Première
par Thierry Chèze
On a découvert Lucas Bernard en 2017 avec Un beau voyou, une comédie policière mettant en scène un petit voyou atypique qu’un flic pré- retraité mais peu pressé de raccrocher prenait en filature. Il y avait dans ce film une fantaisie, une écriture ciselée des personnages et des situations qui dialoguaient avec le cinéma de Salvadori ou de Broca. Avec A toute allure, Bernard persiste et signe. Avec une comédie à dominante romantique cette fois- ci sur laquelle, par son rythme, sa générosité et son grain de folie permanent plane l’ombre de L’Homme de Rio comme des comédies américaines de la grande époque (de Wilder à Opération jupons de Blake Edwards). Tout part d’un coup de foudre, le temps d’une escale, d’un steward pour une officier de sous- marin tactique. Une idylle naissante brutalement interrompue par le départ en mission de la jeune femme que son prétendant va se mettre à suivre… embarquant dans le sous- marin, forcément interdit à des civils, pour le début d’un tour du monde sous- marin en vase clos. Pendant 90 minutes, les péripéties s’enchaînent sans temps mort en faisant fi de tout réalisme. Jouer à ce point l’absurde c’est évidemment prendre le risque de laisser des gens à quai, de ne pas toujours doser juste. A toute allure n’est pas exempt de ces scories mais rien ne vient entraver son rythme tonitruant qui sied parfaitement à Eye Haïdara et Pio Marmaï, dont la complicité très chien- chat crève l’écran. Une nouvelle preuve que quelque chose bouge dans la comédie française en 2024 après les réussites de Bis repetita, Le Dernier des Juifs ou L’Esprit Coubertin.