Ce Festival d’Avignon 2013, le « In » comme on dit, par opposition ou simple différenciation – selon les points de vue - avec le « Off », se déroulera du 5 au 26 juillet et s’annonce comme une édition tournant, à la veille d’un changement de direction qui aura fait couler beaucoup d’encre (voir la nomination surprise de Luc Bondy au Théâtre de l’Odéon et l’annonce précipitée des nouvelles fonctions promises à Olivier Py « en échange »). C’est une année bilan aussi pour le binôme Hortense Archambault et Vincent Baudriller qui voient enfin la concrétisation de leur projet de salle de répétition et de résidence artistique. C’est là la nouveauté essentielle de ce prochain Festival et le point d’orgue de la décennie Archambault-Baudriller : l’inauguration de la FabricA en ouverture du Festival. Dessiné par l’architecte Maria Godlewska, cet édifice contemporain affirme sa filiation avec l’Histoire du Festival non seulement en répondant à un regret de Jean Vilar (qui écrivait en 1966 « Un lieu de travail et de répétitions, c’est ce qui nous manque le plus actuellement ») mais également dans sa situation géographique et sa structure même, le bâtiment se situant hors des remparts (à l’instar de nombreux lieux de représentation du Festival) mais offrant un point de vue (et donc un lien de continuité) depuis sa terrasse sur le Palais des Papes, lieu phare de la manifestation, et faisant écho dans son architecture aux nombreux cloitres dont la ville est pourvue (dont les magnifiques cloître des Carmes et cloître des Célestins). La FabricA se répartit sur trois espaces : une salle de répétition aux dimensions de la Cour d’Honneur (transformable en salle de représentation pendant la durée du Festival), des studios d’habitation pour des résidences d’artistes et un Foyer, lieu de convivialité et d’échanges propre à l’esprit du théâtre et du Festival.C’est un accomplissement de bonne augure en cette période d’austérité forcée où la culture risque toujours d’être en première ligne des restrictions budgétaires. C’est aussi une trace tangible du passage de ses deux co-directeurs. Leur contribution matérielle au développement du Festival. Leur pierre à eux au sens propre. Visible et durable. Car contrairement à la représentation théâtrale, par essence éphémère, l’architecture s’inscrit concrètement dans la durée, à l’échelle de l’Histoire. Cette FabricA apparaît comme la matérialisation de la ligne Baudriller-Archambault : une construction qui s’affirme dans son épure esthétique, sa fonctionnalité et sa modernité, traçant un lien avec les formes et structures du passé tout en se posant avec un brin d’emphase dans son temps. A l’image des programmations élaborées années après années par le duo, conscientes d’un héritage théâtral européen et pourtant farouchement ancrées dans l’actualité la plus immédiate des formes scéniques contemporaines et d’avant-garde.Pour cette dernière édition entre leurs mains, Hortense Archambault et Vincent Baudriller qui ont apporté au Festival le concept d’ « Artiste associé » ont confié ce rôle à deux personnalités du théâtre en apparence très éloignées : Dieudonné Niangouna et Stanislas Nordey, tous deux à plusieurs reprises déjà invités à participer au Festival. A priori, leur point commun essentiel est leur attachement au texte, la fabrication d’un théâtre qui trouve son origine dans une écriture dramatique antérieure au plateau. Ils sont tous deux metteur en scène, comédien et chef de troupe. Dieudonné Niangouna est également auteur (Attitude Clando, Les Inepties volantes). Ils donnent à cette 67ème édition sa coloration littéraire, sa relation forte et intime au répertoire dramatique ainsi qu’aux écritures nouvelles. Tous deux préparent pour l’ouverture du Festival un spectacle où la parole est première. Stanislas Nordey met en scène une pièce de Peter Handke, Par les Villages, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes tandis que Dieudonné Niangouna s’installe dans la Carrière de Boulbon avec une œuvre en cours d’écriture, Sheda, dans laquelle il traque de sa plume poétique et crue, les recoins de nos complexités intérieures pour éprouver notre humanité dépouillée.Par ailleurs, les deux étant également comédiens, ils participeront en tant qu’interprètes chacun de leur côté au projet d’un metteur en scène : Dieudonné Niangouna jouera dans Sans doute sous la direction de Jean-Paul Delore et Stanislas Nordey dans L’Argent, un texte de Christophe Tarkos mis en scène par Anne Théron.Double portrait : Dieudonné Niangouna et Stanislas Nordey - © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon.Dans la veine africaine apportée par la présence de Dieudonné Niangouna, originaire du Congo Brazaville, ce Festival sera l’occasion de découvrir de nouvelles personnalités de la scène venues d’Afrique, qu’ils soient chorégraphes comme DeLaVallet Bidiefono et Faustin Linyekula ou auteurs/metteurs en scène comme Aristide Tarnagda. En complément de regards sur le continent africain, des artistes occidentaux présenteront des créations en dialogue avec : c’est le cas de Rimini Protokoll, de Jean-Paul Delore et de Milo Rau.Mais si le théâtre de texte est largement représenté cette année avec le Faust de Goethe mis en scène par l’allemand Nicolas Stemann, Les Particules élémentaires d’après le roman de Michel Houellebecq mis en scène par le tout jeune et prometteur Julien Gosselin à la tête du collectif « Si vous pouviez lécher mon cœur », Rausch (« Ivresse ») de Falk Richter dans une mise en scène de l’auteur lui-même, Re : Walden d’après le récit d’Henry David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, mis en scène par Jean-François Peyret, ou bien encore la présence pour la première fois de Lazare, auteur et metteur en scène singulier qui vient avec la deuxième pièce de sa trilogie, Au pied du mur sans porte, la danse n'est pas en reste non plus (Christian Rizzo, Anne Theresa de Keersmaeket et Boris Charmatz, Sandra Iché).On note aussi le retour d’habitués comme Angelica Lidell, Philippe Quesne, Jan Lauwers, Krzystof Warlikowski, Ludovic Lagarde, Anne Theresa de Keersmaeker et même Jérôme Bel qui investit la Cour d’Honneur avec un spectacle radical et simple, donnant la parole à des spectateurs du Festival (celui-ci sera diffusé sur France 2 le 19 juillet). Dans ce même esprit de fidélité, seront attendus pour un soir nombre d’artistes qui ont apporté leur contribution aux éditions précédentes, que ce soit en tant qu’artistes associés (Thomas Ostermeier, Jan Fabre, Josef Nadj, Frédéric Fisbach, Valérie Dréville, Romeo Castellucci, Christoph Marthaler, Olivier Cadiot, Boris Charmatz) ou en simple invités (Pascal Rambert, Alain Platel, Pippo Delbono, Guy Cassiers).En attendant le programme complet qui sera disponible mi-mai et l'ouverture de la billetterie le 17 juin, vous pouvez consulter l'avant-programme détaillé sur le site du Festival : >>http://www.festival-avignon.com/Par Marie Plantin
- Cinéma
- News Cinéma
- Ultime Festival d'Avignon pour le duo Baudriller-Archambault
Ultime Festival d'Avignon pour le duo Baudriller-Archambault
Commentaires