Ce soir, dans Place au cinéma, Dominique Besnehard présente Les Violons du bal de Michel Drach, une fresque émouvante sur l’Occupation magnifiée par Marie-José Nat.
Un combat de 20 ans pour monter le film
Dès les années 1950, le réalisateur Michel Drach envisage de retranscrire ses souvenirs d’enfance au cinéma. Sous l’Occupation, jeune juif, il dut fuir Paris et se réfugier à Vichy pour échapper aux rafles allemandes. "Je ne me sentais pas de taille à me lancer, tout seul, une fois de plus dans la réalisation et la production d’un film de cette importance", racontait le réalisateur décédé en 1990 à propos de la genèse des Violons du bal, "mais hélas je n’ai pas trouvé de producteur. L’histoire d’un enfant juif pendant la guerre ? Ca n’intéresse personne, me disaient-ils… Faites en un roman, vous aurez le Goncourt ! Le héros, un enfant ? Ce n’est pas une bonne idée… et le film se passe en 1939 ! Mais le passé c’est terminé. Pas de vedette, pas de film. Et le sexe ? Quand faites-vous du sexe ? …Et des morts, vous avez combien de morts ? – Ils ne meurent pas- …Mais alors qui ça peut intéresser ? Juif, vous savez, très peu commercial."
L’intelligence de Michel Drach est d’avoir raconté cette histoire - celle de ses déboires de réalisateur, où le comédien Jean-Louis Trintignant vient prendre sa place - et de l’avoir mêlée au récit du passé. Ainsi, les deux récits s’interpénètrent sans arrêt. Tous les éléments de sa vie d’enfant, vie fantasmée, souvenirs transposés et irréalistes, viennent se confondre au présent.
Jouer avec sa mère
Au départ, David Drach, le fils du réalisateur, ne devait pas jouer le rôle de son père. C’est parce que l’enfant n’arrêtait pas d’entendre sa mère, Marie-José Nat, dire "je vais jouer" qu’il eût envie de jouer avec elle. Son père lui fit alors passer des essais. Ironie de l’histoire, on retrouve les essais dans le film lui-même. David Drach gère aujourd’hui le catalogue de films de son père, Port-Royal Films.
Une photo signée Lubtchansky
Les Violons du Bal c’est aussi une esthétique très particulière où la couleur et le noir et blanc viennent s’entremêler. La lumière du film est signée du célèbre directeur de la photographie William Lubtchansky. Accompagnateur de la Nouvelle Vague, collaborateur régulier de Jean-Luc Godard, il est connu pour son exigence et sa rigueur des cadrages. Il a aussi travaillé souvent avec Jacques Rivette et Jacques Doillon. Récompensé en 2005 à la Mostra de Venise pour son travail sur Les amants réguliers, il est mort le 4 mai 2010.
Un prix d’interprétation à Cannes
Marie-José Nat reçut le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes en 1974 pour son rôle dans ce film. La comédienne, qui nous a quitté le 10 octobre dernier, donnait à ce long-métrage une place à part dans sa filmographie tant son tournage évoquait des souvenirs très personnels. En 2014, quarante ans après sa première projection, elle est revenue - accompagnée de son fils David Drach et de Nathalie Roussel-, présenter Les Violons du Bal à Cannes Classics.
Neuf mois à l’affiche
Sorti le 13 février 1974, Les Violons du bal est resté neuf mois à l’affiche. Le film a cumulé presque un million et demi d’entrées. C’est le plus gros succès de Michel Drach. Il est dans le top 30 de l’année 1974.
Les Violons du bal est diffusé à 20H50 sur France 5
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