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À 55 ans, le créateur de La Commune et coscénariste du Prophète passe à la réalisation. Et on n’est pas surpris de voir cet auteur engagé explorer les plaies du passé colonial français, à travers ce colonel ayant servi en Indochine, qui traverse une Algérie en guerre pour rejoindre son ancien officier supérieur. D’emblée, on retrouve aussi bien ce qui fait le sel de son écriture (son côté rugueux, son envie d’en découdre) que les défauts d’un néocinéaste avide de rattraper le temps perdu (un goût prononcé pour une mise en scène qui se voit). Jamais Dafri ne succombe au manichéisme. Mais en pointant les ambiguïtés et la sauvagerie des deux camps, son film se perd dans des échanges trop explicatifs, rendant leur interprétation délicate. À l’exception de Lyna Khoudri et Salim Kechiouche, impressionnants de nuances subtiles dans cette exacerbation constante des sentiments.