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Réalisant son premier film, la fille de Jean Gabin replonge dans les années 50 pour une histoire de famille dans une ferme du Cotentin. cet hommage à un monde et à un cinéma révolus se révèle un exercice périlleux : sans relief véritable, les situations deviennent clichés. Et la reconstitution d'époque sonne faux tandis que le langage et le phrasé, trop modernes, font anachronisme.
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- Fluctuat
Classique dans sa forme comme dans son fond, Le Passager de l'été n'a rien d'une surprise. Ni bon, ni si mauvais, le film semble poussé par une réelle volonté de faire les choses bien... qui transparaît trop. Bonnes intentions, moyens conséquents, efforts louables de bon élève : les ingrédients sont en quantité mais la sauce ne prend pas. N'est pas grand chef qui veut.
Une ferme dans les années 50. Un été de labeur. Un homme de passage. Deux femmes, mère et fille. L'histoire simple se développe sans heurt, mais sans accrocher non plus. Alors qu'elle parle de sentiments, Florence Moncorgé-Gabin peine à transmettre la plus petite émotion. La passion est étrangement froide, l'amour affiche des contours tristes. Et pour tout dire bien des choses sonnent faux... A commencer par le prétexte de départ (un fils - Samuel Le Bihan - revient sur les traces d'un père qu'il n'a pas connu), dont le film se serait bien passé. Quant à la reconstitution d'époque, elle frôle parfois l'anachronisme. Entre le parlé, les répliques des comédiens et le temps figuré, quelque chose ne colle pas. Le décor même n'est pas si bien daté. Alors pourquoi ne pas avoir situé la narration de nos jours ? Après tout, l'agenda est ici plutôt artificiel et les moeurs ne sont pas si révolues. L'intrigue, franchement indépendante de la temporalité dans laquelle on l'a plongée, trouverait sa place dans bien d'autres calendriers.Carte postale et belle affiche
Concédons que le cadre a son charme, cependant. Un esprit campagnard rôde, la terre retournée embaume, les pesantes bâtisses semblent fraîches. Jolie carte postale qui impose son esthétique naturelle et austère à travers une mise en image transparente. Au milieu des blés, des cours pavées, des chemins de terre, d'une brume épaisse, un casting qui remplit bien l'affiche évolue. Catherine Frot, matrone ingrate sans sourire, s'en sort idéalement, comme à son habitude. Grégori Derangère (César du meilleur espoir masculin pour Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau en 2003) est aussi mâle, distant, séducteur, que nécessaire. Mais la palme revient à Laura Smet, gracieuse et juste sans en faire trop, dans son rôle d'institutrice au coeur tendre. Carton jaune à Mathilde Seigner en revanche, qui n'est pas à son avantage en fille facile coureuse de culottes (par opposition à jupons), ni physiquement ni autrement.Premier film recherche finesse
Au scénario et à la réalisation, la fille de Jean Gabin, dont c'est le premier long métrage après une longue expérience de scripte, n'a pas le bagout de son père. Elle manifeste pourtant un réel amour du texte. Pas de doute : ses fréquents recours aux jeux de mots et autres phrases à double tranchant attestent qu'elle a travaillé ses dialogues pour faire passer des messages à demi-mot. Sans génie malheureusement ! Les allusions, trop grossières pour qu'on apprécie leur sens mal dissimulé, alourdissent un propos qui aurait pu se contenter d'habiter gestes et regards. Mais là aussi, les tentatives sont maladroites. Dans les scènes de repas par exemple, que l'on sent orchestrées à dessein, ni le placement à table, ni les répliques, ni les coups d'oeil, ni les postures ne sont laissés au hasard. Cette mise en scène très pensée aurait dû apporter une dimension supplémentaire au film, une subtilité nécessaire à une histoire cousue de fil blanc. Hélas, manque la finesse. On devine tout trop vite et le jeu de rôles ne prend pas, lui qui vise avec trop d'évidence la suggestion intelligente, le cynisme inavoué, l'amour qui ne dit pas son nom.Manque de subtilité, manque de maturité. Le Passager de l'été présente les maladresses d'un premier long métrage monté sur un nom, porté par la caution d'une distribution alléchante. Florence Moncorgé aurait-elle obtenu autant que Florence Moncorgé-Gabin ? Gardons notre petite idée sur la question... Et proposons un reclassement à son premier bébé ciné : standard dans la caractérisation des personnages, prévisible dans son déroulement, son film se laisse regarder si gentiment qu'il remplirait idéalement les grilles télévisuelles de l'été.Le passager de l'été
Un film de Florence Moncorgé-Gabin
Avec : Catherine Frot, Mathilde Seigner, Laura Smet, François Berléand, Gregori Derangère,
Jean-Paul Moncorgé, Samuel Le Bihan.
Sortie en salles : 7 juin 2006[Illustration : © Mars Distribution]
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