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La valeur n’attend pas le nombre des années, affirme le dicton. Et Luàna Bajrami en apporte une nouvelle preuve en passant derrière la caméra à 20 ans avec une envie et un enthousiasme qui emportent tout sur son passage. Pour cette première, l’héroïne de Portrait de la jeune fille en feu a choisi un retour à ses racines au Kosovo et de célébrer la sororité comme moyen de faire volet en éclats ce patriarcat à tous les étages – figures masculines nocives de leurs familles, université qui leur claque la porte au nez avec mépris… – qui obscurcit l’horizon de ses héroïnes refusant de se faire voler leur avenir. Trois adolescentes en rébellion qui vont s’improviser braqueuses, certaines que dans ce monde d’hommes, personne ne pourra les soupçonner de tels méfaits. La délinquance comme seul moyen d’évasion, tel est le paradoxe de ces actions que Luàna Bajrami filme en immersion, au fil des paradoxes qui constitue ce trio aussi puéril que mature. Ce parti pris conduit à des trous d’air, à faire soudain disparaître brutalement des personnages (dont celui de cette jeune Kosovare vivant en France venue passer l’été dans la maison de sa grand- mère, que Bajrami incarne elle- même), à une fin trop abrupte… Mais ces imperfections font aussi tout le charme d’un film qui, comme ce gang pas comme les autres, refuse de rentrer dans un cadre, de suivre scolairement les étapes du récit initiatique annoncée. Incarné par une bande de comédiennes stupéfiante de naturel, d’énergie et de charisme, La Colline où rugissent les lionnes vous déstabilise autant qu’il vous emporte. Une cinéaste est née.