Sofiane Bennacer et Valeria Bruni-Tedeschi
ABACA

Elle ne veut "pas mettre en lumière des personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence".

Le 16 novembre dernier, l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma dévoilait sa liste des 32 révélations, mais quelques jours plus tard, l'un des comédiens en était retiré : Sofiane Bennacer, mis en examen pour des faits de violences envers trois de ses anciennes compagnes, n'est plus en lice pour le César du meilleur espoir masculin pour le film Les Amandiers, de Valeria Bruni-Tedeschi. Depuis, le Bureau chargé de prendre les décisions concernant les prochaines cérémonies des César réfléchit à modifier son règlement, afin que des personnes accusées de violences ne soient plus invitées.

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La Chambre des Représentants (l’instance paritaire élue qui représente l’ensemble des branches professionnelles cinématographiques que compte l’Académie) ont ainsi réfléchi à plusieurs questions : "Quel serait le fondement d’une mesure d’empêchement de participer à la cérémonie ?", "Quel en serait l’élément déclencheur (mise en examen et/ou condamnation, nature et degré de gravité de l’infraction reprochée) ainsi que la durée de la décision ?", "Quels critères présideraient à la connaissance par l’Académie des infractions reprochées ?", "Quelle communication éventuelle serait faite du nom des personnes rendues temporairement inéligibles ?" Puis elle a publié un communiqué détaillant la nouvelle règle pour 2023, relayé par Le Film Français. Extraits.

"Devant l’ampleur et la complexité de ces questions, d’un point de vue moral et juridique, tout le monde s’est accordé pour dire qu’il fallait poursuivre la réflexion par la mise en place d’un groupe de travail dédié, auquel seront invitées toutes les personnalités, associations, ou autorités compétentes qu’il semblera utile au Bureau de l’Académie de convier pour éclairer le groupe de travail de leurs conseils ou de leur expertise (...) et un éventuel changement de Règlement de l’Académie sera proposé au vote selon les modalités démocratiques statutaires.

(...)

Sans présumer de l’issue de ce processus de réflexion, un consensus s’est dégagé concernant la Cérémonie 2023. Par respect pour les victimes (même présumées en cas de mise en examen ou de condamnation non définitive), il a été décidé de ne pas mettre en lumière des personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence. Ainsi dans l’hypothèse où à l’issue du 1er tour de vote, il serait avéré qu’une personne figurant sur la liste des nommés fait l’objet, soit d’une mise en examen pour des faits de violences, notamment à caractère sexuel ou sexiste, passibles d’une peine de prison, soit d’une condamnation en cours prononcée en raison de tels faits, cette personne ne pourra pas être invitée à la Cérémonie, ni à aucun des événements qui lui sont associés et qui sont organisés par l’Académie des César.

(...)

Une mise en retrait qui exclura également toute prise de parole 'au nom de cette personne' lors de ces mêmes événements - y compris si un César devait lui être attribué à l’issue du second tour de vote."

Cette dernière précision rappelle le César du meilleur réalisateur obtenu par Roman Polanski pour J'accuse, en 2020, qui avait fait scandale suite aux accusations de viols émises contre lui. La prochaine cérémonie se tiendra le 24 février prochain à l'Olympia. David Fincher en sera l'invité d'honneur.

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