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Alors qu'on pouvait redouter un film patriotique au regard des premières images diffusées, ce nouveau film de Clint Eastwood s'avère être un film sur le patriotisme. Fidèle à lui-même le réalisateur cherche à mettre en avant l'humanité de ses personnages perdus dans le chaos de la guerre. Avec Spielberg à la production, Eastwood à la réalisation et Paul Haggis au scénario (Million Dollar Baby, Casino Royale...) le résultat ne pouvait qu'être de qualité. Malgré l'aspect grand spectacle de certaines scènes le côté commémoratif ne séduira toutefois pas tout le monde. Un film à la mémoire de qui ne touchera toutefois que de loin les Européens dans son fond. Quant à sa forme, elle est indiscutablement impressionnante.
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- Fluctuat
Une bataille, la photo d'un drapeau hissé qui fait le tour du monde, et soudain quelques combattants américains deviennent des héros. Clint Eastwood nous donne rendez-vous avec une histoire vraie qui va plus loin que pas mal de fictions. Résultat à l'écran : un film imparfait mais objectivement critique et profondément humain.
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- Flags of our fathers en images : la galerie photos1945, campagne du Pacifique. Les Alliés s'attaquent à l'île d'Iwo Jima, un bastion japonais stratégique dont les terres de sable noir émergent de l'océan. A peine quelques kilomètres carrés, que l'ennemi défendra bec et ongles. Un débarquement de Marines et cinq jours plus tard les américains plantent leur drapeau en haut d'une colline. Six hommes, un mat de fortune et le fanion volant... La bataille est pourtant loin d'être gagnée mais le symbole est fort et la photo fait rapidement la une des médias. Trois des six soldats photographiés sont morts ? L'image n'immortalise même pas le premier lever de drapeau, mais seulement le remplacement de la bannière initialement plantée puis enlevée ? Que diable ! L'Amérique a besoin de figures pour stimuler la vente des Bons qui financent l'effort de guerre. Ce sera donc aux trois survivants du cliché d'endosser ce rôle. L'infirmier Bradley, le Marine Gagnon et le Marine Hayes deviennent ainsi des héros bien malgré eux.Films jumeaux
Deux films, deux points de vue. Après Mémoires de nos pères, qui traite de la sanglante bataille sous l'angle américain, viendra en janvier 2007 Lettres d'Iwo Jima, un film jumeau attaché à la facette japonaise des événements. Ainsi, fidèle à lui-même, Clint Eastwood donne une forme inédite au souci de justice qu'on lui connaît. Pas de place pour le manichéisme ou la propagande, travers indignes d'un grand monsieur comme lui. Sa première force, c'est la nuance, et la capacité d'aller là où l'on n'attendrait pas un réalisateur hollywoodien. Il travaille l'objectivité sans omettre la dimension subjective des événements, c'est-à-dire qu'il approfondit au-delà des discours tout faits et des idées reçues, composant par là même sa marque d'auteur. Intelligent, posé, critique mais mesuré et surtout fondamentalement humain, Eastwood a encore une fois mis ses qualités d'homme au service du cinéma.Il faudra donc voir le second film pour peser le tout et finaliser un jugement. Est-ce pour cela que ce premier opus du diptyque n'est pas totalement efficace et laisse comme un goût d'inachevé? Lui manque-t-il son pendant ? En tout cas, il souffre de quelques arythmies et d'un point de départ maladroit. Inspiré d'un livre de James Bradley, fils de l'infirmier précité, le bien nommé Mémoires de nos pères suit ce personnage en quête de vérité. Ses rencontres avec les témoins survivants des événements, plus de cinquante ans après la fin de la guerre, constituent la trame du long métrage. Logique, ce prétexte narratif n'en est pas moins de trop. Il crée une distance superflue, portant un regard qui décode parfois trop l'Histoire et commente inutilement les faits. Nul besoin de narrateur pour comprendre le sens des enjeux exposés. Le sens de l'image et du non-dit de Clint Eastwood aurait suffit pour limiter l'explicite.Le pouvoir de l'image
En revanche, l'alternance entre les scènes de combat et le retour à la vie civile tombent juste. Quelques plans en contraste en disent plus que de longs discours. D'un côté le sable noir, la lumière grise, la poussière, de l'autre le faste des réceptions, les cotillons, la mascarade médiatique organisée autour des héros proclamés. Incisif sans jamais tomber dans l'excès, le film taille un costard étroit à la manipulation médiatique et aux manigances politiques. Le pouvoir de l'image et la guerre-spectacle sont au coeur du sujet, tout comme, en regard, les individus ballottés. Au passage, Eastwood ne résiste pas à dénoncer l'injustice contre les minorités, les Indiens en l'occurrence. On le reconnaît bien là, ainsi que le scénariste Paul Haggis, qui avait déjà signé le script de Million dollar baby, le précédent film du grand Clint, et livré l'excellent Collision. A eux deux, ils font preuve d'une fine intelligence, qu'on ne peut que saluer. En attendant la suite...Mémoires de nos pères
Réalisé par Clint Eastwood
Avec Ryan Phillippe, Adam Beach, Neal McDonough
Etats-Unis, 2006 - 132 mn
Sortie en salles (France) : 25 octobre 2006Bande Annonce japonaise mêlant des images de Mémoires de nos pères et de Lettres d'Iwo Jima:
[Illustrations : © DreamWorks Pictures]
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