Le Dernier souffle
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Le Dernier souffle

A peine redescendu de son tour de France lellouchien (Finalement), Kad Merad, sans trompette mais en blouse blanche, fait ici le tour d’une autre question : la mort. Ce nouvel opus de Costa Gavras partage pourtant une même vision du cinéma donc du monde, totalement déconnectée des affres d’un présent maintenu hors de portée d’un territoire sous cloche (et un peu tarte). Plane surtout un même égo encombrant qui sous couvert d’altruisme recouvre un messianisme délirant où la parole et les gestes ont valeur de refuge pour humains en détresse.

Thomas Baurez
Les Damnés
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Les Damnés

Pour son premier film de fiction, le documentariste Roberto Minervini (Le Cœur battant) nous plonge au cœur de l'hiver 1862, pendant la guerre de Sécession américaine. Pas de coups de feu, ni d’assaut spectaculaire ici : le cinéaste raconte les temps morts d'une troupe de soldats qui attend l'ennemi. À travers sa mise en scène minutieuse, Minervini capture dans cette version yankee du Désert des tartares, le quotidien silencieux des militaires : leurs tours de garde, leurs discussions autour du feu ou l'entretien méticuleux des armes.

Gael Golhen
4 From Ground Zero

Après les attentats du 7 octobre 2023 et la riposte israélienne, l’idée de ce documentaire collaboratif a germé dans l’esprit de Rashid Masharawi qui, originaire de la bande de Gaza, a souhaité encourager les artistes de son pays à filmer. From Ground Zero réunit 22 très courts-métrages (de moins de dix minutes), réalisés sur place, avec les moyens du bord. A travers eux, le cinéaste palestinien laisse ainsi le champ libre à un peuple qu’on ne voit plus que dans des vidéos tragiques, relayées par les médias.

3 Bridget Jones: Folle de lui

Notre chère et tendre célibataire anglaise est de retour. Presque 10 années se sont écoulées depuis Bridget Jones Baby mais 2025 signe bel et bien le retour à l’écran de celle qui a fait rêver toute une génération.  Renée Zellweger, dans son rôle emblématique, y est sans surprise toujours à la recherche du prince charmant… A un ou deux détails près : Bridget Jones, 52 ans, est maintenant veuve et mère de deux enfants. Mark Darcy, décédé au cours d’une opération humanitaire, laisse derrière lui une famille en plein deuil. 

The Brutalist poster
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The Brutalist

Depuis combien de temps n’avait-on pas été à ce point saisi par un début de film ? A vrai dire l’ouverture de The Brutalist nous a quand même rappelé les rumeurs sonores, stridentes et explosives, de La Zone d’intérêt. Ou le plan-séquence du Fils de Saul. Deux films qui, d’une certaine manière, traitent d’une histoire commune, et explorent l’inhumanité. Ici tout commence par un générique monochrome dont la typo très Bauhaus s’inscrit à l’écran de manière fonctionnelle et répétitive. Puis vient le chaos.

Gaël Golhen
4 La Peine

De 2016 à 2022, le belge Cédric Gerbehaye est allé quasi régulièrement poser sa caméra entre les quatre murs de la prison bruxelloise de Forest, connue comme l’une des plus dures du pays. Six années le temps que l’annonce de sa fermeture devienne effective. S’il signe ici son premier long documentaire, Gerbehaye parcourt depuis des années le monde (et plus précisément les conflits qui le ravagent en Afrique et au Moyen- Orient) comme photographe.

Thierry Chèze
3 Mon gâteau préféré

En 2021, avec Le Pardon, ils ont signé un hymne déchirant à l’émancipation féminine qui leur a valu d’être assignés en justice en Iran. Frappés d’une interdiction de sortie du territoire, Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha signent avec leur deuxième long un film moins ouvertement politique car jouant brillamment à brouiller les pistes.

Thierry Chèze
4 The Flats

“Vous ne connaissez pas le Nord ? Alors, vous ne connaissez pas l’Irlande” déclarait un personnage de Mon Traître, un roman de Sorj Chalandon qui se déroule à Belfast. Et ce n’est pas Alessandra Celesia qui dira le contraire. Dans The Flats, la réalisatrice revient dans la capitale Nord-Irlandaise, et pose ses bagages à New Lodge, quartier réunissant la plus grande communauté de catholiques du coin où vit Joe, un irréductible républicain aux fantômes chevillés au corps.

3 La Chute du ciel

Ça commence par un plan fixe de près de 10 minutes. Au loin une jungle luxuriante, devant nous une plaine sur laquelle se distingue un sentier emprunté par une foule de personnes qui semble s’extraire d’une nature qui ne la protège plus. Les Yanomani, tribu indigène de l’Amazonie sise au Nord du Brésil est en mission pour faire entendre leur voix. Pour eux, chaque arbre que la société marchande coupe les rapproche inéluctablement d’une disparition. « … Et quand il n’en restera plus un seul pour soutenir le ciel, celui-ci s’effondrera. » préviennent les chamans.

Thomas Baurez
5 septembre
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5 Septembre

La prise d’otages et l’exécution d’athlètes israéliens par des terroristes palestiniens, lors des Jeux Olympiques de Munich, en septembre 1972, ont déjà été abondamment couverts par le cinéma, du documentaire oscarisé de Kevin Macdonald Un jour en septembre au Munich de Spielberg.

Frédéric Foubert
Maria (Angelina Jolie)
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Maria

Les biographies filmées embaument plus qu’elles ne libèrent des âmes, damnées par la volonté paradoxale de les faire (re)vivre. Piège du cinéma que peu assument. Milos Forman avec son Amadeus sur la corde raide entre iconoclasme (le rire perçant et grotesque de Mozart) et messe noire (l’affrontement fantasmé du prodige avec Salieri) avait transcendé par transfiguration le monument autrichien redevenu un freluquet sautillant et impertinent encombré par son génie.

Thomas Baurez
Paddington au Pérou affiche
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Paddington au Pérou

Paddington et la famille Brown partent au Pérou rendre visite à la tante Lucy, qui vit désormais dans la maison des ours retraités. Panique à l’arrivée : Lucy est portée disparue et Paddington et compagnie vont devoir partir à sa recherche à bord d’un rafiot conduit par un capitaine un peu timbré, joué par Antonio Banderas… Fallait-il délocaliser l’ours Paddington, et tenter de voir ce que donnerait son proverbial flegme british une fois propulsé dans un film d’aventures pour rire façon Indiana Jones ?

Frédéric Foubert
Presence
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Présence

Artiste hors pair, Steven Soderbergh est autant réputé pour sa Palme d’or obtenue à 26 ans (Sexe, Mensonges et Vidéo en 1989) que pour sa capacité à varier depuis les genres et les styles filmiques.

Damien Leblanc
La mer au loin affiche
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La Mer au loin

Le précédent film de Saïd Hamich Benlarbi, Retour à Bollène, durait à peine plus d’une heure et racontait quelques jours du voyage de retour d’un homme dans sa ville natale. Six ans plus tard, le cadre a explosé. La Mer au loin s’étale sur dix ans, de Paris au Maroc, et tient de la fresque à grande échelle. Bollène ou Paris, Vaucluse ou Méditerranée, même combat : il s’agit de voyager dans le temps et l’espace, aussi bien physique que mental, des exilés, d’où qu’ils viennent et surtout d’où ils se situent.

Sylvestre Picard
La Pampa affiche
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La Pampa

L'été approche dans le village de Longué. Jojo (Amaury Foucher, une révélation) et Willy (Sayyid El Alami, découvert dans Oussekine), deux amis "à la vie à la mort", se préparent au challenge censé définir leur avenir : gagner une course de motocross pour l'un et obtenir le Bac pour l'autre. Mais un secret lourd de conséquences les fera brusquement basculer à l'âge adulte.

Elodie Bardinet
God Save the Tuche (2025)
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God Save The Tuche

Après Monaco, les États-Unis et l'Élysée, les Tuche partent explorer la Perfide Albion. Sous prétexte d'un stage de football à Arsenal pour Jiji, le petit-fils de Cathy et Jeff, la famille prend le ferry pour s'installer quelques semaines en Angleterre. Les Tuche ont évidemment bien du mal à se faire aux coutumes locales (« Elles sentent la poiscaille, leurs frites », lâche Cathy devant un fish and chips) et au protocole lorsqu'ils rencontrent le Roi Charles III (Bernard Menez, pas mal du tout).

François Léger
4 Une nuit au zoo

Simple, basique. Un virus alien transforme les animaux d’un zoo en zombies. A l’origine du film, il y a une nouvelle de Clive Barker. Mais oui, c’est bien l’auteur de textes aussi gore, poétiques et torturés que Hellraiser, Imajica ou Midnight Meat Train dont on parle. Que les ligues parentales se rassurent tout de suite, la version cinéma est tout à fait adaptée au jeune public. Mieux que ça : c’est du cinéma d’animation de toute première qualité dont on parle.

Sylvestre Picard
2 Un monde violent

Deux frères magasiniers braquent une cargaison de smartphones. Mais le casse tourne mal, un homme est tué, et la fratrie criminelle va se déchirer, tandis que l’étau des flics se resserre… Pour son premier long-métrage, Maxime Caperan tente un polar tragique à la James Gray. Les prestations de Kacey Mottet-Klein et Félix Maritaud sont solides, mais on regrette que l’arrière-plan social ne soit brossé qu’à grands traits, et que des personnages secondaires intéressants soient abandonnés en cours de route, donnant à l’ensemble un goût d’inachevé.

Frédéric Foubert
3 La Mer et ses vagues

Suivant les pas d’une jeune femme et d’un musicien qui traversent Beyrouth par une nuit de pleine lune dans le but de rejoindre l’autre côté de la mer, Liana et Renaud signent un premier long métrage à la poésie foudroyante. Obnubilé par l’image d’un ancien phare niché au milieu de gratte-ciels modernes, le duo de cinéastes met en scène une touchante galerie de personnages et exalte les vibrations d’une capitale libanaise plongée dans l’obscurité mais encore habitée par des rêves de lumière.

Damien Leblanc
Affiche Julie se tait
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Julie se tait

Dans une ère où la parole des victimes de violences sexuelles et sexistes se déploie, il existera toujours des zones d’ombre. Face aux accusations portées à l’encontre de son entraîneur et les incitations répétées à témoigner, Julie, star montante du tennis, a choisi le silence. En épousant le point de vue de Julie, Leonardo Van Dijl saisit au vol le fragment d’une vie, la reconstruction silencieuse d’une maison intérieure, la tempête passée. Il observe patiemment le masque qui se craquèle, et l’emprise qui se défait.

Le Jardin zen
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Le Jardin zen

Mère d’un enfant désormais adulte, Yoriko vit seule et mène une existence très ordonnée. Mais lorsque son mari rentre à la maison après plusieurs années d’absence, cette épouse en apparence zen (et adepte d’un culte religieux) voit sa quiétude perturbée : cet homme qui l’avait abandonnée mérite-t-il sa compassion ? Sous des airs faussement calmes, la japonaise Naoko Ogigami réussit une furieuse satire sociale où l’héroïne, incarnée par la détonante Mariko Tsutsui, se libère avec jubilation des traditions machistes.

Damien Leblanc
Companion affiche
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Companion

Le réalisateur Drew Hancock s’était fait remarquer en 2022 en tant que scénariste du film d’horreur-phénomène Barbare, sur un séjour Airbnb qui vire au cauchemar. Companion se déroule lui dans une somptueuse demeure planquée au milieu des bois, ce qui semble confirmer un certain intérêt de Hancock pour l’immobilier.

Frédéric Foubert
2 April

Le sujet est fort (une obstétricienne géorgienne que la rumeur accuse de pratiquer des avortements illégaux après la mort d'un nouveau-né lors d'un accouchement), la mise en scène d’une grande beauté plastique. Et pourtant l’ennui guette au fil de ce deuxième long de Dea Kulumbegashvili (Au commencement) à cause d’un scénario artificiellement étiré et du côté poseur de sa mise en scène, s’enivrant de ses effets en faisant fi de tout effort de transmission. Le « film de festival » par excellence, forcément récompensé à la Mostra.

Thierry Chèze
Affiche Apprendre (Claire Simon)
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Apprendre

Le milieu scolaire passionne Claire Simon. Après Récréations (1992) et Premières solitudes (2018), elle a posé sa caméra dans une école élémentaire publique d’Ivry- sur- Seine, dont les élèves sont en grande partie nés de parents immigrés. Avec cette capacité toujours intacte de filmer à hauteur d’enfants, de ne jamais les surplomber par son regard d’adulte, la réalisatrice s’attaque aux idées reçues sur l’école, lieu source de fantasmes car interdit aux regards extérieurs, une fois ses portes fermées.

Thierry Chèze
Sing Sing
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Sing sing

“La prison est une usine qui fabrique des animaux humains” disait Edward Bunker dans La Bête contre les murs, plongée amère et violente dans le quotidien de Saint Quentin. Changement de taule et changement de registre. C’est à Sing Sing que se déroule le film de Greg Kwedar et le régime d’incarcération paraît plus ambigu, moins dur. Sans doute parce qu’on y suit John "Divine G" Whitfield, remarquablement incarné par Colman Domingo. Emprisonné à tort, ce détenu est au coeur d’un programme de réinsertion par le théâtre.

Gael Golhen
Affiche La Pie voleuse
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La Pie voleuse

Quoi de neuf sur le Vieux Port ? Rien ou presque. Des touristes-badauds aperçus à bonne distance depuis une rue adjacente où l’un des jeunes héros de cette Pie voleuse s’occupe avec sa femme d’une petite agence immobilière. Costard moche et attitudes marconistes. Rien à sauver, ou presque. Robert Guédiguian fait, on le sait, battre le cœur de son film éternel plus au nord, vers l’Estaque loin du centre-ville gentrifié. Plus au calme surtout.

Thomas Baurez
4 Slocum et moi

Jean- François Laguionie a signé son premier long métrage voilà 40 ans avec Gwen, le livre de sable. Ont suivi, entre autres, L’Île de Black Mor, Le Tableau, Louise en hiver… Autant de pépites d’animation qui ont en commun de ne jamais chercher à s’adresser à telle ou telle cible mais à offrir à chaque génération une porte d’entrée pour savourer les histoires qui s’y déploient. Le très autobiographique Slocum et moi ne déroge pas à la règle. Mieux encore, en 75 minutes, il parvient à y faire dialoguer trois récits différents.

Thierry Chèze
Un Parfait inconnu - affiche
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Un parfait inconnu

« Un parfait inconnu » : extrait des paroles de l’un des morceaux les plus emblématiques de Bob Dylan (Like A Rolling Stone), le titre de cette évocation filmique des années new-yorkaises sixties du chanteur tient lieu de feuille de route au scénario – c’est bien en parfait inconnu que débarque, un beau jour de 1961, dans le petit cercle bohême des amateurs de folk music, ce gamin venu du Minnesota, avec sa guitare sur le dos pour seul bagage.

Frédéric Foubert
Affiche de Vol à haut risque
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Vol à haut risque

Quand, même dans la plus B des séries B, un auteur parvient à injecter ses obsessions et à les rendre identifiables, c’est là qu’on le reconnaît, paraît-il. En l’occurrence ici : le portrait du tueur joué par Mark Wahlberg, obsédé sexuel sado-maso et grimaçant qui passe son temps à décrire les sévices qu’il rêve d’infliger à Topher Grace et Michelle Dockery, tout en subissant lui-même d’affreuses douleurs.

Sylvestre Picard
Affiche de Vol à haut risque
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Vol à haut risque

Quand, même dans la plus B des séries B, un auteur parvient à injecter ses obsessions et à les rendre identifiables, c’est là qu’on le reconnaît, paraît-il. En l’occurrence ici : le portrait du tueur joué par Mark Wahlberg, obsédé sexuel sado-maso et grimaçant qui passe son temps à décrire les sévices qu’il rêve d’infliger à Topher Grace et Michelle Dockery, tout en subissant lui-même d’affreuses douleurs.

Sylvestre Picard