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Avant de désigner une attitude frimeuse dans le vocable de la jeunesse actuelle, le verbe "swagger" fut inventé par Shakespeare lui-même, dans Songe d’une nuit d’été : "Quels sont ces rustiques personnages qui font ici les fanfarons, si près du lit de la reine des fées ?" Quatre siècles plus tard, c’est dans un collège du 9-3 encadré par des tours HLM qu’Olivier Babinet a trouvé ses fanfarons. À partir des témoignages d’une dizaine d’ados d’Aulnay-sous-Bois, le réalisateur de Robert Mitchum est mort orchestre un séduisant portrait choral, esquivant les clichés dans un écrin léché – ni voix off misérabiliste, ni caméra à l’épaule illisible à déplorer ici – sans pour autant verser dans la pose cool stérile. L’idée ? Percer l’écorce paresseuse et uniformément grisâtre des JT pour zoomer sur des personnalités. Des intériorités. Nos collégiens confient ainsi leurs peurs, leurs rêves, leurs doutes. Tantôt grave, tantôt plus cocasse (Mickey et Barbie forment-ils une organisation occulte adepte de la décapitation de masse ?), leur imaginaire délesté de son habituel poids sociologique vire parfois au délire onirique. Il s’exprime dans une esthétique idoine, à la fantaisie débridée : incursions dans la comédie musicale ou la SF, faune improbable, effets clippesques avec force ralentis, musique hypnotique (signée Jean-Benoît Dunckel) et arabesques en drone… Swagger ne se refuse rien. À l’instar de ses attachants héros, ce docu hors norme brise les carcans avec un sacré style. Eric Vernay
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce qui intéresse Olivier Babinet est de sublimer des récits (qu’il remet parfois en scène dans des micro-fictions), et de tout simplement d’offrir du cinéma à ceux qui n’ont généralement droit qu’au reportage.
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Le tableau d’ensemble est joli, émouvant, pas bête, plein d’une force vive, joyeuse et contagieuse, aux antipodes du misérabilisme et de la condescendance.