light (premier film indien en compétition à Cannes depuis… 30 ans, sacré Grand Prix du Jury) et Santosh (qui a connu un joli succès cet été), ce premier long réussit à mêler récit d’apprentissage, chronique d’une relation mère- fille riche de troubles et de non- dits et portrait implacable d’une société de la société indienne où la menace de la violence masculine, née d’un sentiment de toute puissance, continue de faire des ravages. Son héroïne Mira a 16 ans. |
Thierry Chèze |
4 | Anzu, chat- fantôme Il débarque sans prévenir, sans magie, sans aucun mystère. Tant mieux, d'ailleurs : Anzu, chat errant devenu chat-fantôme (au Japon, on appelle ça un bakeneko : un « chat-transformé ») d'un monastère, est devenu en grandissant bien loin d'un Totoro empli de sagesse. Dumbphone autour du cou, juché sur un scooter qu'il conduit sans permis, il alterne les petits boulots (kiné, pêcheur) et les petites arnaques alors que son objectif de vie est d'écluser de la bière devant les machines à pachinko avec les gamins du village ou avec ses potes yokai (esprits japonais)... |
Sylvestre Picard |
Emilia Perez Ce fut l’un des sommets du festival de Cannes 2024. Emilia Perez en est reparti avec une double récompense : un prix d’interprétation féminine collective et le prix du Jury qui a permis à Jacques Audiard de compléter sa collection de trophées cannois après le Grand Prix d’Un prophète en 2009 et la Palme d’Or de Dheepan en 2015. Mais son dixième long métrage n’a rien d’une redite. |
Thierry Chèze | |
4 | La Légende de l'aigle chasseur de héros Qu’est-ce que ça vient faire dans votre été ? Une comédie kung fu de 1993 avec un casting royal (les deux Tony Leung, Maggie Cheung, Brigitte Lin…)… Déjà, ne vous fiez pas du tout à ce titre. |
Sylvestre Picard |
2 | La Mélancolie Son titre dit vrai. Dès l’entame de ce premier long, un sentiment de puissante mélancolie vous envahit pour ne plus vous lâcher, épousant ce que traverse son héroïne confrontée à la perte brutale de son amant dans un accident. Une femme qui, retournant à sa vie conjugale en faisant comme si cette relation n’avait jamais existé, va comprendre que plus rien ne pourra être comme avant si elle ne se confronte aux problèmes qu’elle a enfouis sous le tapis. |
Thierry Chèze |
3 | Golo et Ritchie Tout a commencé sur Snapchat, alors que Golo s’amusait à filmer son ami d’enfance Ritchie, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, dans le quartier de la Grande Borne à Grigny. Une complicité naturelle, évidente, qui a fait d’eux les stars des réseaux depuis 3 ans. Et tandis que les deux acolytes ont charmé la toile, ils entament maintenant leur conquête du cinéma. Plus qu’un simple récit de leur histoire, ce documentaire (co- réalisé par Ahmed Hamidi, le co- scénariste du Grand bain) suit Golo et Ritchie alors qu’ils décident de traverser la France en tandem. |
Lucie Chiquer |
Le Roman de Jim Le Roman de Jim ? Le roman de Karim, plutôt. C'est lui le centre de gravité, l'axis mundi de ce film-roman (adapté d'ailleurs d'un livre de Pierric Bailly) qui s'étale sur des décennies, où les personnages changent en bien comme en mal, s'attirent et se quittent, inventent et réinventent constamment d'autres formes de famille. Et donc, au coeur de tout ça, Karim Leklou, qui est un type de star en soi. |
Sylvestre Picard | |
City of darkness Drôle de bagarre : celle d'un film de baston 80s dans une ville-décharge, comme dans Limbo, cette ville-décharge qui obsède Soi Cheang. Drôle de bagarre et drôle de contraste, oui, mais finalement, le résultat est très cohérent. On dirait que pour le réalisateur, il ne s'agit pas de tourner un best of HK servile, un truc opportuniste ou une parodie : ne perdons pas de vue que la priorité du cinéaste reste de faire un film de baston qui cogne sévèrement. De ce côté-là, le contrat est parfaitement rempli. |
Sylvestre Picard | |
3 | The Instigators Si Hollywood ne cesse de se nourrir du cadavre du cinéma des années 80 (à ce stade, il ne reste plus grand-chose à boulotter), le buddy movie, genre pourtant très prisé à l’époque, n’a que rarement fait partie de cette entreprise de cannibalisme. |
François Léger |
1 | Borderlands « J’ai juste rédigé une première version du scénario, il y a des années. Depuis, ça a été réécrit et heu… ‘’transformé’’ », nous disait l'année dernière Craig Mazin, scénariste des séries Chernobyl et The Last of us. Effectivement, pas de trace de son nom au générique de Borderlands, transposition au cinéma du très rigolo jeu vidéo du studio Gearbox Software. |
François Léger |
Trap Revenu un peu malgré lui aux budgets modestes depuis 2015 et le très flippant The Visit, M. Night Shyamalan enchaîne les « petits » films avec l'ardeur d'un artisan jamais rassasié de ses créations. |
François Léger | |
3 | Tigresse Comment se remettre de la mort d’un bébé ? Vera, une vétérinaire, essaie de le faire en prenant sous son aile une femelle tigre arrivée dans son zoo. Jusqu’au soir où, ivre de rage après avoir découvert son mari en plein adultère, elle oublie de refermer la cage du fauve qui s’enfuit en pleine nuit. Tigresse va dès lors mettre en scène l’expédition du couple pour retrouver le félin avant qu’il ne commette des dégâts mortels. Une quête qui va aussi devenir celle de l’ultime tentative de ressouder les liens d’un couple partant peu à peu en lambeaux. |
Thierry Chèze |
3 | Almamula Dans les palettes de films de genre, celle d’Almamula est d’une grande noirceur, pas celle de la forêt argentine à l’éclairage quasi-sacré où son action se déroule, mais celle de la droiture sexuelle imposée par l’Église catholique du pays ou des péchés charnels d’un garçon de 12 ans. |
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3 | Petit Panda en Afrique C’est terrible, les préjugés : en s’engageant dans un film d’animation nommé Petit Panda en Afrique, on s’attendait à un avatar animé du soft power chinois où les animaux légendaires de l’Empire du Milieu s’en iraient sauver le monde, en commençant par l’Afrique. Fausse pioche ! Il s’agit en fait d’une relecture très rigolote du Roi Lion, où une bande d’animaux en tous genres (panda mais aussi singe), s’en vont sauver un petit prince félin des malversations de son oncle balafré. |
Sylvestre Picard |
3 | Dieu peut se défendre tout seul Dans notre monde où une actualité chasse l’autre, le devoir de mémoire devient un élément de plus en plus vital. Sans avoir à remonter forcément à très loin. C’est dans ce cadre que s’inscrit ce documentaire qui fait rimer deux temps longs, ceux de la justice et du cinéma en revenant sur le procès des attentats de janvier 2015 qui s’est déroulé en 2020. |
Thierry Chèze |
2 | Garfield: Héros malgré lui Créé en 1978 par l’auteur de BD Jim Davis, Garfield, le matou le plus paresseux et le plus gourmand de l’univers a été depuis le héros de 76 albums (le dernier Ras le bol ! est paru en octobre 2023) et connu voilà pile 20 ans sa toute première adaptation sur grand écran par Peter Hewitt. Celle- signée par Mark Dindal est déjà la cinquième, Garfield y voit ressurgir, après des années d’absence, son père biologique qui lui demande son aide pour cambrioler une laiterie et rembourser une dette. Et le personnage reste hélas fidèle à ses précédentes aventures. |
Thierry Chèze |