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Après un long silence cinématographique et un détour par la peinture, Skolimowski nous revient avec ce film, coproduit par la France mais cent pour cent polonais dans l’âme. Dans un village gris, un petit homme terne guette jusqu’à l’obsession les faits et gestes d’une voisine blonde. Il finit par se glisser, la nuit, dans son appartement pour mieux la contempler, l’approcher, la humer... Teintes automnales, plans composés comme des tableaux, cette œuvre quasi silencieuse du réalisateur de Deep End et de Travail au noir joue sur nos frayeurs et préjugés et distille l’angoisse. Magnifique fable aux accents de tragédie, Quatre Nuits... dit l’amour impossible d’un être simple et entouré par la mort (il est incinérateur de cadavres) pour une Vénus de banlieue abîmée par la vie.
Toutes les critiques de Quatre nuits avec Anna
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Ellepar Françoise Delbecq
Fragilité et puissance. Tels pourraient être les maîtres mots de ce film extraordinaire, thriller surréaliste, dans lequel les codes de la beauté classique se trouvent bouleversés.
- Paris Matchpar Christine Haas
Après 15 ans d'absence, Jerzy Skolimowski revient au cinéma, à la campagne polonaise et à son univers tragi-comique. Dans une temporalité ambiguë qui mêle passé et présent, traumatismes et transgressions, la narration fragmentée s'attache au moment de déséquilibre où tout peut basculer. Avec la sensibilité de l'écorché vif et une ironie grinçante, le cinéaste cultive au maximum le point d'inconfort. Toujours à la limite de l'absurde et du glauque, son cinéma a le tranchant d'une lame de rasoir.
- Fluctuat
Rêverie noire sur la culpabilité, Quatre nuits avec Anna marque le retour du cinéaste Jerzy Skolimowski, qui livre une fable aussi troublante qu'irradiée d'intimité. Adulé par plusieurs cinéastes américains (David Cronenberg et Tim Burton l'ont dirigé en guise d'hommage dans Les Promesses de l'ombre et Mars Attacks !), le Polonais Jerzy Skolimowski n'avait plus réalisé de film depuis 17 ans. Figure majeure du renouveau cinématographique de l'Europe de l'Est dans les années 1960, le cinéaste passe pour un monument, voire une ombre tutellaire figée dans le marbre. La sélection de Quatre nuits avec Anna à la Quinzaine des réalisateurs 2008 cherchait-elle à commémorer l'anniversaire de la manifestation ou honore-t-elle un talent toujours vivace ?Le récit suit Leon, homme solitaire employé par l'hôpital d'une petite ville de Pologne qui, après avoir assisté au viol d'une jeune femme, se voit saisi d'un vertige identitaire qui le pousse à espionner la victime.Le film étonne d'abord par sa construction en puzzle, qui contraste avec la précision chirurgicale des plans et la splendeur de la photographie. Puis il impose avec autorité son humilité tragique, s'immergeant dans le quotidien d'une conscience troublée, guettant les gestes et les réactions d'un adulte qui semble s'éveiller à lui-même pour la première fois. Jerzy Skolimowski sème le trouble en dessinant, parallèlement à la chute sociale d'un homme, son irrésistible accession vers la grâce. Une scène expose puissamment ce décalage et cette impossible concordance des temps : s'introduisant sur les lieux déserts d'une fête d'anniversaire terminée, Leon met de la musique et déguste les restes, comme s'il ne pouvait vivre que dans l'après, en marge du monde et à l'abri des regards.Avec son personnage principal quasiment muet, son rythme enlevé qui fait des détours par le tribunal et la prison et son recours tragi-comique à la magie noire, Quatre nuits avec Anna revient aux éclatantes origines d'un art pantomimique, facon judicieuse pour Jerry Skolimowsky de réinvestir la noirceur du monde, aprés 17 ans de silence. Quatre nuits avec AnnaDe Jerzy SkolimowskiAvec Artur Steranko, Kinga PreisSortie en salles le 3 novembre 2008 Illus. © Les Films du Losange - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils festival de cannes, sélection officielle, réalisateur sur le blog cinéma
Le JDDpar Alexis CampionCe nouvel opus [de Jerzy Skolimowski] prouve qu'il n'a rien perdu de son savoir-faire. Il signe un film d'auteur d'une très grande tenue, libre et retors, âpre à regarder, serti de touches surréalistes et de fêlures burlesques.