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Le talent du cinéaste est ici total : cadres et dialogues ciselés, élégance et finesse de chaque détail, jouissance d’un académisme transcendé par une ironie alerte et enjouée. Chéri poursuit clairement la veine entamée avec Les Liaisons dangereuses et poursuivie avec Madame Henderson présente : des films croulant sous les dentelles, les maquillages et le champagne. Mais, à chaque fois, sous les dorures et la richesse, Frears fait courir l’amertume, la nostalgie et une langueur morbide. Ici, il met en scène la fin de la jeunesse, de l’insouciance et d’une certaine forme d’utopie. Chéri marque ainsi l’entrée dans une époque où la puissance des intérêts (financiers, techniques et guerriers) s’apprête, avec le début de la première guerre mondiale, à ravager la planète. Derrière l’insouciance de ces mondaines, le monde commence à s’ébrécher. C’est là qu’entre en scène Michelle Pfeiffer. À 50 ans, elle tient admirablement son emploi d’orgueilleuse et d’initiatrice, l’exact inverse de Madame de Tourvel, le rôle qu’elle tenait dans Les Liaisons dangereuses. Elle a vieilli, le monde aussi, et c’est de cette inéluctabilité que Chéri tire son beau pouvoir émotionnel.
Toutes les critiques de Chéri
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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En adaptant le roman de Colette, Stephen Frears (The Queen) s'est encore surpassé. D'où un beau film ironique et mélancolique sur l'amour-passion que l'on dirait tout droit sorti des peintures de Monet. Et l'on a d'yeux que pour Michelle Pfeiffer, d'une drôlerie, d'un charisme et d'une sensualité incomparable.
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Une torride adaptation du roman de Colette qui manque un peu de folie, mais séduit par ses décors et par une Michelle Pfeiffer éclatante de beauté, qui nous met les sens en vrac.
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Moins piquant que Les liaisons dangereuses du même Stephen Frears mais, néanmoins, fort plaisant.
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Frears et son scénariste Christopher Hampton (les deux hommes ont déjà réussi une belle adaptation des Liaisons dangereuses) n'ont rien perdu de leur mordant, mais Colette n'est pas Choderlos de Laclos, et Chéri n'est pas la dissection d'un système de pouvoir amoureux. C'est une histoire d'amour fou qui éclôt dans le pot-pourri d'un monde finissant, un film fait pour faire pleurer, malgré ses dehors désabusés.
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Peut-être - et c'est curieux de sa part -, Frears s'est-il laissé piéger en affichant ostensiblement tout ce qui aurait dû demeurer en retrait : la photo (de Darius Khondji), les costumes, les décors. C'est lorsqu'il filme, dans un escalier, Michelle Pfeiffer, soudain défaite par le temps et le sentiment, lorsqu'il associe cette femme vieillissante à la Belle Epoque finissante que Frears vise droit et juste.