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Isabelle (Juliette Binoche), une peintre, virevolte entre les hommes sans savoir lequel est le bon. Un banquier dégueulasse, un acteur alcoolique et indécis, son ex, un voisin lunaire croisé à la poissonnerie ? Elle ne sait pas, nous non plus, mais elle ne pense qu'à ça, ça la ronge de finir seule, de penser que "sa vie amoureuse est derrière elle" (même si elle est courtisée, et elle courtise, cela en permanence). Le problème de ce personnage de femme est qu'elle ne pense qu'à travers les hommes. Elle ne se pense qu'à travers eux, et angoisse de facto -un problème qui est au cœur du film, donc, mais qui n'est pas pensé et traduit en termes de cinéma. Ce qui est le principal souci d'Un beau soleil intérieur, qui risque à chaque instant de verser dans la caricature du film d'auteur français (problèmes de cul en appartement CSP+++ featuring toute l'Académie des César).
Le précédent film de Claire Denis, le très beau Les Salauds, interrogeait justement ce genre de film en tranchant dans la chair des affres existentielles des bourgeois, autopsie balzacienne mais qui n'oubliait pas de faire du cinoche avec son ambiance sombre et sanglante, pesante comme le drame. Un beau soleil intérieur, malgré son joli titre, malgré ses personnages archétypaux voulant dire des choses sur la société, l’art, l’amour, Paris, ne se pense pas dans la continuité des Salauds (même si le banquier joué par Xavier Beauvois est justement qualifié de "vrai salaud" par Isabelle), reste toujours trop près d'un dialogue extrêmement hésitant et répétitif. Non pas en forme d'impasse mais de rond-point : on tourne en rond, sans qu'Isabelle ne progresse. Même l'apparition de Depardieu à la fin du film en médium -justement solaire et puissant- ne résout rien puisque lui aussi se révèle aussi faible que les autres. On se dit à un moment que cela ressemble à du Christine Angot dans le texte ; on n'est donc pas surpris de voir le nom de l'auteur au scénario.
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Un beau soleil intérieur
Première
(1 critique)