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(...) Buried, c’est à la fois un survival irrespirable (chapeau à la mise en scène tendue de Cortés), une réflexion sous-jacente sur le sens de la vie et une parabole politique. Bref, un film organique, existentiel et engagé dont le script audacieux a été refusé par tous les studios. Comme son titre (« enterré », en français) et son sujet l’indiquent, Buried symbolise l’enlisement des États-Unis en Irak. Paul Conroy est moins la victime de guérilleros locaux revanchards que celle d’une administration américaine trop sûre d’elle. Les échanges téléphoniques avec ses compatriotes sont, à cet égard, confondants de cynisme, voire d’irresponsabilité. Américain moyen (c’est un camionneur venu cachetonner en Irak pour gagner plus d’argent), Conroy incarne aussi tous ces anonymes que la crise mondiale a essorés. On peut comprendre pourquoi, dans ces conditions, le public américain a boudé un film qui lui renvoie une image aussi négative. Il est temps d’inverser la tendance.
Toutes les critiques de Buried
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Plus le film avance et plus l'absurdité de la guerre, les mensonges et la lâcheté du gouvernement américain lui reviennent en pleine poire. L'intelligence du réalisateur tient en effet dans le sens qu'il donne à son exercice de style, par ailleurs mené de main de maître. Et vivement déconseillé aux claustrophobes.
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Mais comment pourra-t-on éviter d'apprécier ce film violemment anti-américain, anti-mondialiste où la vie d'une personne ne pèse envers les sociétés actuelles ? Et de crier au miracle pour ce huis-clos exceptionnel d'intensité et de maîtrise ! Nous ne vous conseillerons que trop de vous allonger dans la salle de cinéma pour parfaire l'illusion. Mes camarades de jeux, Alex Masson et Christophe Lemaire ont rempli cette mission haut la main ! Une expérience unique, donc.
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Unique et, malheureusement pour nous, réussie ! Le confinement total dans lequel se retrouve cet Américain (incarné par la star qui n'en finit pas de monter : Ryan Reynolds) retenu sous terre par de vilains Irakiens est donc insoutenable et pourtant bien tenu par une mise en scène qui exploite à merveille le peu d'espace. Le scénario aide beaucoup. Le héros a, en sa possession, un portable, un briquet et tout un tas de petites choses censées nous faire - plus ou moins bien - patienter en attendant une éventuelle délivrance. À souligner quand même qu'outre le bon pitch de départ, les scénaristes ne se sont pas trop foulés sur la suite des événements. Retenons plutôt le bon travail du chef opérateur Eduard Grau, déjà vu au générique du remarquable mais trop inconnu, Honor de cavalleria, d'Albert Serra (DVD disponible chez Capricci). En attendant, courez vous enfermer... dans les salles obscures!
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L'idée est poussée à son maximum et une chose est sûre, vous serez aussi contents d'aller voir vu le film que de sortir de la salle.
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Plus dark qu'un scénario d'O'Neill, on dirait que le réalisateur Rodrigo Cortes a bien profité de l'opportunité qu'il lui a été offerte pour prouver au monde à quel point il est un petit malin, ce qui n'est pas sans évoquer un autre réalisateur avec qui il pourrait faire équipe pour réaliser le film de la Justice League of America.
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Quiconque a eu le souffle court en voyant Uma Thurman enterrée vive dans Kill Bill connaîtra cette sensation multipliée par cent dans Buried. (...) La maestria du réalisateur pour exploiter ce décor unique et minimaliste s'appuie sur un scénario diabolique. (...) Le suspense va crescendo et la fin, retorse, «me semble correspondre à celle que le spectateur souhaite profondément», s'amuse Cortés. Un cinéaste aussi doué que malicieux.
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Réalisé par un Espagnol sur un scénario américain, Buried (en français "enterré") fait donc partie de ces exercices de style que l'on voit périodiquement apparaître depuis qu'Hitchcock a tourné un film sur la guerre sans jamais sortir d'un canot de sauvetage (Lifeboat, 1944).
Sans atteindre l'élégance de ce modèle, ce second long métrage du jeune cinéaste espagnol réussit à communiquer l'invraisemblable angoisse de son principal personnage tout en acquérant, au fil des minutes, une dimension satirique dévastatrice. On pourrait faire valoir que Buried en dit autant sur la présence américaine que Green Zone et Fair Game réunis, avec une économie de moyens admirable. -
Cauchemar ultime, Buried est un film d’action dans un cercueil en bois doublé d’une métaphore sur la solitude paradoxale de l’être humain moderne. Avec un grand Ryan Reynolds.
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On se croirait revenu à l’époque d’Alfred Hitchcock présente, anthologie de petites histoires noires diffusée à la télévision à la fin des années 1950. Un cinéaste inconnu espagnol, Rodrigo Cortés, s’est inspiré du maître du suspense pour concocter un excellent thriller, Buried, prix de la critique à Deauville et Méliès d’or à Sitges. Avec une économie de moyens remarquable, il parvient à captiver par le réalisme de la situation extrême dans laquelle se retrouve son héros (incarné par Ryan Reynolds). Seul à l’écran, "M. Scarlett Johansson", abonné aux comédies romantiques, est mis à rude épreuve. La peur, la panique, la colère, la frustration, l’espoir, la joie, la résignation… l’acteur, ici éprouvé, livre une performance intense.
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Dominé par la prestation incroyable de Ryan Reynolds, totalement investi dans son rôle, Buried, primé à Deauville cuvée 2010, vous étreint dès ses premières images pour ensuite ne jamais plus vous lâcher. Claustrophobes, s'abstenir !
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A l'arrivée, Buried ne nous donne pas tort : pour tenir, Cortéz multiplie les plans et les conversations téléphoniques bouchées, les malentendus, les mises en attentes, les changements de correspondant, les appels tombant sur des répondeurs. Il fait tout pour diluer, retarder, mieux : gagner du temps et faire durer. Au fond, il n'y a pas d'autre principe ici que celui de démontrer qu'on peut tenir une heure trente avec un acteur (Ryan Reynolds, pour une fois correct) dans deux mètres carré. Qu'on peut même y créer un suspens et des tensions, en bref faire un vrai thriller qui en plus trouverait écho dans l'actualité, puisque le personnage est un camionneur américain kidnappé en Irak après une attaque de son convoi.
Seulement de cette situation Cortéz ne tire que des banalités. Pire, tout repose sur des présuppositions d'incommunicabilité : l'a priori du kidnappeur irakien type sur l'envahisseur, celui du camionneur américain type un peu naïf. L'argent est bien en point de mire, mais il paraît un faible argument. Pareil pour la critique des institutions US, incapables de secourir rapidement leurs ressortissants, sinon pire. Le film veut donner un point de vue sur la situation en Irak grâce à son dispositif claustrophobe et aveugle, c'est ambitieux mais trop grand pour lui. Surtout cette profondeur de champ entre quatre planches paraît artificielle. Plus ennuyeux, son dispositif évoque une séance de torture où spectateur et personnage sont pris en otages - et peu importe que Cortés renouvelle sa mise en scène en diversifiant les angles pour aérer, on reste prisonnier. Son film sablier est un test de résistance, des batteries de portable comme de son personnage et son concept, qu'il épuise, pour voir. D'où ses rouages narratifs trop dénudés, sa mécanique hyper appuyée du hors-champ, son incapacité à construire un récit au-delà de son petit effet survivor plutôt immonde. Pari de cinéma un peu vain, comme toujours, Buried tient plus de la radio. L'image n'a guère de vraie nécessité, elle est d'abord garante du tour de force. Ce qui a rarement fait un bon film. -
Buried séduit évidemment par son efficacité, et le minifrisson théorique qu’il procure peut dans un premier temps suffire à notre pitance. Mise en abyme du spectateur de cinéma lui aussi bloqué dans un caisson noir (Hitchcock, donc), le film de Rodrigo Cortés distille une angoisse tenace, accentuée par quelques effets de suspense opportuns.
Mais l’exercice de style fun vire à l’épuisante démonstration de force, dès lors que la grosse machine hollywoodienne reprend ses droits : le scénariste débutant se croit ainsi obligé de dénoncer quelque chose (le cynisme des patrons, la gabegie des bureaucrates, la cruauté des terroristes, la mocheté de la guerre, tout ça tout ça), le réalisateur espagnol déploie tout feu tout flammes son savoir-faire technique (“oh la belle bleue!”), et l’acteur Ryan Reynolds (aimé dans Adventureland) croit tenir le rôle de sa vie en grommelant, la bouche pleine de terre. -
Un formidable suspens, réalisé avec brio, haletant de bout en bout, étouffant, éprouvant pour les nerfs, et qui lorgne souvent du côté d’Hitchcock.
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L'armée américaine interviendra-t-elle à temps ? Notre héros aura-t-il, d'ici là, assez de cran ou d'oxygène pour tenir le coup ? On craint que le cinéaste ne puisse tenir son huis clos, mais, péripétie après péripétie - un serpent qui s'invite, par exemple, dans l'espace confiné -, on ne quitte pas les 3 mètres carrés en sous-sol, sans pour autant que l'intérêt faiblisse. Ne dévoilons pas l'issue, pour le personnage, de cette immersion forcée. Pour le cinéaste, elle est heureuse : ce petit thriller carte-de-visite-pour-Hollywood lui a déjà acquis les faveurs de Robert de Niro et de Sigourney Weaver, qui ont signé pour son deuxième film. A l'air libre...
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Pour tenir cette audacieuse promesse, le film manque clairement de témérité. Par peur du vide, le scénario s'empresse de cumuler les embûches pour attiser le feu de l'action : un serpent passe forcément par là, les secours sont sur répondeur, etc. Si bien que les occasions de goûter spirituellement à la solitude absolue du héros sont escamotées. L'idée d'un oubli tragique de l'individu, enseveli à six pieds sous terre tel un dommage collatéral du désordre global, semble pourtant poindre lors de trop rares instants d'inquiétude kafkaïenne - d'autant que le hasard de l'actualité (la révélation par Wikileaks des pertes massives de contractuels civils en Irak) teinterait presque le film d'une couleur politique. C'est une piste vite oubliée, parce que Buried est occupé ailleurs. Au lieu de creuser plus profond sous le sable (en allongeant les temps morts et lancinants ou en sondant les égarements intérieurs du prisonnier), il se drape sous des parures formelles plutôt hasardeuses. Difficile de compatir avec l'enterré quand la caméra s'envole au-dessus de lui pour dire son désespoir, redéfinissant subitement les dimensions du tombeau. Le film néanmoins reste sympathique dans son souci de tenir parole et de toucher tant bien que mal à son but : faire tenir sur la longueur un récit purement sensoriel. L'heure et demie passée sous terre est indéniablement éprouvante pour qui a déjà senti perler la sueur froide d'un cauchemar claustrophobe. Le pari initial est donc tenu, et on attend de voir Cortés, dorénavant, faire un meilleur usage de ses gains.
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Le tour de force consiste à maintenir la tension – ou plutôt l’attention – une heure et demie durant avec, à l’image, un seul acteur dans l’espace confiné d’un cercueil. Sa réussite est relative à la capacité de chacun à accepter des artifices scénaristiques de plus en plus grossiers au fur et à mesure que la fin, culottée, approche.