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Co- scénariste de trois longs métrages pour le grand écran avec Valérie Donzelli, dont le très autobiographique La guerre est déclarée, Jérémie Elkaïm n’avait encore jamais passé le cap de la réalisation, à l’exception d’un court métrage Manù… en 2010. Et le fait de n’avoir pas enchaîné avec un long a longtemps pu laisser croire à un simple one shot. Cette expérience serait d’ailleurs peut- être restée unique si Marina Foïs, sa partenaire de Polisse, n’était venue un jour lui parler de son enthousiasme pour Calais mon amour, le livre de Béatrice Huret (qui y raconte sa propre histoire, avec la collaboration de Catherine Siguret) et de son rêve de le voir transposer sur grand écran. Car avec ce projet né en dehors de lui, il semble s’être senti autorisé à franchir un cap qu’il s’était jusque là interdit. Ils sont vivants nous entraîne à Calais dans les pas de la veuve d’un flic sympathisant FN dont la rencontre avec un enseignant iranien arrivé clandestinement en Europe va bouleverser la vie. Un sujet éminemment casse- gueule que Jérémie Elkaïm traite avec une grande subtilité. En ayant le courage de le prendre de front, de ne pas l’esquiver, mais en s’appuyant sur la finesse d’écriture des personnages, à commencer par celui, complexe, riche en ambiguïtés et en contradictions et pas spontanément sympathique de cette femme percutée par un amour totalement inattendu. Elkaïm filme ces corps comme aimantés et ce désir plus fort que tout avec une sensualité qui emmène ce long métrage loin du banal film à sujet. Une réussite