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Trois temps s’enchevêtrent continuellement : le monologue de Krystyna, le tournage et le film dans le film. Un peu compliqué tout de même, surtout que Tatarak s’ouvre sur un tunnel de paroles propre au décrochage. Le cadre a beau ressembler à un tableau d’Edward Hopper, on lâche le fil du récit, et notre regard se perd sur les draps à peine froissés du lit, avant d’étudier les rayures du parquet.
Toutes les critiques de Tatarak
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) la mise en scène de Wajda, libre, inventive, fraîche et profonde n'a jamais été aussi vivante.
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Edifiant un magnifique jeu en écho des contraires et des similitudes, et ciselant ainsi un bouleversant dialogue entre la fiction, la réalité et le travail de l'artiste.
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Il faut s'armer d'un certain courage pour aller voir le nouveau film de Wajda. Il est de ceux qui vous font énerver sur votre fauteuil, avec le regret de ne pas avoir posé vos fesses remuantes près de la sortie. Pourtant... au générique final, on sait pourquoi il fallait rester assis.
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La sensualité et l’élément aquatique, le sentiment et la végétation proliférante forment un continuum parfait. On regrette seulement que le cinéaste n’ait pas su se contenter de ce mélodrame en sourdine et en demi-teintes, dont la pureté rappelle celle de certains grands films tardifs.
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Lumineux, traquant les rayons de soleil dans l'ombre des chambres funestes, sur les bords d'une rivière, dans une guinguette à la fin du jour, dans un salon bourgeois, Tatarak ne distille pas seulement son émotion par l'intrigue, et ce qu'elle suggère de la peine des vivants voyant partir un proche, leur honte de respirer quand de plus jeunes qu'eux sont fauchés. Il s'agit d'un film greffé d'éléments vifs comme le réel. Un film où, pour Krystyna Janda, la caméra capte un chagrin personnel. Un film où se mêlent le cinéma et ce que chacun (acteurs, réalisateurs, êtres humains) traverse au cours de son existence, cette promenade avec l'amour et la mort.
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Belle interprétation de la vie (être) ancrée dans le cinéma (incarner), Tatarak dessine les contours flous et poreux qui existent entre la vie d'un être et la vie d'un film. Interprété sans concession sous le regard pudique et discret d'une caméra immobile, le texte du monologue écrit par Krystyna Janda insuffle une extraordinaire authenticité au film. Tout comme la mise en scène de Wajda donne vie au personnage de Marta, l'interprétation poignante de Krystyna entre en parfaite correspondance avec la réflexion du cinéaste : le cinéma est l'art de se donner à travers une histoire vécue et éprouvée. Rejouée face caméra, l'expérience prend alors une seconde peau, celle de l'immortalité.
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Tout le film s'articule sur l'idée de la perte : perte du temps qui passe et perte des êtres aimés. Baigné d'une mélancolie sourde, Tatarak ne sombre pourtant jamais dans le morbide. Le long des berges du lac, dans les hautes herbes ondulantes et la moiteur de l'été, Wajda compose une ode à la jeunesse avec des plans de corps et de paysages solaires et sensuels. Si l'on s'égare parfois dans les méandres d'un récit où fiction et réalité se mélangent, on est ému par la manière élégante dont le cinéaste envisage, à travers les autres, sa propre fin. Hanté par les spectres, son film déborde de vie.
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Chez Wajda, l'acteur ne fait que remplir le personnage de sa propre expérience, d'où la lourdeur de Tatarak et l'incapacité de Wajda à cesser de filmer son actrice lorsque celle-ci quitte le tournage, l'acteur et le personnage ne faisant qu'un.